Chapitre 17.3 : Réception

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— Invité d'honneur ! s'exclama Andrew. J'aurais dû m'en douter.

Son attention détournée par le départ de Marc, Chloé n'avait pas remarqué son petit manège.

— Bonsoir à tous, raisonna la voix du milliardaire dans le micro.

Chloé dévisagea son voisin.

— P... pardon ?

— Marc est un timide. Il n'aime pas faire parler de lui et répond rarement à ce genre d'invitations. Je me demandais pourquoi il avait accepté celle-ci...

Il afficha un sourire narquois et indiqua la scène d'une main.

— J'ignorais qu'il devrait lui aussi nous embarrasser de l'un de ses discours pompeux.

Après un soupir grandiloquent, il colla son épaule à la sienne et se pencha sensiblement vers elle.

— Vous ne paraissez pas plus emballée que moi à l'idée de...

— Excusez-moi, Monsieur Sander, coupa-t-elle, mais au risque de paraître impolie, pourrais-je savoir ce que vous me voulez ?

Absolument tous ceux qui l'entendirent – soit une bonne dizaine d'invités autour d'eux – ne masquèrent leur étonnement. Le principal intéressé eut lui aussi du mal à répliquer et finit par rire doucement. Un amusement que ses yeux perçants démentaient.

— Piquante, constata-t-il. Il a toujours eu bon goût, c'est vrai. Presque toujours.

— Combien de temps vais-je encore devoir subir vos remarques ?

Il sourcilla, d'évidence désarmé face à sa franchise.

— Que me voulez-vous ? enchaîna-t-elle.

— J'envisageais simplement de faire connaissance, pas du tout de vous importuner. Ne me dites pas que vous écoutez ce discours pompeux...

— Pour l'instant, je reconnais que c'est assez difficile.

Sans qu'elle comprît pourquoi, cet homme lui hérissait le poil. Peu importaient ses paroles, elle ne ressentait aucune honnêteté en lui. Et le regard lubrique qu'il attardait parfois sur son décolleté achevait de l'irriter.

— Je dois me rafraîchir, déclara Chloé.

Sans un regard, elle s'éloigna de lui à grandes enjambées.

À sa sortie des toilettes, l'importun était encore là. Elle ignorait ce qu'il attendait d'elle exactement, mais il paraissait déterminé à l'obtenir.

— Vous suis-je si désagréable ? demanda-t-il.

— Pourquoi me suivez-vous ?

Son attitude arrogante lui mettait les nerfs en pelote. Au-delà des mises en garde de Marc, Chloé ne l'appréciait pas, et bien qu'elle fût de taille à se défendre face à lui, ses mains tremblaient et son cœur palpitait. Il se comportait comme un prédateur.

— Je voulais tirer les choses au clair, expliqua-t-il d'un ton badin. J'ai le sentiment que Marc a fait son possible pour que vous vous méfiiez de moi.

— Marc ne décide pas de qui je dois apprécier ou non.

— J'espérais simplement engager la conversation sur...

— S'il vous plaît, laissez-moi passer.

— Je vous en prie, Marc n'a même pas encore fini son discours ! Nous avons le temps de discuter un peu.

Il passa la main sur son front.

— Mon cousin en fait toujours des tonnes pour épater la galerie.

Le Démon (L'Hybride, livre 1)Where stories live. Discover now