Un voyage dont on ne revient pas

Chapitre 37

37 - Les Plans de Tom Jedusor

Le parc était silencieux, l'hiver avait fait fuir les oiseaux vers des contrées plus accueillantes et les rares restants semblaient s'être concertés pour ne pas briser la quiétude ambiante. Les vacances et le froid avaient fait fuir les étudiants et pas un souffle ne venait agiter les branchages. Le soleil pourtant tiède sur la peau ne parvenait pas à réchauffer l'air glacé.

Chaudement pelotonnée dans une cape fourrée, un lourd bonnet en laine, des gants bien chaud et une écharpe encore bien longue malgré les quatre tours qu'elle avait déjà fait autour de son cou, elle se perdait dans le paysage paisible s'offrant à son regard. Une couche de glace commençait à se former sur les rives du lac, s'agrandissant chaque jour vers son cœur pour l'enfermer tandis que la neige recouvrait tout le reste. La lumière rouge et dorée de cette fin d'après-midi conférait une allure idyllique aux plaines entourant l'école et donnait aux arbres immenses et sombres de la forêt interdite des airs bien trompeurs de bois enchantés...

Elle s'était réveillée quelques temps auparavant dans la salle sur demande, toute engourdie de sa sieste improvisée, elle avait métamorphosé ses habits, n'ayant pas le courage de repasser par la salle commune et de risquer d'y croiser Tom ou Druella et elle profitait des derniers rayons du soleil pour admirer le parc de l'école...

OoOo

Le silence dans le couloir et dans sa tête lui parut bien plus assourdissant que n'importe quel son. Que faisait-il là exactement, debout dans ce couloir à essayer de retrouver son souffle ? La puissance dégagé par l'affection d'Eliane méritait-elle vraiment un comportement si emporté ?

Il observa ses mains, si pâles, longues et fines. Il serra les poings un bref instant avant les relâcher, il observa ses muscles se tendre et se détendre au fil des mouvements, ses veines saillir, sa peau se tirer et se plisser... Il se rappelait les étincelles de magie grésillant avec de plus en plus d'intensité, ce crépitement de magie brute au bout de ses doigts croissant plus il s'approchait d'elle. Comment du jour au lendemain, une simple émotion avait pu provoquer un tel phénomène en lui ? Quelle puissance recélait ces sentiments qu'il ne comprenait pas... Il observa le mur une dernière fois, l'alternance parfaite des pierres ne laissant aucunement deviner l'existence possible d'une porte à cet endroit. Il se demanda comment une jeune fille fraîchement arrivée à Poudlard pouvait connaître des passages secrets lui étant inconnus. Pas qu'il pense les avoir tous trouvé, mais il en avait découvert un certain nombre en cherchant la Chambre des Secrets. Et pour l'avoir souvent suivie, elle n'avait jamais eu l'air de chercher des lieux secrets.

Mais finalement le plus étrange dans tout ça était le silence du lien. Il le sentait toujours présent en lui, ancré quelque part dans sa tête, mais muet. Et c'était une expérience vraiment particulière que de se retrouver à nouveau seul en lui, cela ne lui étant pas arrivé depuis près de quatre mois. Et cette paix retrouvée lui permit de réfléchir pour de bon, chaque fois qu'il avait voulu se plonger dans ses divers projets, Eliane avait été là pour le parasiter. Mais pour l'instant, avec le lien réduit au silence, il pu enfin élaborer ses plans tranquillement...

De vieilles idées que le sortilège d'oubli avait atténuées revenaient, des histoires d'un temps désormais révolu se superposaient avec les évènements réels de cette dimension temporelle. Et cela embrouillait ses pensées, ses souvenirs, ses idées et le faisait bénir une fois de plus de silence dans sa tête parce que devoir supporter les états d'âmes d'Eliane en plus de cet imbroglio de pensée aurait tout simplement été impossible.

En l'espace de quelques heures beaucoup de choses s'étaient produites, le retour de ses souvenirs, le Basilic et la puissance des sentiments d'Eliane. Tout ça demandait réflexion et organisation. Il ne doutait pas que lorsqu'Eliane reviendrait de là où elle était, le lien ferait de même. Il fallait donc qu'il en profite et revoit ses plans en fonctions des nouvelles données dont il disposait depuis peu.