Chapitre 43

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  - Oui.

- As-tu déjà été amoureux Mohammed ?

Pas un bruit. Rien. Signe évident qu'il ne l'avait jamais été.

- Non jamais, répondit-il enfin d'une voix presque morne.

- Même pas de ton ex-femme ?

Tara savait qu'elle se dirigeait vers une pente glissante.

- J'avais des sentiments, inutile de le nier. Mais pas au point de dire que j'étais amoureux. Amalia était ma maitresse avant de devenir ma femme. Nos rapports étaient parfois très froid. Je l'ai même quittée deux fois.

- Vraiment ? S'enquit Tara sous le coup de la surprise.

- Oui, soupira-t-il sans aucune trace d'émotions dans la voix ; Amalia est une femme qui aime plaire, elle adore se faire remarquer. Or je ne pouvais pas me permettre de continuer avec elle. Hélas, elle a su trouver comment me reconquérir.

Il marqua une pause dans laquelle Tara l'entendit se passer une main sur sa barbe rêche.

- Puis j'ai fini par la demander en mariage, conclut-il avec détachement ; La suite tu l'as connais.

- Je suis navrée...

- Ne le sois pas, chuchota-t-il en se levant.

Immédiatement elle se sentit délaissée. Il lui tourna le dos certainement pour dissimuler sa rage. Car même s'il se montrait tendre dans sa manière de lui parler, difficile de passer à côté des intonations dures qui perçaient dans sa voix.

Tara referma la boîte vide et se leva en constatant qu'il n'avait pas touché à la sienne.

- Je ne voulais pas remuer ton passé.

- J'ai remué le tien habibti, rétorqua-t-il avec un fugace sourire ; Nous sommes quittes à présent.

Tara esquissa un faible sourire puis posa la boîte sur la table.

- Va te mettre au lit, tu tombes de fatigue.

C'était clairement un demande purement stratégique de sa part, songea-t-elle en voyant ses traits le trahir en se durcissant.

Quelle erreur avait-elle encore commise ! S'écria-t-elle intérieurement. Ne pouvait-elle pas simplement tenir sa langue ?

Désespérée, elle monta l'estrade et se glissa dans le lit agréablement frais où les draps s'étaient imprégnés de son odeur musquée.

Mohammed entra dans la salle de bains pour ôter sa chemise. Il n'en voulait pas à Tara de vouloir percer le mystère de son mariage, il s'en voulait à lui de ne pouvoir se défaire totalement de cette peur....

La peur de ne jamais avoir d'enfant. Les doutes s'amoncelaient en lui à mesure que le temps passait.

" J'ai oublié ma pilule ! "

Cindy, une ancienne maitresse lui avait crié cette phrase le jour où il avait voulu mettre un terme à leur relation. À cette époque, il avait reçu cette déclaration les yeux noirs de colère. Trois semaines plus tard le médecin s'était montré catégorique. Cindy n'était pas enceinte. Et même s'il savait qu'une relation ne suffisait pas toujours à concevoir un bébé, Mohammed s'était sentit étrangement inquiet quand trois mois plus tard il apprenait par la presse la grossesse surprise de celui-ci avec un architecte. Ensuite Amalia et sa trahison...Mohammed ne parvenait pas à chasser le flux de questions qu'il se posait sans cesse. Il était même venu à se dire qu'il aurait voulu savoir si cet enfant était le sien. Ne serait-ce que pour se rassurer sur ses capacités à avoir un enfant. Et s'il ne pouvait pas en avoir ? Et si c'était lui le roi maudit ? Mohammed posa ses mains aux extrémités du lavabo sans quitter son reflet des yeux.

La promesse du désertOù les histoires vivent. Découvrez maintenant