Chapitre 31

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Mohammed cacha sa surprise de l'entendre émettre une telle demande. Il se leva lentement sans la quitter du regard. Elle paraissait si vulnérable de loin.

- En êtes-vous sûre Tara ? Demanda-t-il prudemment sans s'avancer.

Il aperçut sa petite gorge déglutir lentement.

- Certaine, affirma-t-elle troublée ; Je suis sûre que l'on peut partager ce lit.

Elle marqua une pause tandis qu'il avançait.

- Et puis vous m'avez tellement promis qu'avec vous je ne risquais rien que même dieu ne trouverait la force de vous pardonner si vous veniez à faillir à cette promesse.

Mohammed demeura silencieux et contempla la belle jeune femme assise sur le lit.

- Alors vous ne risquez rien, murmura-t-il en écartant les draps pour s'allonger près d'elle.

Tara sentit le matelas s'affaisser sous le poids de ce corps massif. Son air se bloqua dans sa poitrine. Son cœur battait à la chamade. Son corps était si puissant, si hâlé.

- De quoi avez-vous peur Tara ?

- Des bêtes sauvages, murmura-t-elle en se pinçant la lèvre.

Mohammed s'allongea près d'elle en calant son bras derrière sa tête.

- Vous n'avez rien à craindre.

Ses yeux se mirent à briller sous les lueurs de la lune. Elle s'allongea alors près de lui en exhalant un soupir tremblant.

Mohammed resta immobile et ferma les yeux. Il pouvait sentir son souffle contre sa peau. Il pouvait entendre sa respiration devenir peu à peu erratique. Mohammed resta ainsi pendant de longues minutes avant de rouvrir les yeux. Prudemment, il baissa la tête vers elle et la vit endormie à quelques centimètres de lui dans une positon enfantine, la tête contre son flanc. Sa main tremblait, constata Mohammed en étirant une grimace de tristesse. Elle convulsait par moment, comme si elle était prisonnière de ses propres cauchemars. Alors sans réfléchir, il passa sa main sous sa taille délicatement et la ramena contre lui. Ses yeux s'ouvrirent lentement puis se refermèrent. Sa main fermait en poing lui indiquait à qu'elle point son combat n'avait aucun répit. Nuit et jour Tara se battait.

Il murmura au creux de son oreille des paroles apaisantes. Ces petits mots suffirent à la détendre. Peu à peu elle se calma dans ses bras. Sa respiration devint lente. Il savait pourtant qu'il prenait un gros risque en l'enlaçant de cette façon. Il ignorait si à son réveil elle prendrait peur. Mais Mohammed ne pouvait pas la laisser trembler ainsi pendant son sommeil. Il la ramena étroitement contre lui et ferma les yeux. Mais le pire pour lui était de la sentir si proche de lui sans pouvoir la toucher. Sans pouvoir caresser sa peau ivoire. Savourer la douceur de sa peau. Exhalant un soupir, il ferma les yeux et se laissa aller dans un profond sommeil, en espérant qu'au levé du jour, la jeune femme ne s'éloigne pas de lui pour toujours...

Tara inspira profondément en battant des cils lorsque la première lueur du soleil vint caresser son visage. Sa bouche était sèche, mais son corps agréablement reposé, comme si elle avait passé une première nuit sans avoir peur de fermer les yeux et de voir son agresseur dans cette pénombre terrifiante.

Peu à peu, son esprit s'éveilla. Elle jeta un regard circulaire et sentit que sa joue était plaquée contre quelque chose de chaud et dur à la fois. Sa main...était posée sur cette toison brune qu'elle avait tantôt observée timidement. La respiration de Tara se coupa brutalement en réalisant qu'elle était blottie contre Mohammed. Il n'y avait rien de sensuel, c'était juste une étreinte qui avait dû se former pendant la nuit, se dit-elle en glissant sans le vouloir sa main contre son torse puissant.

