Chapitre 7.2 : Deux Cafés

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Son ton péremptoire persuada Chloé de le suivre. Il la guida dans une salle annexe, à côté de laquelle le P'tit Clarme avait tout l'air d'une vieille gargote : un long bar en marbre, brillant, dévoilait des rangées de bouteilles parfaitement alignées. Les tables au design contemporain et la décoration épurée annonçaient la couleur. Elle ne se trouvait pas n'importe où.

Un homme, plutôt jeune, apparut derrière le comptoir du bar.

— Monsieur Ridge ? l'apostropha-t-il. Je vous croyais parti... Qu'est-ce que je vous sers ?

Le milliardaire se pencha sur Chloé.

— Café ? Vous semblez en avoir besoin.

Surprise, elle le dévisagea et après une brève réflexion, accepta. Elle ignorait dans quoi elle s'embarquait, mais espérait que cette entrevue lui permît d'extraire de sa tête toutes les questions qui y foisonnaient, ne fût-ce qu'une heure. De plus, il lui offrait une belle occasion d'assouvir sa curiosité...

— Deux cafés, commanda-t-il.

Un employé arriva avec trois épaisses serviettes, qu'il tendit à Chloé. Elle le remercia d'un sourire gêné et en plaça d'abord une sur la banquette en guise de coussin afin de ne pas l'abîmer. Elle ôta son blouson et cala l'autre sur ses épaules avant d'éponger rapidement ses courts cheveux avec la dernière.

— Je me demande bien comment vous avez pu vous perdre par ici. Par ce temps, qui plus est...

— Comme ça, répondit-elle dans un haussement d'épaules.

Sans doute réalisa-t-il qu'elle ne comptait pas lui déballer ses malheurs contre un simple sourire. Le serveur, qui vint leur déposer les deux cafés, fut témoin du silence qui s'obstinait entre eux.

Elle contempla le liquide noir encore fumant. L'odeur lui rappelait le bar. Georges.

Quand tu ne sais plus où tu en es, tu t'arrêtes, tu te poses, et tu prends un café. Mais prends le temps de le boire, hein ? Le but c'est pas de l'ingurgiter... non. Tu le sens. Tu le goûtes. Tu le savoures. Après, tu verras, tout ira mieux.

Elle soupira. Plus jamais elle n'entendrait ce genre de phrases. Plus de lui.

Le milliardaire la contemplait, soucieux. S'inquiétait-il vraiment de son sort ? Quand elle nota l'attention qu'il lui accordait, il s'attarda sur son café, en but une gorgée et reposa sa tasse dans un cliquetis à peine audible.

— J'étais surpris de ne pas vous trouver au restaurant, hier, dit-il.

— Hier ?

Chloé se rappelait parfaitement avoir été travailler. Comment aurait-elle pu passer à côté de lui sans le voir ? Et quand bien même elle l'aurait manqué, Christine lui aurait signalé sa présence sans faillir !

— Sylvia m'a dit que vous n'aviez pas donné signe de vie depuis une semaine.

Elle manqua de s'étrangler.

— Elle était très remontée contre...

— Pardon ? Une semaine ?

Surpris, il haussa les sourcils.

— C'est ce qu'elle m'a dit. Un problème ?

Le cœur de Chloé s'emballa. Combien de temps s'était-il écoulé depuis sa disparition ?

— Quel jour sommes-nous ?

— Le six avril...

Atterrée d'apprendre qu'elle avait disparu depuis une semaine, Chloé ne trouva rien à répondre. Comment, pourquoi ? Théosys n'avait même pas jugé utile de l'en informer ? Comment expliquerait-elle cette escapade ? Pour sûr, sa place au restaurant était définitivement compromise...

Le Démon (L'Hybride, livre 1)Where stories live. Discover now