WITHOUT HER

UN

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   – Phœnix !, m'appela ma mère pour la troisième fois depuis qu'elle était levée.

   Il était six heures du matin, ma mère était sur le pont depuis déjà une heure et elle avait déjà appelé mes frères et sœurs et moi au moins trois fois pour qu'on se lève. Les cours commençaient à 8 heures mais nous habitions à 10 minutes du lycée. Ma mère était une grande maniaque du ménage et du contrôle. Tout le contraire de mon père qui était plutôt cool et désordonné, ce qui avait pour don d'énerver cette dernière. On devait se lever tôt pour être sûr de ne pas arriver en retard, faire nos devoirs en avance au maximum pour ne pas être pris par le temps, savoir ce qu'on allait faire le week-end prochain pour éviter tout imprévu... bref, toute notre vie était calibrée au centimètre près et il ne fallait surtout pas que quelque chose vienne chambouler tout cela. Même s'il arrivait qu'il y ait des exceptions.

   Mais j'avais besoin de dormir parce que hier soir j'avais eu entraînement de boxe et que je m'étais pris une sacrée dérouillée avec mon frère. Ce dernier avait quatre ans de plus que moi – 21 ans – et faisait aussi une tête de plus que moi, bien que mon mètre soixante-dix soit suffisant pour pouvoir le combattre. Malheureusement, mon frère – Alexander –  était en rogne et avait besoin de se défouler. J'étais disponible et il en avait profité. Pourquoi ? Parce que Monsieur s'était fait refouler à un défilé auquel il voulait à tout prix participer. Monsieur le mannequin n'était pas content alors Monsieur le mannequin s'était servi de moi comme d'un punchingball. À présent, j'étais toute courbaturée et je devais me lever sinon...

   – Phœnix, lève-toi ! Maman pète les plombs, là, grogna ma sœur – Elisabeth – en entrant dans ma chambre.

   – Sans blague ?! Mais putain... les cours commencent dans deux heures, elle peut bien me laisser...

   – La marmotte, on ne discute pas les ordres du chef !, m'admonesta-t-elle en se mettant près de mon lit et tirant sur la couverture pour m'obliger à me réveiller.

   J'enfouis mon visage dans mon oreiller et grognai quand le froid frappa mon corps tout endoloris. Eli alla ensuite à ma fenêtre et ouvrit en grand mes rideaux opaque blanc. Elle revint à la charge sur moi et me tira par les jambes jusqu'à ce que je tombe de mon lit. Elle éclata de rire tandis que je lui lançai un regard assassin après m'être relevée en position assise. Ma sœur avait 19 ans mais agissait comme une gamine de 5 ans.

   – Eli, tu vas me le payer. T'as de la chance que le soleil soit pas complètement levé parce que je te jure que....

   – Je te sauve d'une engueulade avec maman. Surtout, ne me remercie pas !

   Et elle sortit, l'air de rien, de ma chambre, chantonnant une nouvelle chanson. Je soupirai et poussai un grognement de frustration quand je me levai et que je sentais chaque muscle de mon corps me faisant souffrir chaque fois que je bougeai. Descendre les escaliers jusque la cuisine ne fut pas une mince affaire. Je devrais pourtant avoir l'habitude d'avoir des courbatures après un entrainement mais ce n'était pas le cas.

   J'arrivais dans la cuisine où étaient déjà installée toute ma famille autour de l'îlot central. Les effluves de bacon, pain grillé, d'œuf brouillé et de crêpes me parvinrent immédiatement et mon estomac me le fit bien ressentir.

   – Phœ ! C'est pas trop tôt, me gronda ma mère tandis qu'elle me remarquait à l'entrée de la cuisine.

   – Bonjour, tout le monde. Sauf la grosse brute qui me sert de frère, dis-je sèchement tandis que je m'installais à ma place habituelle à côté d'Eli.