CONFIANCE » PAVARD ✓

BONUS #5 : « Trois. »

-Vic ? Dépêche-toi, on a rendez-vous dans trente minutes.

-Je veux pas y aller.

Je soupire et m'assieds sur le lit avant de me pencher pour embrasser ses lèvres.

-Bien sûr que si. Tu veux pas voir notre bébé ?

Elle ne répond pas tout de suite, réfléchissant. Parce qu'elle a envie de voir notre bébé, mais elle a aussi peur de ce qu'on pourrait lui annoncer. Parce qu'après deux ans, aucun de nous n'a oublié la douleur de perdre un enfant. Parce que d'après deux ans, on se souvient aussi bien l'un que l'autre des mois difficiles après cette perte. Et qu'on ne l'oubliera jamais. Pas seulement à cause de mon tatouage coccinelle au poignet. Parce que ça a complètement bouleversé notre vie.

Victoria finit par se lever et part dans la salle de bain sans un mot. Une fois qu'elle sera réveillée, elle fera preuve d'une bonne dose de cynisme pour cacher sa peur, et je retrouverai ma Victoria.

J'ai l'impression que la route jusqu'à l'hôpital est bien trop longue. Peut-être parce que personne ne pipe mot dans la voiture.

-Vic ? je l'appelle en voyant qu'elle ne réagit pas au fait qu'on soit garé sur le parking de l'hôpital, et elle se tourne vers moi.

Mais je ne la laisse pas parler.

-Si tu t'apprêtes à me demander si je compte te quitter pour je ne sais encore quelle raison, abstiens-toi.

-J'allais pas dire ça, elle hausse un sourcil. Tu te crois un peu trop indispensable à ma vie, Pavard.

-Je suis rien sans toi, Pavard.

-Arrête de m'appeler Pavard.

-C'est ton nom de famille à toi aussi.

-Oui mais...non, en fait, je réalise toujours pas, elle secoue la tête, et je souris.

-Ça fait plus de deux ans maintenant, il va peut-être falloir s'y habituer, je me moque, et elle me frappe le bras.

-On y va ? elle me demande, et je la dévisage, surpris que ce soit elle qui me propose. Plus vite on y est, plus vite on est fixés, elle sort de la voiture, et je l'imite en soupirant.

-Ça va bien se passer, cette fois.

Elle hausse les épaules et attrape ma main. Aucun de nous ne parle jusqu'à ce qu'on arrive devant la salle de l'échographie, et que le médecin arrive.

-Bonjour monsieur et madame Pavard ! elle nous salue avec un grand sourire avant de nous inviter à nous installer.

Le médecin voit bien dans quel état je suis, et elle fait de son mieux pour la rassurer en m'expliquant chaque chose qu'elle fait. Je ne suis pas arrivée jusque là lors de ma première grossesse, et une petite partie de moi a peur de ne pas aller jusqu'au bout cette fois aussi.

-Est-ce que vous pouvez tourner l'écran ? je demande. Pour...que je ne le vois pas. S'il vous plaît.

Le médecin hoche la tête et s'exécute avant de commencer l'examen.

J'essaie de rester calme et regarde mes mains en respirant doucement.

-Oh mon Dieu, souffle Ben, et je redresse la tête, paniquée. Cependant, le sourire sur son visage me rassure immédiatement. S'il sourit, c'est que notre bébé va bien.

Le médecin sourit à son tour avant de regarder Benjamin, puis moi.

-Vous avez passé le premier trimestre, ce qui signifie qu'il y a maintenant beaucoup moins de risques de faire une fausse couche, maintenant. Et puis...elle sourit. Je pense que vous devriez lui dire, monsieur Pavard.

Je regarde mon mari, l'air interrogateur, et il s'approche de moi pour prendre mes mains dans les siennes.

-Vic...ils sont trois.

-Trois quoi ? je demande bêtement avant de comprendre. Trois bébés ?

Il hoche la tête avant un grand sourire, et le choc me fait simplement éclater de rire.

-Trois ? je répète, et le médecin tourne l'écran vers moi. Je...trois. Trois.

Je reste sous le choc durant tout le reste de l'examen. Elle nous donne leurs sexes, mais je ne réalise toujours pas. Je n'ai pas pensé une seule seconde que je pouvais être enceinte de plus qu'un enfant, alors c'est plus qu'une surprise.

Une fois que nous sortons, je ne réalise toujours pas. J'observe les petits clichés que le médecin nous a donné pour essayer de m'y faire, en vain.

-Je comprends si tu ne te sens pas de les garder, j'entends la voix de Ben m'interrompre dans ma contemplation, et je relève la tête, surprise d'entendre ses mots.

-Quoi ? Bien sûr que je veux les garder ! On m'a déjà enlevé un enfant, tu crois que je veux en perdre trois autres ?

Il me sourit et je me glisse dans ses bras en plein milieu du parking.

-Tu sais vu qu'ils sont trois on peut les appeler Second, Poteau, Pavard. Ou alors Frappe, De, Bâtard. Ou alors--

-Benjamin.

Il se tait, peu habitué à m'entendre utiliser son prénom entier, et je le frappe.

-Arrête de me frapper, je peux pas le faire en retour !

-Je t'aime, je lui réponds, et il sourit.

-Moi aussi je t'aime Victoria. On va pouvoir être heureux maintenant, je te le promets.

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Demain c'est le dernier bonus les gars...