VINGT-SIX

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♪♪ Girl Crush • Little Big Town  ♪♪

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Seulement trois jours dans le Yorkshire et je n'en pouvais déjà plus ! Mes grands-parents étaient infernaux. Je pensais qu'on s'était déjà assez disputé la dernière fois que l'on s'était vu, mais apparemment ils n'étaient pas de cet avis. J'étais épuisée d'écouter leurs remarques constantes sur ma vie, mes choix. Ils étaient bloqués sur ma sexualité et ne voyaient pas plus loin. C'était franchement puéril et ridicule. J'essayais de ne plus répondre, en espérant qu'ils arrêteraient leur petit manège de me mettre sur les nerfs, mais ça ne fonctionnait pas tellement. Je passais donc la majorité de la journée dans ma chambre, en compagnie de Caroline, Nathan et ma sœur, Elisabeth. Eux non plus ne supportaient plus les pics incessants de nos grands-parents. Je crois qu'ils ne connaissaient pas le respect.

C'était l'heure du dîner mais je n'avais aucune envie d'y aller. Je préférais ne rien manger et rester dans ma chambre ou même carrément sortir de la maison, alors qu'il faisait entre 5 et 0°C dehors. Et encore, cette semaine c'était descendu jusque -3°C quand nous étions arrivés. La neige tombait par averse de temps en temps, j'en profitais donc pour m'éclipser et apprécier le calme du village dans ces temps glaciaux.

Noël était dans deux jours, et nous partions deux jours après. Il nous restait donc encore quatre jours avant de partir de cet enfer. Ma mère n'arrêtait pas de me dire que ça allait passer vite mais je n'en croyais pas un mot. Comment cela pouvait passer vite quand deux personnes vous méprisaient autant qu'ils n'arrêtaient pas de vous critiquer ? Vraiment, j'y croyais peu.

J'arrivai dans le "living-room", comme disait tout le temps ma grand-mère. Je n'avais plus l'habitude que mon entourage utilise le vocabulaire anglophone même quand ils parlaient français. Mes parents avaient perdu l'habitude de le faire, mais mes grands-parents, surtout Gran-pa', mettaient un point d'honneur à parler anglais constamment ! Cela ne me dérangeait pas mais dès que je prononçais un mot français, je me faisais réprimander comme si j'avais cinq ans et que je venais d'insulter la Terre entière. C'était encore plus ridicule.

Je m'installais à ma place habituelle, entre Caro et Eli. Tout le monde était déjà installé et je sentais une petite remarque bien sentie venir de mon grand-père qui me regardait d'un mauvais œil. Je m'excusais rapidement d'avoir mis un peu de temps avant de venir, espérant que cela ferait la différence. Mais je ne me fourvoyais pas, je savais très bien qu'il allait me reprocher mes lacunes en matière de ponctualité. Bon, je devais avouer que je faisais exprès à chaque fois, juste pour l'énerver. Je me réjouissais de le voir en rogne. Il voulait me contrôler, comme il avait contrôlé ses filles et sa femme. Mais il n'y parviendra pas, j'étais un électron libre.

– On se passera de tes excuses, Phœnix. Essaie d'arriver à l'heure au moins une fois dans ta vie. Ça ne devrait pas être si compliqué pour toi, si ?, siffla-t-il dans notre langue natale.

– La ponctualité, c'est pas trop mon fort. Tout comme le respect, pour toi, lâchais-je avec un sourire sardonique.

Caro se retint d'exploser de rire et je sentis Eli me donner un coup de pied sous la table. Je lui lançai un regard d'avertissement, je ne voulais pas me disputer avec elle aussi. Mais je vis qu'elle était en train de sourire, elle aussi.

Gran-pa prit une profonde inspiration pour se calmer et éviter d'exploser, je supposai. J'avais remarqué qu'il restait calme à chaque fois. Au moins, ça ne criait pas dans tous les coins et recoins de cette maison.

– Phœnix. Ton insolence dépasse les limites, jeune fille. Je serais toi, je quitterai cette table. J'aurai honte à ta place.

– Je serais ravie de partir, mais je suis venue avec mes parents... et j'ai faim. Ensuite, (je lui fis un sourire radieux.) je suis très fière de ce que je suis et de ce que je fais. Je crois qu'il serait mieux d'arrêter de parler pour ne rien dire et commencer à manger. Ne soyons pas égoïstes, voyons. Ce serait contre tes convictions.

WITHOUT HEROù les histoires vivent. Découvrez maintenant