Prologue

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0- Tous unis dans la mort

Son front était appuyé contre la vitre d'une petite fenêtre qui parvenait difficilement à faire entrer un peu de lumière dans la pièce, et son regard plein de larmes était perdu au loin et ignorait la buée qui se formait sur la vitre, de plus en plus opaque.
Dehors le temps était gris et froid, un orage de fin de printemps inondait et lavait tant bien que mal les rues crasseuses de Londres.
Dehors, des gens inconnus courraient dans tous les sens pour se mettre au plus vite à l'abri de cette pluie soudaine, mais elle ne les voyait pas. Ses yeux étaient ouverts et pourtant, tout ce qu'ils voyaient, c'était des souvenirs qui passaient en boucle dans sa tête, des gens chutant, tombant, mourant sous l'assaut d'éclairs multicolores. Des amis à l'agonie. La souffrance des siens.

Hermione était assise dans une petite pièce sombre, à l'apparence miteuse. Un lit pour une seule personne, calé au fond de la pièce dans un coin, prenait un tiers de l'espace.
A l'opposé, une cabine de douche séparait les toilettes d'un évier qui servait à la fois pour la toilette et pour la cuisine qui, elle-même, n'était composée que d'un meuble de rangement, et de deux plaques chauffantes posées sur un tout petit frigo.
Une petite table à peine assez grande pour une personne servait de table de nuit, mais l'assiette sale qui traînait négligemment dessus montrait qu'elle ne servait pas qu'à cela.
Les murs avaient depuis longtemps perdu leur blancheur au profit d'une couleur gris-jaune déprimante. Aucune affiche ne venait égayer l'espace. La seule chose rompant la monotonie des parois de l'appartement était un petit miroir tâché par les ans.
La brunette occupait la seule chaise de la pièce.

Ainsi donc c'est comme ça que tout se finissait? La lumière chutait laissant place à une ombre grandissante?
Tous les gens qu'elle avait connus : morts.
Et elle vivante : le dernier souvenir d'une époque révolue.

Hermione ferma les yeux un long moment et glissa une main le long de son visage comme pour effacer tous les soucis. Elle se leva en un long soupir.
De vieux habits, un pull marron-gris et un pantalon de sport gris trop grands pour elle, pendaient lamentablement sur ses épaules et ses hanches. Ses cheveux avaient du être relevés en chignon mais celui-ci s'était défait à moitié et ils pendaient bizarrement dans son dos, à moitié entortillés, tout en broussaille. Ses yeux autrefois bruns et pétillants n'avaient plus l'éclat des beaux jours et ternissaient encore plus son visage pâle ravagé par la douleur et la fatigue.

Le sommier à ressorts grinçât sinistrement tandis qu'un petit nuage de poussière s'élevait du vieux matelas défoncé alors qu'elle s'allongeait dessus. En guise de couverture, elle n'avait qu'un vieux pardessus troué qui avait connu des jours meilleurs... Elle s'y enroula lentement comme si chacun de ses gestes lui coûtait toutes les maigres forces qu'il lui restait.
Hermione aussi avait connu des jours meilleurs...

La sombre bataille déchirant le monde sorcier avait fini quelques semaines plus tôt emportant avec elle un nombre de vies incalculable. Hermione avait survécut et elle devait être l'une des rares du côté de la lumière à respirer encore. Elle avait vu nombre de ses amis et de ses camarades tomber au combat.
Beaucoup avaient tenu à se battre, confiant en la victoire et le rétablissement de la paix au sein des mondes sorcier et moldu.
Ils s'étaient trompés, ils s'étaient tous trompés.

Le ministère avait dépêché sur les lieux du combat tous ses aurors du meilleur au plus jeune diplômé pour tenter de faire pencher la balance en faveur du bien. Mais la plupart d'entre eux, malgré leur entraînement, avaient d'ors et déjà été corrompus ou ensorcelés à l'Imperium... Ce qui limita grandement leur aide.
Et, bien que les professeurs et l'ordre du Phénix se soient battus avec acharnement, cela n'avait pas suffit. Les élèves de Poudlard, aussi doués soient-ils, n'étaient pas préparés à l'horreur d'un champ de bataille.

Les mangemorts, se voyant en surnombre dès le commencement de la bataille, n'avaient pas cherché à tuer tout de suite leurs victimes ainsi bon nombre d'étudiants avait vu certains des leurs avec des blessures atrocement douloureuses et qui les condamnaient à une mort lente, par moment un membre volait dans les airs provoquant des vagues de paniques chez les plus jeunes lorsque sur ou à côté d'eux tombait une main, un bras, ou autre, encore dégoulinant de sang chaud.
Et les brûlures causées par certains sorts avaient fait planer dès le début, sur le champ de bataille, l'odeur lourde de la chaire carbonisée. Celle du sang frais s'y était mêlée peu à peu.
Les détraqueurs n'avaient fait qu'accentuer la peur grandissante dans le cœur des combattants du bien face à tant d'horreur.

