Chapitre 69

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Elle se redressa sur le lit, les doigts agrippés sur le manche de sa brosse à cheveux. Sa présence lui manquait et pourtant il se trouvait à quelques mètres d'elle. Machinalement elle se brossa le bout de ses cheveux dans l'attente qu'il revienne. Tara savait au fond d'elle que ce ne sera pas chose aisée de le convaincre.

- Tu es là ? Demanda-t-elle en entendant ses pas se rapprocher.

- Oui mon amour.

Une odeur musquée envahit ses narines. Elle pouvait deviner son corps ruisselant de gouttelettes sur son teint cuivré. Une chaleur importune l'empêcha de réfléchir convenablement. Le bébé essayait-il de dompter ses sens, ses émotions afin de les décupler ? À l'évidence oui, songea-t-elle sentant une émotion particulière faire vibrer son corps entièrement.

- Je voulais te demander quelque chose, lança-t-elle en essayant de réprimer les battements précipités de son cœur.

- Je t'écoute.

Tara inspira profondément avant de déclarer ;

- J'aimerais aller en Italie.

Un lourd silence s'ensuivit. Dans l'incertitude, incapable de déceler l'expression de son visage, Tara cessa de respirer dans l'attente d'une réponse.

- Mohammed ?

- Oui, dit-il d'une voix tendue ; Je réfléchi habiba, pourquoi désires-tu aller en Italie ?

Avec flegme, Tara haussa des épaules.

- Eh bien, je m'étais dit que nous pourrions aller voir Klaus.

Inutile de pouvoir voir son regard pour deviner qu'il était perplexe.

- Tu es enceinte, ce n'est pas prudent de prendre l'avion.

- Meredyce l'a pris non ? Rétorqua Tara en espérant le convaincre.

Le matelas s'affaissa sous le poids de son corps. Il était tout proche. Elle pouvait sentir son souffle sur sa peau. Tara ne put s'empêcher de frissonner. Mohammed demeurait toujours le même homme implacable voire pire ! La dernière fois qu'elle avait vu son visage, il était sillonné de colère et de rage mêlée.

" C'est parce que je t'aime que je dois y aller "

Tara se souvenait de cette phrase et elle résonnait encore dans sa tête.

- Je ne crains rien avec toi, murmura-t-elle en tournant sa tête vers lui.

- Est-ce qu'il y a une autre raison que je ne sais pas encore ? Demanda-t-il d'une voix grave.

Ça y est....le guerrier avait percé le secret qu'elle aurait voulu garder encore quelques heures.

- Habiba ? Ai-je raison ?

Sa voix était douce, réconfortante.

- J'avais dans l'espoir de retourner à Rome, lui avoua-t-elle d'une voix presque inaudible.

- C'est bien ce qui me semblait, murmura-t-il en lui ôtant la brosse à cheveux des mains.

Il l'obligea à s'allonger, traçant des petits cercles sur son ventre.

- Ne rien voir, mais pouvoir entendre..je...tu trouves ça ridicule ?

- Bien évidemment que non ! S'exclama-t-il en caressant sa peau diaphane ; Seulement j'ai peur que des images reviennent te hanter et fragilise ton état.

Mohammed n'avait pas tort et elle y avait longuement songé.

- Je ne peux pas savoir à l'avance ce qui arrivera Mohammed mais j'aimerais essayer, déclara-t-elle d'une voix chevrotante ; Je crois que j'en ai besoin pour faire le deuil de l'ancienne Tara. Celle qui avait peur et que rejetait la faute sur elle. Une femme victime d'un viol ne devrait pas se sentir coupable.

La promesse du désertOù les histoires vivent. Découvrez maintenant