Chapitre 9.4 : Nouveaux Débuts

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Il l'amena jusqu'à une platine vinyle qu'elle n'avait d'abord pas remarquée. D'époque, elle comportait son reconnaissable caisson en bois et son couvercle de protection ; une relique d'au moins vingt ans pourtant en parfait état. À côté, un range-disque leur proposait de nombreux morceaux, dont quelques albums d'Ella Fitzgerald, Louis Armstrong ou Tony Bennett. Marc Ridge ne lui avait pas menti : au vu de ce répertoire, il avait un faible indéniable pour ce genre musical.

Devant ces trésors, Chloé pensa à son patron. Georges aurait payé cher pour pouvoir écouter ces disques originaux. En d'autres circonstances, qui sait... peut-être auraient-ils pu s'entendre, tous les deux ?

Elle chassa cette idée d'un battement de cils.

Il est trop tard, désormais.

— Une préférence ?

Chloé tira l'album d'Ella du lot. Georges appréciait beaucoup sa voix et elle partageait son opinion.

— Celui-ci, dit-elle en le désignant d'un doigt. Je ne le connais pas.

— Va pour Take Love Easy. Un de mes préférés.

Il sortit le disque de sa pochette et le posa avec délicatesse sur la platine, puis posa avec délicatesse la tête de lecture. Tout en observant le disque tourner sur lui-même, Chloé trouvait à ces machines un charme qu'elle n'avait jamais retrouvé par la suite.

— Ce tourne-disque m'a suivi presque toute ma vie, déclara-t-il.

Les hauts parleurs diffusèrent les premières notes de Take Love Easy. Chloé tendit l'oreille, certaine de n'avoir jamais entendu cette chanson. Concentrée sur la musique, elle ferma les yeux et apprécia la musique douce et la voix veloutée d'une chanteuse aussi renommée.

Après un couplet, Marc la sortit de sa torpeur.

— Je vais finir par me sentir de trop.

Elle ouvrit aussitôt les yeux et croisa son regard amusé.

— Arrêtez ça ! le gronda-t-elle.

— Quoi donc ?

— De me mettre mal à l'aise. Je sais que vous le faites exprès.

Il rit doucement, et profita du début de la piste suivante pour attraper sa main et la faire tourner sur elle-même.

— J'essaie simplement de vous détendre un peu. Je n'ai encore mangé personne.

Loin de se laisser glisser avec la grâce d'une danseuse chevronnée, Chloé trébucha et se rattrapa à ses mains. Du moins, le crut-elle sur le coup ; il s'avéra qu'il avait pris soin de corriger son faux pas pour lui une éviter une chute encore plus ridicule.

— M'accordez-vous cette danse ? dit-il sans lâcher ses mains.

— Comme vous avez pu le constater, je ne suis pas une grande danseuse...

Face à lui, elle n'avait pas d'autre choix que de se noyer dans ses yeux.

— Nous ne concourrons pas pour le premier prix.

Il avait réponse à tout !

— Je ne suis pas non plus danseur professionnel, mais je suis assez habile pour ne pas écraser les pieds de ma partenaire. Laissez-vous guider.

Chloé sentit l'une de ses mains se refermer sur la sienne, l'autre se poser dans son dos. Le rouge lui monta aussitôt aux joues. Leurs visages n'étaient plus qu'à quelques centimètres l'un de l'autre, et son regard qui l'envoûtait... elle perdit un instant tout sens des réalités et se laissa bercer autant par la musique que par les bras du millionnaire. C'était... agréable.

Le Démon (L'Hybride, livre 1)Where stories live. Discover now