Beaucoup s'étaient demandé à ce moment si un espoir était encore possible...
Personne n'était préparé à ça et pourtant presque tous se battirent avec acharnement. Peu restèrent incapable de réagir.
Mais aussi vaillant qu'ils furent, les plus jeunes n'étaient pas de taille. Lorsqu'un mangemort attaquait avec un Avada ou un Doloris, les élèves répondaient par des Stupéfix et des Rictusempra : des sorts peu dangereux et facile à contrer.
Seuls les aurors, les membres de l'ordre et quelques élèves suffisamment haineux et doués se servaient des sorts les plus dangereux voir même des sorts interdits. Et encore, les membres de l'ordre se répugnait à utiliser les sorts impardonnable ce qui fit qu'il arriva souvent qu'un mangemort assommé en début de combat finisse par se relever lors de la mort de son agresseur.

Hermione avait fait parti de ceux utilisant le sort de mort, elle n'avait pas prévu cela, elle ne s'en croyait pas capable. Mais quand le combat avait commencé et qu'elle avait vu avec quelle jubilation la plupart des serviteurs de Voldemort torturaient ses alliés, elle avait été envahit d'une colère et d'une haine sans nom qu'elle avait décidé de ne pas taire pour une fois. Et elle s'était battue avec sauvagerie pour tenter de sauver ce qui lui restait en ce monde, des amis, une famille, un avenir...
Peu de sorts l'avaiente atteint ce jour là et aucun de fatal, elle en était ressortit avec quelques blessures déjà cicatrisées.

Hélas de tout ce pour quoi elle s'était battue, il ne restait que des lambeaux de souvenirs. Le mal avait triomphé ce jour là, et la lumière chu.
Harry, dernier espoir du monde sorcier, malgré tout l'amour qu'il portait en lui et sa volonté d'en finir avec le mage noir, n'avait pas su vaincre son ennemi. Il n'était pas prêt, pas assez entraîné, pas assez convaincu que la mort était vraiment le dernier recours.
La jeune brune avait regardé son ami combattre sur le champ de bataille. Il s'était bien battu, bravement, et il n'avait jamais hésité à jeter un sort et pourtant, jamais aucune fois le sort de mort n'avait franchi ses lèvres. Il avait peut-être brisé la nuque d'un ou deux de ses ennemis par un sort de désarmement trop puissant, mais en aucun cas il n'avait tué de façon volontaire.

Comment aurait-il pu vaincre Voldemort, si tout l'amour qu'il portait à la vie, à ses amis et à son avenir ne lui permettait pas de tuer en son nom?
Hermione ne regrettait aucune des personnes qu'elle avait éliminées en jetant le sort de mort. Certains croyaient suffisamment en leur maître et en ses idéaux pour tuer en son nom. Elle croyait suffisamment en la vie pour tuer pour elle.
Elle n'en retirait aucune fierté, aucune gloire, ni aucun plaisir, mais elle ne regrettait pas son geste.

L'avantage avait toujours était en faveur des mangemorts, durant la bataille, et il l'était resté jusqu'à la fin, jusqu'à ce qu'Harry meure, jusqu'à ce que les derniers survivants soient faits prisonniers...
Hermione, et ceux qui avaient été faits prisonniers avec elle, réussirent à s'échapper grâce au sacrifice de Mondigus Fletcher qui, pour une fois, n'avait pas agit dans son propre intérêt mais dans celui des autres.
Il avait créé une diversion qui avait été suffisamment efficace pour permettre à Hermione et une grande partie des autres de s'enfuir, chacun de leur côté, chacun pour soi.

La brunette ne se sentait pas lâche d'avoir fuit. Elle ne voyait aucune gloire à rester se faire emprisonner, torturer, violer, et probablement tuer ou à être réduite en esclavage juste parce que fuir c'est « lâche ».
Il lui en avait fallu du courage pour transplaner, pour masquer ses traces, pour fuir le champ de bataille en laissant les cadavres de ses amis aux soins des corbeaux et autres charognards qui commençaient déjà à ce poser sur les corps refroidis des ennemis et alliés de la lumière...

Tous unis dans la mort.

Un voyage dont on ne revient pasDonde viven las historias. Descúbrelo ahora