Chapitre 38

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Anaya apparut dans sa chambre trente minutes plus tard. Anxieuse, Tara écoutait les précieux conseils de celle-ci tandis qu'elle s'affairait autour d'elle dans la salle de bains. Tara choisie une huile essentiel pour se la passer sur la peau et se sentait plus détendue à mesure que les effluves de jasmin parcourant sa peau.

- La robe est parfaite pour vous, commenta Anaya en lui donnant un petit coup de vapeur pour effacer un pli.

Tara s'approcha de la robe-cape beige qui suspendait sur un cintre et manqua un souffle. Mains jointes contre son ventre, elle s'installa sur la chaise en face de coiffeuse.

Anaya s'occupa de ses cheveux.

- Vos cheveux sont si long, puis-je m'occuper des pointes mon enfant ?

Tara eut un sursaut d'inquiétude.

- C'est-à-dire ?

- Juste un petit centimètre pour aérer vos cheveux.

Tara tenait à ses cheveux plus que tout. Pour elle, cette longueur avait une signification particulière.

- Juste les pointes alors, accepta Tara non sans lui exprimer son inquiétude.

Anaya esquissa un sourire rassurant et posa sa main sur son épaule.

- Ne vous inquiétez pas Tara, laissez-vous faire.

Tara ferma les yeux et se laissa faire. De toute façon elle n'avait pas le choix. Anaya prit soin de ne couper que les pointes comme promis et lui sécha les cheveux. Une fois cette étape accomplie, Anaya entreprit de lui boucler les cheveux de façon à les rehausser légèrement.

Tara grimaça lorsqu'elle lui passa la broche en forme de rose rouge pour rassembler les boucle.

- Il faut souffrir pour être belle, soupira celle-ci en lui donnant une petite tape sur l'épaule.

Tara n'avait pas l'impression de souffrir. Elle avait l'impression de partager un moment avec...une mère.

Une douleur lui comprima le cœur. Les larmes menaçaient de tomber.

- Au contraire, murmura Tara d'une voix enrouée ; Je passe un moment merveilleux avec vous.

Anaya décela ses larmes et s'empressa de lui prendre la main en la regardant dans le miroir.

- Oh Tara, murmura-t-elle, ne pleurez pas, vous êtes tellement magnifique.

Tara chassa ses larmes d'un mouvement de tête.

- C'est juste...que je n'ai pas l'habitude que l'on prenne soins de moi.

- Je sais, murmura Anaya en se redressant pour terminer son travail.

En croisant son reflet, Tara ne s'était jamais trouvé aussi belle que ce soir. Sa nervosité monta d'un cran. Bientôt elle devrait faire face à Mohammed. Son cœur se mit à battre à coups précipités. Anaya l'aida à enfiler la robe-cape et monta la fermeture éclaire. Les manches formées par les pans de la cape étaient fixée au niveau des épaules. Cintrée le long de son corps, la robe descendait jusqu'à ses chevilles de façon à voir ses escarpins beige en dentelles.

- Mon dieu ! Hoqueta Tara en n'osant à peine toucher la robe.

- Vous êtes ravissante ! S'écria Anaya en tapotant dans ses mains.

Tara déglutit avec difficulté. Une boule se forma au creux de son estomac. Ce n'est pas tant le fait d'affronter Mohammed qui l'a terrorisé mais plutôt le fait de devoir affronter son monde. Jusqu'ici Tara n'avait pu voir que le monde intérieur de Mohammed. Celui d'un souverain régnant sur ses terres, respecté lors des ses passages dans les dédales de couloirs du château. Ce soir, elle le verrait peut-être différemment. Trop de questions chamboulaient son esprit. C'est à peine si elle pouvait réfléchir sans qu'il inonde ses pensées.

Tara inspira profondément en battant des cils lorsque la porte de sa chambre s'ouvrit sans cérémonie. Mohammed....n'y tenant plus, ouvrit la porte à la volée et se figea. Les mots lui manquaient. Incapable d'articuler un son Mohammed déglutit devant cette beauté inégalable. Un désir...néanmoins interdit le foudroya. Il se souvenait avoir sélectionné trois robes du soir. Il se souvenait des coupes de chacune. Et parmi les trois, la jeune femme avait choisie la plus élégante. Une robe princière....une robe qui mettait en valeur son teint d'ivoire. Elle était absolument magnifique au point qu'il ne trouvait plus ses mots. Jamais depuis leur rencontre Mohammed s'était laissé tenter de regarder son corps avec insistance. Mais ce soir, il ne put résister à la tentation d'embrasser son corps voluptueux...sa poitrine qu'il imaginait aussi crémeuse que la douceur de ses bras. Elle n'avait ni mascara ni fard à paupières sur les yeux. Son visage était naturel. Sa bouche rouge sang ressemblait à une pétale de rose. Quant à ses cheveux...Mohammed trouva enfin la force de parler.

- Tara tu es divinement belle, déclara-t-il d'une voix si rauque qu'il dut se racler la gorge pour poursuivre ; Je suis navré de m'être introduit sans y être invité.

Avec son air timide elle fit quelques pas maladroit dans sa direction.

- Je suis prête...

Tara sentit son cœur s'accélèrer. Vêtu d'un smoking élégant et d'une cravate noir, la carrure du roi semblait étouffer dans cette chemise blanche qui lui collait presque à la peau. À mesure qu'il approchait, Tara se sentait toute petite. Sa barbe noir et son teint hâlé lui conféraient une telle virilité qu'elle chancela avant de prendre sa main tendue. Ses doigts disparurent aussitôt au creux de sa paume.

- Anaya, merci pour l'avoir aidé.

- Mais c'est tout naturel votre altesse.

Elle s'inclina et offrit un petit clin d'œil dans sa direction. Ça y est...elle était à présent seule avec lui. Vulnérable mais mystérieusement émue de le retrouver, Tara releva la tête afin de le regarder dans les yeux.

- Tu es prête ? Demanda-t-il d'une voix rocailleuse.

- Oui, je suis prête allons-y.

Elle avait trop peur de faire demi-tour si elle laissait sa peur lui dicter ce qu'il fallait faire. Lorsqu'il lui offrit son bras, Tara sentit son cœur s'élancer et son sang surchauffait. Elle manquait de souffle mais le suivit dans les profondeurs du couloir. Le soleil du Khazban surplombait encore les dunes du désert. Il avait pris des teintes rougeoyantes absolument spectaculaire. Peut-être le signe que cette soirée serait agréable, songea-t-elle en descendant prudemment les marches.

Une voiture noire les attendait devant l'entrée. Elle fut surprise de ne voir aucun chauffeur côté conducteur. Elle comprit une fois installé que c'est lui qui conduirait cet Ferrari.

- Aucun garde ne vient ? S'informa-t-elle en bouclant sa ceinture de sécurité.

- Non, je peux me dispenser de leur présence, expliqua-t-il en démarrant ; Leur présence est surtout protocolaire.

Tara nota qu'il semblait nerveux. Il boucla à son tour sa ceinture et vérifia la sienne à deux reprises.

- C'est la première fois que je m'apprête à conduire depuis mon accident, la prévint-il en plongeant son regard dans le sien ; C'est difficile pour moi.

- Je comprends, murmura-t-elle en lui offrant un sourire de consolation.

Bien-sûr Tara se sentait terriblement peinée pour lui mais ne lui montra pas. Quelques jours auparavant elle avait fait des recherches sur son accident. Les photos qu'elle avait pu voir sur le site étaient horribles. Elle revoyait encore la voiture broyé contre la montage.

Il sortit de l'allée en faisant vrombir le moteur puis emprunta la route étroite pour finir par prendre la route goudronnée.

À ce moment-là, Tara comprit qu'elle ne pourrait plus faire marche-arrière.

La promesse du désertOù les histoires vivent. Découvrez maintenant