Chapitre 4.2 : le Contrat

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Elle referma la porte du bureau et Georges, après une dernière signature, releva le nez des papiers éparpillés sur son bureau.

— Tu as l'air... résolue. Qu'est-ce qui se passe, ma petite Chloé ?

— Je... j'ai décidé qu'il était temps de retrouver mon passé. Qui j'étais.

Interloqué, Georges prit quelques secondes avant de répondre.

— Comme ça ?

Elle acquiesça.

— Tu es sûre ?

— Oui.

— Je croyais que tu ne voulais pas...

— J'ai changé d'avis.

— Ça a un rapport avec ton malaise ?

— En partie.

Après un froncement de sourcils, il reposa son stylo et écarta les feuilles d'un geste négligent.

— Viens t'asseoir.

Chloé s'installa sur la chaise qui lui faisait face, à la fois impatiente et anxieuse. Les circonstances de leur rencontre auraient rendu n'importe qui paranoïaque. L'interroger aujourd'hui revenait à donner un coup de pied dans une fourmilière qu'elle avait toujours évitée jusque-là. Elle craignait ce qui en sortirait, mais ne pouvait plus rester dans l'incertitude.

— Ce n'est peut-être pas très prudent. Je veux dire, regarde où ça t'a menée...

Elle prit une profonde inspiration et laissa son regard vagabonder sur la pièce.

— J'ai toujours un mauvais pressentiment.

— On n'arrive pas dans une ruelle à moitié morte et couverte de sang par hasard, commenta Georges.

Il la dévisagea, puis demanda :

— Qu'est-ce qui est devenu plus important que tes réticences ?

Nicolas.

Elle devait retrouver cet homme, apprendre ce qu'ils avaient partagé, ce qu'il était devenu depuis sa disparition. Il représentait sa seule piste. Et bien qu'elle refusât de l'admettre, elle mourait d'envie de le revoir. Elle voulait éprouver cela encore, se sentir comme dans son rêve.

Toutefois, au-delà de ces désirs, il pouvait l'aider à retrouver sa famille, à reconstituer le puzzle de sa vie dont il était la première pièce. S'ils avaient été aussi proches que sa vision le laissait présager, Nicolas saurait répondre à ces questions.

— Je commence à retrouver quelques souvenirs, avoua-t-elle. Et puis... et puis j'ai besoin de savoir ce qui m'est arrivé.

Il se laissa aller dans son fauteuil et soupira.

— Je ne t'aiderai pas beaucoup, tu sais. Je t'ai juste trouvée dans la ruelle. Je ne te connaissais pas avant.

— Je sais. Mais si tu as le moindre souvenir de ce jour...

Ses mains fortes empoignèrent les accoudoirs.

— Je me rappelle surtout cette foutue course qu'Aimé m'avait demandé de faire, murmura-t-il.

Il dévisagea son employée et fronça les sourcils.

— J'ai l'impression qu'il voulait m'envoyer vers toi. Comme s'il avait su. Comme si...

— Qui était-ce ?

— Aimé ? Un client du bar. Un bon client, et un ami. On ne se fréquentait pas beaucoup, il avait ce genre de personnalité un peu lointaine, mais chaleureuse pourtant... un peu comme toi, avec les inconnus. On discutait de plein de choses, c'était un homme cultivé, pas un soulot. Je n'en voyais pas beaucoup, des comme lui. Je n'en vois toujours pas, d'ailleurs...

Le Démon (L'Hybride, livre 1)Where stories live. Discover now