Le cœur battant à tout rompre, Tara sentit les doigts du roi se refermer sur sa peau. Alors elle releva légèrement la tête pour le regarder. Il dormait, son expression toujours aussi sérieuse comme si même dans ses rêves il combattait. Oh oui...il avait le profil d'un guerrier et Tara reposait dans ses bras. Un sentiment indicible lui comprima le cœur. Son bas-ventre se mit à palpiter. Sa jambe musclée bloquait la sienne. Elle était prisonnière et le savourait honteusement.

Pour refouler ce sentiment, Tara se mordilla la lèvre et sentit quelques chose monter sur son bras. Aussitôt son visage devint blême. Elle tourna lentement la tête et écarquilla les yeux en lâchant un petit hoquet. Mohammed ouvrit les yeux brutalement. Il n'eut pas le temps de rassembler ses esprits ni même étirer ses jambes. Une araignée montait sur le bras de la jeune femme encore blottie contre lui et réveillée...elle n'avait pas fui. Mohammed ne tarda pas à réagir et se saisit de la mygale pour la jeter sur le sol.

Mohammed se redressa d'un bond sans relâcher son étreinte et sans quitter l'araignée des yeux qui se faufilait dans une brèche.

- Oh mon dieu ! s'écria la jeune femme pourtant si calme après la petite mésaventure qu'elle venait de subir.

Il magna son bras dans tous les sens pour être sûr qu'elle ne l'avait piquée. Heureusement sa peau laiteuse n'avait aucune trace qui puisse l'alarmer.

- Vous n'avez rien ? demanda-t-il quand même en la voyant pâlir.

- J'ai juste eu peur, bredouilla-t-elle en frottant l'endroit où l'araignée s'était posée.

Il caressa doucement sa peau en guise d'apaisement puis passa délicatement sa main dans ses cheveux. Même emmêlés, ils étaient doux et soyeux. Elle détourna la tête pour le regarder. Son visage était à quelques centimètres du sien. Il pouvait l'embrasser, il le voulait par-dessus toutes autres volontés. Tara frémir sous son regard intense et fixé sur sa bouche. L'espace d'un instant elle crut qu'il allait l'embrasser. Mais il n'en fit rien.

Mohammed se redressa complètement et attrapa sa chemise pour l'enfiler à la hâte. D'après le soleil qui tapait contre les teintures Mohammed devinait l'heure tardive. Une première pour lui. Depuis quand avait-il dormi aussi longtemps ?

- Elle a dû se frayer un chemin dans les teintures abîmées, expliqua-t-il précipitamment ; Je suis navré, j'espère que vous n'avez pas eu trop peur.

- Non, je vais bien, murmura-t-elle en se passant une main dans ses cheveux ; Vous avez été plus rapide qu'elle ne l'a été.

Dieu ! Il fallait à tout prix qu'elle s'arrête ! Comment était-ce possible ?

Lui qui avait crû toute la nuit qu'elle se serait mise à hurler à cause de leur proximité intime, la jeune femme était restée blottie contre lui. Elle venait de passer la nuit avec lui au milieu du désert et même le danger ne semblait pas l'inquiéter.

- Mais vous avez oublié de la citer dans votre liste hier soir, rajouta-t-elle avec un sourire amusé.

Comment pouvait-il résister à cette fleure sauvage, comme celle que l'on trouvait au milieu du désert ? Elle avait l'air si vulnérable et si forte à la fois.

- C'est vrai, j'ai oublié de citer les mygales dans ma longue liste de bêtes sauvages, dit-il en lui rendant son sourire.

- Est-ce qu'on va en voir d'autre ? Quelles sont les probabilités que je puisse voir un puma ?

La question innocente de la jeune Italienne le laissa coi. Mohammed dodelina sa tête et enfonça ses poings dans le matelas de fortune pour arrimer son regard au sien.

- Assez d'expérience pour aujourd'hui mademoiselle Kreighton, il est temps pour nous de rentrer.

La déception qu'il lut dans son regard l'ébranla entièrement. La savoir déçue de quitter la tente augmenta son désir de la garder à jamais prisonnière. Mais Mohammed savait qu'il n'avait pas le droit. Même si au tréfonds de lui, une voix lui soufflait de la garder à jamais de cet endroit qui garderait à jamais les effluves captivantes de la belle italienne.

La promesse du désertOù les histoires vivent. Découvrez maintenant