Chapitre 14.2 : Samedi Soir

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— Vous avez fini ?

Glaciale, Patricia se rua vers la porte sans adresser un regard à Chloé. Elle prit un air indigné lorsque celle-ci lui barra la route d'un bras tendu.

— Éric a besoin de repos. Il faut qu'il dorme.

— Ah oui ? menaça la rousse.

— Oui. Il me l'a dit lui-même, il veut rester seul pour se reposer.

— Ah oui !

Chloé jeta à Boris un regard désespéré, recherchant un peu d'aide, mais le colosse haussa les épaules en signe d'impuissance. De toute évidence, la coéquipière d'Éric le mettait très mal à l'aise.

— J'ai encore le droit de voir Éric quand cela me...

— Qu'est-ce que je vous ai dit ? dit une voix inconnue.

Tous se retournèrent. Une femme en blouse blanche approchait, son nom sur une petite étiquette au niveau de sa poitrine : docteur Amraoui.

— Il vient à peine de sortir du coma. C'est assez miraculeux comme ça sans que vous ayez à le perturber, mademoiselle Lemoulin.

Laquelle devint vite rouge sous le regard accusateur du médecin, une petite femme aux longs cheveux noués en queue de cheval. Son expression actuelle était avant tout celle d'une femme qui ne veut pas être contrariée. À n'en pas douter, ce n'était pas la première fois que Patricia allait voir Éric sans permission – et avec ordre de ne pas le déranger.

— Il a besoin de se reposer. Et je doute qu'avec vous à ses côtés, il puisse trouver le sommeil ou simplement un peu de paix.

L'embarras céda la place à la colère. Quand elle observait la journaliste, Chloé aurait aussi bien pu voir la fumée sortir de ses oreilles. Ou de son nez.

— Bien. Je n'irai pas le déranger, dans ce cas.

Elle jeta un furtif regard à Chloé et Boris, puis partit sans un mot de plus. Le médecin se mit à rire.

— Quelle impatiente ! dit-elle tout en suivant la journaliste du regard.

Une fois disparue, elle leur tendit la main.

— Docteur Amraoui. C'est moi qui me suis occupée d'Éric. Je ne peux pas m'attarder, mais... je suis contente qu'il se porte mieux.

Après de brèves salutations, Boris et Chloé se retrouvèrent seuls. D'un commun accord, ils montèrent prendre des nouvelles de Jérôme, dont l'état n'avait pas évolué. Son teint pâle et les cernes qui creusaient ses yeux dressaient un terrible portrait ; il semblait que toute vie avait quitté son corps ou s'y préparait. Seul le bip régulier des machines attestait qu'il subsistait une trace de vie en lui. Rien d'autre ne le laissait transparaître.

Elle s'approcha du jeune homme qui se reposait et l'observa avec attention. Si le responsable de tout cela s'avérait être Jérôme, pourquoi était-il dans le coma actuellement ? Il n'avait aucune blessure apparente, et selon ce que Patricia lui avait confié, son état était pire encore que celui d'Éric... Puis elle se rappela leur conversation : il ne semblait pas dans son état normal. Avait-il été la cible d'un mauvais sort ? Probablement...

Donc elle était en partie responsable de son état actuel. Si Éric s'en était remis, elle pouvait peut-être agir pour aider Jérôme... Son geste, la veille, lui avait paru si naturel qu'elle n'avait pas réalisé qu'elle maniait ses pouvoirs. Maintenant qu'elle voulait les utiliser sciemment, elle ignorait comment s'y prendre. Et avec Boris à ses côtés, sa tâche s'avérait plus compliquée encore.

Le Démon (L'Hybride, livre 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant