Chapitre 21

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Le lendemain, Tara s'était prêtée volontaire pour aider Anaya à plier le linge. Malgré ses réprimandes, Tara refusa de ne pas participer à quelques tâches ménagères. C'était pour elle une façon de les remercier pour leur hospitalité. Le roi était parti très tôt, laissant ses hommes dans la craintes, laissant Anaya nerveuse à l'idée qu'il revienne plus haineux que jamais.

- Vous semblez soucieuse Anaya.

Anaya lui décrocha un sourire qui laissait entendre qu'elle avait raison.

- Sa majesté est partie très tôt ce matin, lui confia-t-elle sans se douter qu'elle était déjà au courant ; Je crains fort qu'il soit parti voir Amalia. Aziz n'a pas trouvé le courage de lui avouer la vérité. Je me prépare à un retour catastrophique.

- Vous pensez qu'elle ne lui dira pas pour sa tromperie ?

Anaya manqua de s'étrangler.

- Elle ne lui dira rien ! Je la connais suffisamment pour être sûre d'une chose...Amalia est une menteuse.

- Alors qu'est-ce qui vous ennuie à ce point ? Demanda Tara en lissant les plis du draps en soie.

- De mentir voyons ! S'exclama Anaya en plantant son regard dans le sien ; Je le connais depuis qu'il est tout petit, c'est difficile pour moi de le regarder dans les yeux sans pouvoir lui avouer ce que je sais. Mohammed ne pourra jamais passer à autre chose s'il ne connaît pas toute l'histoire.

Elle marqua une pause pour plier nerveusement les serviettes de toilette.

- Sauf que je sais qu'il nous en voudra pour nos mensonges, ajouta-t-elle précipitamment ; Il nous pardonnera jamais.

Tara baissa un instant la tête. Il était temps d'avouer à Anaya ce qu'elle a fait plus tôt dans la matinée.

" À l'aube lorsque le roi était parti...Tara l'avait rattrapé dans le couloir et se souvenait encore de son regard intense posé sur elle.

Surpris, il l'avait rejoins en trois enjambées.

Vêtue d'une chemise de nuit blanche, le foulard de son arrière grand-père autour de ses épaules, Mohammed avait crû devenir complètement fou en la voyant apparaître dans ce couloir silencieux. Sa gorge s'était subitement noué. Ses muscles s'étaient tendus violemment devant cette vision délicieuse et irréelle. On aurait dit une nymphe sortie des eaux troubles, cachant sa beauté des marins, capable d'hypnotiser n'importe qui d'un simple regard.

- Tara, s'exclama-t-il en réprimant le désir de dégager ses cheveux de son visage ; Que faites-vous réveillée si tôt ?

- Je venue vous apporter ceci.

Elle lui tendit une enveloppe qu'il prit en fronçant des sourcils.

- J'ai passé la nuit à l'écrire, expliqua-t-elle les yeux brillant d'anxiété ; Promettez-moi de l'ouvrir une fois dans l'avion.

Perplexe, Mohammed la glissa dans la poche intérieure dans sa veste. Qu'avait-elle à lui dire qui nécessité une telle promesse ?

Les premières lueurs du soleil baignaient sur ses cheveux, sur sa peau laiteuse. Aiguillonné par un furieux sentiment de jalousie qu'il n'avait jamais connu jusqu'ici, il planta son regard dans le sien et déclara ;

- Je vous le promet Tara, retournez dormir un peu à présent.

Il n'avait pas la moindre envie de la voir déambuler dans le couloir ainsi vêtue. Il voulait s'imprégner de cette vision et qu'il soit le seul à l'avoir vue.

- Votre altesse, murmura-t-elle d'une toute petite voix.

Timidement, elle s'inclina respectueusement et pivota les talons. Mohammed marqua un temps d'arrêt dans lequel son souffle se coupa bruyamment. Sa chevelure d'ébène tombait en cascade contre son postérieur qu'il eut dû mal à ne pas contempler. Il ferma les yeux brièvement pour se ressaisir et attendit patiemment qu'elle disparaisse. Tara ferma les yeux pour imprimer la promesse silencieuse du roi et pénétra dans la chambre. Sa respiration était haletante. Car elle redoutait qu'il lise sa lettre avant de partir "

- Tara ? Mon enfant ?

Elle s'arracha à ce récent souvenir pour revenir à l'instant présent.

- Est-ce que tout va bien Tara vous m'avez très pâle ?

Tara inspira profondément et se lança ;

- J'ai écrit une lettre au roi dans laquelle je lui explique ce que vous m'avez raconté au sujet de sa femme.

Anaya cilla mais demeura silencieuse. Tara en profita alors pour poursuivre.

- Je lui demande de se montrer clément envers vous faute quoi je refuserais l'aide qu'il m'a offert hier et que sa récente promesse sera brisée.

Déroutée, Anaya continuait de la regarder sans un mot. Le silence perdura de longues minutes dans lesquelles cette dernière s'était laissée tomber sur le lit, le visage blême.

- Mais pour quelle raison avez-vous fait ça ? Demanda-t-elle enfin.

- Parce que je savais que vous n'auriez pas eu le courage de le faire, expliqua-t-elle en tourna sa tête vers elle. Et pour une raison que j'ignore, sa majesté veut à tout prix être le « moteur » de ma guérison. En le suppliant d'être magnanime, il n'a d'autre choix que de me montrer qu'il est capable de tenir parole. Sinon pour quelle raison je le laisserai m'aider ?

Le raisonnement de Tara semblait enfin faire écho dans les oreilles de Anaya. Pensivement, elle secoua de la tête de haut en bas, les yeux fixés sur le tapis.

- Il probablement en train de la lire à l'heure qu'il est, poursuivit-elle d'un murmure qui tremblait d'inquiétude ; Il aura probablement le temps d'avaler cette révélation avant de confronter son ex-femme.

Tara haussa des épaules et rajouta ;

- Peut-être même qu'il voudra lui pardonner et que tout s'arrangera.

Anaya partit en fou rire. Un fou rire non seulement inarrêtable mais affreusement gênant.

- Le roi ? Pardonner ? Amalia ? Parvint-elle à dire entre deux éclats de rire ; Avez-vous perdu la tête mon enfant ?

Tara s'efforça de rester impassible. Bien-sûr elle ne connaissait rien de leur histoire et ignorait si sa lettre aurait un impact sur le roi. Mais malgré son inexpérience en terme de relation amoureuse, Tara espérait tout de même que cette situation s'améliore. Mohammed Al Zahar avait peut-être l'allure d'un guerrier il n'en demeurait pas moins un homme avec un cœur, des sentiments.

- Tout est possible dans la vie...enfin c'est ce que je crois, murmura-t-elle pour seule réponse.

- Vous pensez sincèrement qu'il suffira à Mohammed une simple explication pour pardonner cette femme à qui il a tout donné ?

Tara haussa négligemment des épaules et leva son regard sur le tableau incrusté d'or qui ornait sa chambre.

- Je l'ignore, mais rien ne peut nous permettre d'affirmer qu'il ne lui pardonnera pas Anaya.

- Oh que si, rétorqua-t-elle en se levant pour poser les draps sur la belle console en bois couleur palissandre ; Je sais à coup sûr que jamais Mohammed ne trouvera la force de pardonner cette tromperie alors que lui-même n'a jamais été infidèle peu importe la femme qui partageait sa vie avant elle.

Tara se racla la gorge. Elle ne remettait pas les propos de cette femme en doute. Mohammed Al Zahar avait quelque chose dans le regard qui prouvait les dires d'Anaya. A défaut d'être effrayant, c'était un homme droit, elle n'en doutait pas un seul instant. Mais pour l'heure, Tara n'était pas inquiète de savoir s'il allait pardonner son ex-femme ou bien même s'il lui avait été fidèle. Ce qui effrayé Tara c'était la réaction qu'il pourrait avoir à son encontre lorsqu'il reviendrait.

Allait-il la haïr de lui avoir menti ?

Ou la remercier de lui avoir apporté la vérité ?  

La promesse du désertOù les histoires vivent. Découvrez maintenant