Chapitre 64

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Mohammed se sentait à la fois coupable et envahi d'une rage sourde. Le dernier regard que lui avait porté Tara lui avait meurtri le cœur. Il avait le sentiment de l'avoir abandonnée à ses peurs les plus enfouies. Hélas, il était de son devoir d'agir contre cette menace aussi inattendu que prévoyante. Connaissant Raoul, il aurait dû rester sur ses gardes. Jaba avançait au pas et derrière lui, une armada de gardes le suivait avec pour seul objectif, neutraliser l'ennemi. Le désert était silencieux, le vent se levait à mesure qu'il s'y enfonçait. Les mains crispées sur les rênes, Mohammed scrutait attentivement l'horizon. Les reflets de lune l'aidaient à s'orienter sur le chemin que Anaya avait emprunté. Était-ce un piège de la part de son adversaire ? Guère impressionné par cette tentative menée contre lui, Mohammed continua d'avancer, luttant contre l'envie de faire demi-tour pour serrer Tara dans ses bras, lui promettant de ne plus jamais la quitter.

Poursuivant son chemin, il s'arrêta brusquement, tirant sur les rênes de Jaba qui s'agitait nerveusement. C'était sa façon à lui de le prévenir lorsqu'il était anxieux. Une légère intensité rosée lui donnait l'indication que bientôt l'aurore l'aiderait à distinguer le piège.

- Une bombe ? Demanda Aziz en arrêtant son cheval à sa hauteur.

Mohammed contempla l'horizon le regard à l'affût du moindre mouvement. Il fallait toujours se méfier dans le désert, mesurer chaque danger même le plus infime.

- Je l'ignore, avoua-t-il en scrutant les plaines ; En tout cas, je ne pense pas que ce soit des mines. Il n'aurait pas eu le temps de les placer.

- Restons tout de même prudent, murmura Aziz le regard rivé sur l'arbre asséché qui paraissait être l'ennemi.

- Si Raoul connaissait mes intentions d'emmener Tara vers les architectures bâtit par mon père, alors je pense qu'il s'est contenté d'une bombe, siffla-t-il entre ses dents serrées.

Mohammed descendit de Jaba...un geste imité par plusieurs de ses gardes. La rage ancré dans son ventre, il s'approcha là où le danger était censé l'attendre et découvrit la bombe relié à un fil presque transparent.

- Stop ! Cria-t-il à l'un de ses gardes qui s'approchait de route.

Il s'arrêta brusquement à son plus grand soulagement.

- Que se passe-t-il ? S'écria Aziz en venant vers lui à pas de loup.

- Il y a un fil relié à la route censé déclencher la bombe, boucle le périmètre appel immédiatement les forces de l'ordre, ordonna-t-il sans quitter la bombe des yeux.

Mohammed s'accroupit en face de la bombe les muscles tremblants. Il pouvait remercier le ciel d'avoir mis Anaya sur la route de son ennemi.

Sans elle, Tara aurait été blessée voire morte. Raflant en poignée de sable, il se leva poing serrés, les lèvres tremblantes de fureur.

- Crois-tu qu'il ait eu le temps de repasser la frontière ? Demanda-t-il d'une voix sourde.

- Il s'est écoulé un peu plus de trente minutes depuis l'alerte.

Faisant demi-tour alors que les hélicoptères de la flotte royale survolaient le ciel à peine éclairé, Mohammed enfourcha sa monture et contourna le piège dressé contre lui.

- Votre altesse ! S'écria Aziz en le voyant disparaître dans une épaisse poussière de sable.

Il n'avait qu'un seul but, venger celle qui deviendrait sa femme.

À mesure qu'il avançait des images de Tara lui insufflaient des forces supplémentaires pour vaincre son ennemi.

Jaba au galop, il rejoignit la route la plus proche de la frontière. Celle-ci était barrée par les forces de l'ordre. Mohammed sentit que son ennemi était là, quelque part...

Il sauta à terre, parcourant la fil de voiture qui s'amoncelait à mesure des fouilles. Sa présence alerta les passagers, certains quittèrent leurs véhicules sans savoir qu'il réagissait de leur roi.

Raoul avait bien choisi son jour, songea-t-il en observant la voiture de couleur noire qui ressemblait fortement à celle de son ennemi. Avec rapidité et prudence il s'approcha et reconnut immédiatement son ennemi.

Mohammed ne prit pas la peine d'ouvrir la portière qu'il savait fermée. Protégeant ses yeux des éclats de verre il arracha Raoul de son siège pour le faire choir à terre au milieu des cris. Cinq hommes armés se positionnèrent autour de lui, prêts à l'attaquer.

- Tu pensais quitter mes terres aussi facilement espèce de fou !

Les forces de l'ordre se mirent en position d'attaque.

- Tu dois payer le prix Mohammed ! Gronda le vieil homme en se relevant ; Tu refuses de rallier tes forces aux miennes alors je les obtiendrais autrement.

- Ne vois-tu pas que c'est fini Raoul ? Ne vois-tu pas que tu es devenu l'homme le plus recherché du monde ? Certains veulent ta peau et je suis prêt à leur offrir !

Les yeux injectés de sang, Mohammed saisit son arme et tira sur l'un des monstres qui l'accompagnait. Celui-ci s'échoua à terre sous le regard rageur de son ennemi. Raoul l'avait toujours connu comme le roi discret avec aucun sang souillé sur les mains. Aujourd'hui, il n'aurait aucune pitié pour ce meurtrier.

Les forces de l'ordre auraient dû attendre son feu vert mais au lieu de ça, trois gardes se mirent à tirer sur les hommes de Raoul. Mohammed en profita pour se jeter sur son ennemi dents serrées. Il le saisit à la gorge, plantant la naissance de ses doigts sur sa chair.

Il aurait voulu le tuer pour ce crime qui aurait pu coûter la vie de Tara mais il savait que ce serait trop facile. Derrière lui un brouhaha de cris et de hurlements stridents l'obligea à s'arrêter. Le monstre qu'il tenait entre ses mains manquait d'air, ses yeux écarquillés lui indiquaient qu'il était au bord de la mort. Mohammed le souleva par la gorge pour le plaquer contre la paroi d'une voiture.

Il arracha sa main de sa gorge et planta ses doigts sur son visage qui exprimait l'agonie.

- Raoul Farh je vous arrête pour tentative d'assassinat sur son altesse royale, articula-t-il d'une voix si sombre que le ciel semblait se fondre dans une froide noirceur.

Mohammed le jeta aux gardes, retirant son chèche pour se dévoiler aux yeux de tous. Des exclamations étouffés parcoururent la foule alors que les corps des hommes de Raoul gisaient sur le sol.

Mohammed aurait voulu le tuer de ses mains. Sa rage ne voulait pas s'éteindre ni s'apaiser. Dieu seul savait ce qui aurait pu lui arriver s'il n'avait intercepté la bombe.

- Si tu crois que c'en est fini ! S'écria Raoul en essayant de reprendre son air.

- Ça l'est, dit-il d'une voix dangereusement basse ; Tout est fini Raoul, tu as perdu cette guerre que tu as déclenchée seul et tu finiras le reste de ta vie en prison.

Raoul serra les dents, cherchant à se débattre.

- Ton propre conseil cherche à t'évincer de ton propre pays, poursuivit Mohammed en le dominent de toute sa hauteur ; Si tu ne veux pas que ta fille subisse le même sors, tu ferais mieux de te taire immédiatement.

- Je me moque de ma fille ! J'aurais dû tuer ton père il y a bien longtemps et je saurais toucher ton âme Mohammed, le menaça-t-il avec un sourire cruel aux lèvres.

Mohammed serra les dents, poings serrés.

- Tu n'ai pas capable de tuer ! Tu n'es pas un homme Mohammed au moins ton père n'avait pas peur de se salir les mains !

Mohammed détourna son regard vers l'homme qu'il venait d'abattre.

- Si ça ne tenait qu'à moi, je t'arracherai la gorge, siffla-t-il entre ses dents ; Seulement j'ai fait une promesse à ma femme et je trahirai pas cette promesse.

Il planta un regard lourd de dangereuses promesses dans celui de son ennemi et se détourna pour partir.

Un bruit d'explosion l'arrête net. Les passants se mirent à crier en se jetant à terre. Mohammed resta figé en regardant un épais nuage noir se former au-dessus du ciel sous le rire cruel de Raoul.

- Je t'avais dit que ce n'était pas terminé...

La promesse du désertOù les histoires vivent. Découvrez maintenant