8 : « Monnaie. »

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-Je peux le manger quand même, si tu veux, je dis en voyant que Victoria ne réagit pas, et elle secoue la tête

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-Je peux le manger quand même, si tu veux, je dis en voyant que Victoria ne réagit pas, et elle secoue la tête.

-Non, non, te force pas à manger si t'aimes pas, elle me dit, et je la dévisage. C'est la première fois qu'elle est un minimum...polie envers moi, qu'elle ne semble pas agacée, sans compter les fois où elle n'était pas dans son état normal, évidemment.

On finit par s'asseoir à l'ombre de son arbre habituel, et elle mange les deux premiers sandwichs triangles, décidant de garder les deux autres pour plus tard. Je lui répète de les manger ce soir, mais je suis prêt à parier qu'elle ne les mangera que demain. Et encore, demain soir.

-Au fait, j'ai oublié de te rendre la monnaie, je dis en sortant un billet de cinq euros de ma poche, et Victoria soupire.

-Tu te moques de moi, Pavard ? Je t'ai donné cinq euros. Et tout ça t'as coûté plus cher que mon pauvre billet.

-C'est la monnaie, j'insiste, et elle me regarde, l'air en pleine réflexion.

-Je ne comprends pas ce que tu y gagnes, elle dit finalement. Pourquoi tu es aussi généreux avec moi ? Je comprends que tu choisisses de filer de l'argent à une pauvrette, quoique, d'habitude les footballeurs tapent plutôt dans les assos'. Mais...pourquoi moi et pas quelqu'un d'autre ?

Ce n'est pas la première fois qu'elle exprime ses doutes à ce propos. Le problème, c'est que c'est compliqué de se justifier auprès d'elle. Alors je décide de jouer la carte de la sécurité.

-Parce que c'est toi qui t'es évanouie en me voyant.

-Il. Faisait. Chaud, elle marque une pause agacée entre chaque mot, et je souris.

Je ne connais toujours pas le fin mot de l'histoire. Peut-être bien qu'elle dit vrai, que c'est vraiment la chaleur qui lui a joué des tours. Mais peut-être que c'est moi. Je ne suis pas sûr de le savoir un jour, mais en attendant, je peux m'en servir pour l'agacer. Je veux dire, volontairement, pour une fois.

-C'est tout ? Je m'évanouis et tu deviens soudainement mon sauveur ?

Je hoche la tête. Sans m'empêcher de penser qu'évidemment, non, ce n'est pas tout. Ça, c'est la raison pour laquelle je la connais. Pour laquelle je l'ai rencontré. Mais pas celle pour laquelle je décide de l'aider.

-J'étais très bien moi, sans toi, elle dit, et cette phrase ne veut sûrement rien dire, mais elle signifie beaucoup pour moi. C'est un peu comme si elle m'autorisait à continuer. C'est un peu comme si elle me faisait une petite place dans son monde, comme si elle me donnait un peu de sa confiance, aussi minime soit-elle.

C'est toi que j'ai décidé d'aider parce que c'est à toi que je suis en train de m'attacher.

C'est toi que j'ai décidé d'aider parce que c'est à toi que je suis en train de m'attacher

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Il ne reste que cinq jours avant la fin de mon marché avec Pavard.

Et je suis toujours au point de départ.

Je n'ai plus rien à perdre : il faut que je retourne à chaque endroit où j'ai déposé mon CV pour insister, leur demander des nouvelles, leur montrer ma motivation et ma disponibilité.

J'essaie de me convaincre que c'est pas des conneries, tout ça, mais c'est de plus en plus difficile. Je ne sais pas pourquoi j'ai cru que je trouverai quelque chose en un claquement de doigts.

Je soupire en regardant mon CV. Je n'ai pas de diplômes, mais j'ai de l'expérience. Et je n'ai pas de justificatif de domicile, aussi. Je pourrais toujours en rédiger un en notant l'adresse du parc, peut-être qu'ils n'y verront que du feu. Ou peut-être qu'ils me prendront pour une folle et que ça leur donnera encore moins envie de m'embaucher. Vu que mes chances semblent actuellement s'élever à 0 %, il vaut peut-être mieux que je fasse profil bas.

Il n'y a qu'un seul endroit dans la ville où je n'ai pas postulé, et même si je refusais de le faire, la situation actuelle m'oblige à m'y déplacer pour leur donner mon CV.

Alors je prends la direction du bar de la ville. Il y en a plusieurs, et j'ai déjà postulé dans les autres. Mais celui-ci, c'est le bar le plus populaire, le bar où tout le monde se réunissait pour regarder les matchs de l'Équipe de France sur la grande télé durant la Coupe du Monde.

Le bar où je me suis évanouie en voyant Pavard torse nu.

Je me nourris de l'espoir qu'avec un peu de chance, ils ne me reconnaîtront pas pendant tout le trajet. Sauf que la première chose que j'entends quand j'entre, c'est :

-Ah, revoilà la p'tite qui s'est évanouie l'autre jour !

Je me mords la lèvre. Génial.

-Bonjour ! je m'approche de l'homme qui a prononcé cette phrase, qui est arrière le grand comptoir en train de le nettoyer.

-Ça va mieux, mon petit ? C'est qu'ils sont sexy, ces footballeurs, hein !

-J'avais très chaud, je me justifie, et il rit.

-Ah mais oui, j'ai bien vu ! C'est la première fois que je voyais ça. Lola ! il appelle, et une femme--je crois bien que c'est le couple qui possède le bar--apparaît en souriant.

-Oh, la p'tite ! elle s'exclame en me voyant, et j'ai envie de me cogner la tête contre le bar. Tu sembles en meilleure forme ! Tu sais, tu nous as a fait une sacré pub. Déjà que le petit Benjamin Pavard a rendu la ville célèbre, les gens s'arrêtent ici pour voir l'endroit où une petite s'est évanouie en le voyant torse-nu !

-Mmh, oui, ça va, merci. Je venais...vous dire que je vais bien. Merci encore d'avoir appelé les pompiers aussi rapidement, je dis alors que j'ai dû payer la facture de l'hôpital et que ça m'a fait très mal. Au revoir !

Et sur ce, je quitte les lieux.

CONFIANCE » PAVARD ✓Where stories live. Discover now