Chapitre 11.2 : Enquêtes Parallèles

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Le bureau retentissait des nombreuses sonneries de téléphone, des allées et venues des rédacteurs, enquêteurs, secrétaires de rédaction ou photographes qui tournaient dans le vaste espace comme dans une ruche. Quelques pigistes couraient çà et là, des papiers dans la main, un crayon sur l'oreille, entre les dents ou coincé entre l'index et le majeur. On criait de tous côtés, certains au téléphone, d'autres de vive voix, la cohue était incessante, le monde sans cesse en action. Le téléphone d'Éric ne voulait cesser de sonner. Il aurait pourtant voulu se concentrer un peu plus sur son article. De colère, il tira sur la prise, l'empêchant définitivement de sonner, au risque d'encourir les colères du rédacteur en chef qui tentait de le joindre depuis un bon quart d'heure. Il n'avait pas que cela à faire, et le retarder sur son travail pour lui mettre la pression ne contribuait en rien à ce qu'il le rendît plus vite.

— Bingo !

Éric releva le nez et aperçut Patricia, assise au bureau d'en face, le nez sur son écran et la mine réjouie de qui a trouvé des éléments intéressants.

— Quoi ?

Elle lui lança un regard empreint de fierté et fourra le crayon de papier qu'elle mâchonnait depuis deux longues heures dans le chignon qui retombait en mèches folles sur sa nuque.

— J'ai retrouvé le premier... concert de ton amie.

— C'est vrai ?

— Oui. Et devine quoi...

— Dis ?

Il se leva et la rejoignit.

— Le mois qui a précédé cette arrivée sur scène a été plutôt calme au niveau des rixes dans les bas quartiers. Mais à peine plus d'un mois avant... c'était la guerre dans le quartier du P'tit Clarme.

— La guerre ? C'est quoi cette photo ?

Sur son écran était affichée une page de journal, datant probablement de cette époque. Il reconnaissait l'ancien logo du Aujourd'hui, qui avait changé depuis quelques mois.

— Eh bien, j'ai approfondi ma recherche. Tu m'as dit qu'elle était blessée quand Georges Simon l'a trouvée, c'est ça ?

— D'après ce qu'elle m'a dit, oui.

— Environ un mois et demi auparavant. Un carnage pur et simple. Regarde.

« ... Les crimes ont été perpétrés de jour. La police dénombre onze morts, tous commis durant le même après-midi. Quatre femmes, six hommes et une fillette à peine âgée de sept ans. Les équipes de surveillance de la police ont été renforcées dans le secteur touché. La jeune femme qui serait responsable de ces meurtres est toujours en fuite. Les rares personnes acceptant de témoigner de ce qu'elles ont vu s'accordent toutefois pour dire qu'il s'agissait d'une femme, jeune d'aspect, bien que semblant sous l'emprise de la drogue. La police a ouvert une cellule d'urgence pour retrouver... »

Je me rappelle de ça. Tu penses qu'il s'agissait d'une des victimes ?

La moue que lui adressa sa collègue l'aiguilla sur le véritable fond de sa pensée.

— Tu crois qu'elle est responsable du carnage !

— Je n'ai rien dit, répondit-elle dans un haussement d'épaules. Je dis juste qu'une sorte de femme-tueuse en série s'est dévoilée peu de temps avant que ta chère petite Chloé soit apparue dans cette ruelle...

— C'est impossible !

— Les pires assassins sont ceux qu'on ne soupçonnerait pas de l'être.

— Pat, je t'en prie... Ça ne veut absolument rien dire.

— Mon contact à la police a accepté de m'en dire un peu plus sur leurs conclusions concernant cette affaire.

Le Démon (L'Hybride, livre 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant