t h i r t e e n

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Alison Smith (avril 2013) :

« - T'es prête bébé ? me demanda-t-il

- Plus que prête, affirmais-je en resserrant ma queue de cheval

- C'est parti, annonça-t-il »

Il faisait pas mal chaud pour un mois d'avril. Et surtout étant donné qu'il était pas moins de trois heures du matin. Je regardais mon reflet dans la vitrine du magasin : je portais un short qui remontait beaucoup trop et qui laissait voir mes fesses, avec un top qui ressemblait plutôt à une brassière. J'avais ajouté des talons pour gagner quelques centimètres et m'étais maquillée. Un coup de mascara et du crayon dans la muqueuse. Je cherchais par tous les moyens de faire plus vieille. Je sortais quand même avec un mec de trois ans mon aîné. Vous me direz ce n'est pas énorme si on prend des personnes de 50 et 53 ans. Mais si on prend Erwan et moi, ça fait plutôt 13 et 16 ans.

Alors oui, à 13 ans je me maquillais. Oui à 13 ans je portais des talons et je sortais la nuit, mais mes parents ne le remarquaient pas. Ils préféraient se crier dessus plutôt que de voir que leur fille unique tournait mal.

Et c'est ainsi qu'à trois heures du matin, quand Erwan m'a dit qu'il voulait sortir dans la rue, je lui ai dit oui. Mais maintenant, me tenant la, devant la porte de ce magasin ouvert 24 heures sur 24, j'étais angoissée. Mes mains tremblaient. Je n'avais jamais volé auparavant. Mais je ne voulais pas faire l'enfant. Alors je respirais un grand coup et emboîtais derrière Erwan.

Nous rentrâmes dans le magasin et je soufflais encore un peu. J'essuyais mes mains moites contre mon shorty et resserrais une nouvelle fois ma queue de cheval. Puis je bombais le torse et relevais le menton : il fallait que je sois sûre de moi. Erwan partit donc au fond du magasin, tandis que j'avançais vers la caisse, où un type d'une cinquantaine d'année se trouvait. Je baissais un peu plus mon top, histoire que mes seins soient bien visible, puis je prenais un air aguicheur. Si on pouvait appeler cela comme ça. Du haut de mes 13 ans, je n'étais pas sûre de vraiment savoir jouer ce rôle. Et soit dit en passant je ne l'aimais déjà pas.

Je souris alors en demandant au caissier une babiole, pour qu'il puisse m'y conduire et laisser le champ libre à mon équipier. Il m'emmena donc, comme je l'espérais, dans un coin assez reculé de la caisse.

« - C'est ici Mademoiselle, dit-il en me regardant à peine dans les yeux »

Je l'avais dans la poche. Je me baissais donc pour prendre ladite chose, suffisamment pour qu'il puisse bien voir mon fessier moulé dans mon shorty. Et je me redressais pour lui demandé conseil sur..., je regardais ce que j'avais dans les mains et y trouvais... des éponges. Bon...

« - Elles nettoient bien celles-ci ? Ou les bleues grattent mieux ?

- Je, je ne les ai pas essayés personnellement, me dit-il, confus d'une telle question

- Et bien je- »

Nous fûmes interrompus par un bruit relativement fort. Le caissier me regarda en biais avant de revenir sur ses pas. Merde, Erwan s'était fait prendre ! Je regardais partout, à la recherche d'une solution. Mon cœur commençait à battre plus vite que la normale, mes mains tremblaient, je savais pas quoi faire. Bordel ! Erwan vint m'attraper la main, je lâchais les éponges et nous commençâmes à courir en dehors du magasin. Nous courions, toujours plus vite. Le type du magasin ne faisait que crier au vol, mais il s'était arrêté de courir derrière nous. Nous nous arrêtâmes un peu plus loin, le souffle court, en train d'haleter. J'avais encore ma main dans la sienne quand il me regarda. Je le regardais par la suite, et nous explosions de rire.

C'était un peu ça notre relation : rire, illégalité mais surtout, mains dans la main, et ensemble.

Alison Smith (now) :

Toujours penchée à la fenêtre j'observe la personne qu'il ne voulait pas redevenir. Il retombe dans ses travers. Il avait l'habitude de faire ça avec sa bande d'ami mais cette nuit il est seul, ce qui confirme mon hypothèse personnelle : ses anciens amis lui ont tous tourné le dos, ou ils se sont fait prendre et sont en prison, non en stupide camp de redressement. Et c'est pourquoi il revient ici. Peut-être qu'il veut se venger de moi, mais il cherche aussi à être en contact avec quelques uns d'entre eux. Il y en avait deux qui vivaient près d'ici, mais je n'ai jamais entendu parler d'eux une fois qu'Erwan est parti au camp. C'est triste à dire mais, Erwan est seul. Il n'a jamais voulu mentionné sa famille quand on était ensemble, bien qu'il ait un petit frère qui, si je m'en souviens bien, a notre âge. Sinon, il n'a plus personne.

« - Viens te recoucher Ali, me conseille Avery

- Euh, ouais »

Je me détourne de la fenêtre et retourne au lit. Mais impossible de me rendormir. Une fois mes yeux fermés, je repense à tous nos cambriolages, nos vols etc... Tous mes souvenirs reviennent ensemble et me submergent.

C'est ainsi que le lendemain matin je ne suis pas d'humeur. Je me redresse du lit en soupirant. Je me frotte la tête en me demandant ce que je vais faire de ma journée. J'imagine qu'il va falloir aller en cours. Je pourrais ainsi m'expliquer avec Cameron qui a l'air de m'éviter sans que je ne sache pourquoi. Je suis aussi pressée d'être aux vacances de noël, je sais que les fêtes me feront du bien.

Je m'assois sur le lit et pianote sur mon téléphone pour parler à Cameron, en attendant qu'Aby la grosse marmotte daigne se réveiller. J'aimerai vraiment avoir une discussion avec lui. J'ai parlé un peu avec Nash ses deux dernières semaines mais Cameron, aucunes nouvelles. Et je m'en veux un petit peu quand même.

pourquoi tu me parles plus cam ?

J'attends quelques secondes mais sa réponse arrive très vite, comme d'habitude.

C'est pas que je te parle pas, c'est que TU me parles pas

arrête Cameron

Un problème pour que tu ne m'appelle pas Cam ?

j'ai juste l'impression que tu m'évite et ça m'énerve

Ah

arrête Cameron, t'es en train de me saouler

Je range donc mon téléphone énervée et remarque qu'Abigail est enfin debout. On se prépare alors toutes ensemble, ce qui me change pas mal les pensées et nous partons pour notre après-midi de cours. Sur le trajet, Abigail nous parle encore de ce fameux mec au nom de ville, Brooklyn il me semble. Elle m'a l'air de vraiment l'apprécier et j'en suis contente. Si elle passe à autre chose avec Cole, je n'aurais plus besoin de culpabiliser à chaque fois que je repense à notre baiser échanger l'année dernière.

Quand la journée de cours se termine, j'embrasse les filles et les garçons, fidèles à eux même, me font chacun un bisou sur le front, digne de grands frères. Cependant, si j'ai dit au revoir à Cole et Nash, aucun signe de Cameron. Mais merde pourquoi m'évite-il à ce point ?

« - Tu sais très bien qu'il n'aime pas quand tu le laisses de côté comme ça, me dit Nash en voyant que je soupire »

Je lève les yeux au ciel et il m'arrache un rire en faisant le clown avant de partir avec Cole. Ce dernier me sourit en coin et me fait comprendre qu'il viendra plus tard chez moi.

Je rentre donc enfin à la maison et soupirs en entendant des bruits familier dans la piscine au fond du jardin. C'est vraiment dégoûtant. Cependant je n'ai pas le temps de m'y attarder puisqu'une fois montée dans ma chambre je vois l'unique personne que je ne voulais pas voir.

« - Sors de la connard ! »

destroyed [RÉÉCRITURE]Where stories live. Discover now