29 : « Toi. »

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Si en arrivant avec mes coéquipiers, j'avais peur de la réaction de Victoria, j'avais complètement tort

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Si en arrivant avec mes coéquipiers, j'avais peur de la réaction de Victoria, j'avais complètement tort. Elle s'est acclimatée à eux comme un poisson dans l'eau, et eux semblent bien l'apprécier, surtout que le fait qu'elle les appelle par leur nom de famille les fait beaucoup rire.

Je suis imbattable au Jungle Speed, contrairement à Victoria qui enchaîne les défaites depuis tout à l'heure, mais elle n'est pas mauvaise perdante, contrairement à Antoine qui est en train d'expliquer que tout le monde triche.

-Mais Anto, comment tu veux qu'on triche ? T'es juste pas assez rapide.

Il croise les bras, et Paul rit en prenant une autre part de pizza. C'est le seul qui mange encore, comme d'habitude. Je me demande où est-ce qu'il met tout ça.

-Tu fais l'arbitre hein, Ben, me dit Antoine, et je ris, hochant la tête. Je me concentre sur le jeu, mais mes yeux finissent par se perdre sur Victoria et son air plus concentré que jamais. Cette fille a vraiment plusieurs facettes, et je trouve ça incroyable d'en découvrir chaque jour de nouvelles. Là, aucune trace de cynisme à l'horizon.

Sauf que des cris me coupent dans ma contemplation, et je vois Presnel et Corentin tous les deux en train de se battre pour le totem, assurant tous les deux qu'ils l'ont évidemment attrapé le premier.

-C'était qui le premier Ben ? me demande Ousmane, et bien sûr, je n'en ai aucune idée.

-La règle, c'est que c'est celui qui a la main en dessous qui gagne, je dis d'un ton pacifique, et Presnel crie de joie tandis que Corentin se met à râler exactement comme Antoine jusqu'à maintenant.

-Heureusement que t'es pas arbitre de métier, tes yeux se perdent vite, il marmonne, et ma seule réponse est de lui faire un doigt d'honneur.

-Bon, moi j'vais devoir y aller, déclare Paul en regardant sa montre.

-Moi aussi, mon avion va pas tarder, Antoine hoche la tête, et en deux temps trois mouvements, ils sont tous debout en train de ranger leurs affaires. Bon comme j'ai pas arrêté de perdre, voilà l'argent pour les pizzas, Antoine me foule des billets dans les mains, et je n'ai pas le temps de protester qu'il est déjà en train de sortir en criant "au revoir" en cinq langues différentes. Les autres le suivent de près, et finalement, Corentin est le dernier à sortir. Sauf qu'avant de passer la porte, il se retourne avec un grand sourire.

-Eh Victoria, Ben m'a dit l'autre jour qu'il avait très envie de t'enlever ton maillot si tu vois ce que je veux dire, il lui fait un clin d'œil. Salut, à bientôt !

Et il s'enfuit en courant.

Je me tourne vers Pavard, les yeux plissés, attendant qu'il se justifie, mais vu sa tête, il attend que la justification lui apparaisse aussi

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Je me tourne vers Pavard, les yeux plissés, attendant qu'il se justifie, mais vu sa tête, il attend que la justification lui apparaisse aussi.

-J'ai pas dit ça...J'ai dit que...

Je hausse un sourcil, et apparemment, la seule chose qu'il trouve à faire pour se défendre est de me plaquer contre la porte d'entrée et de m'embrasser.

-Pavard, je décolle mes lèvres des siennes, et il fronce les sourcils. Arrête un peu, ça m'fait mal.

-De quoi ? La porte ? il recule. Désolé, c'est que ça faisait comme dans les films et...

-Non, pas la porte. Mais pourquoi tu paniques ?

Il hausse les épaules, et je soupire, posant ma main sur sa joue pour la caresser. Il semble surpris de mon geste, mais il ne me repousse pas, fermant les yeux.

-Je suis moins intéressant que mes coéquipiers.

-Quoi ? je demande. Pourquoi tu dis ça ?

-Parce que t'as bien dû t'en rendre compte. Ils sont beaucoup plus drôles, beaucoup plus amusants. Et plus beaux aussi. Je fais pas vraiment le poids.

Je secoue la tête, soupirant.

-Pavard. Écoute bien ce que je vais te dire, parce que je ne me répéterai pas.

Il ouvre les yeux et me regarde attentivement.

-Vous étiez vingt-trois dans ce bus à vous déshabiller. Et c'est en te voyant toi que je me suis évanouie. Et va savoir comment, c'est aussi toi que j'ai croisé le lendemain. Et c'est toi qui as commencé à plus me laisser tranquille. C'est toi qui m'as trouvé un boulot, c'est toi qui m'accueilles ici et c'est...

Je soupire, souriant.

-C'est à toi que je me suis attachée. Après huit ans sans ne plus être attachée à personne. Après huit ans à vouloir vivre par moi-même et à ne vouloir être dépendante de personne, à ne vouloir compter sur personne. Je suis en train de faire ce que je m'étais promis de plus jamais faire, je souffle.

-T'es pas dépendante de moi, Victoria. T'es en train de te battre pour ton indépendance, la vraie, celle dont tu rêves depuis toujours, et être ici est un passage obligatoire dans ta route. Et tu sais, compter sur quelqu'un, c'est pas toujours quelque chose de négatif, il sourit.

-Ouais. Je m'étais persuadée que si pendant toutes ces années.

Je sens les larmes me monter aux yeux, et je fais de mon mieux pour les ravaler. Je passe mon temps à pleurer en ce moment, alors que durant toutes ces années de solitude, je n'ai presque pas pleuré. Sauf que Pavard en a décidé autrement, puisqu'il me pose une question que je n'ai pas entendu depuis très longtemps et à laquelle il me sera toujours difficile de répondre.

-Tu me fais confiance ?

**
Allez on lance les paris: est-ce qu'elle va répondre la Victoria, et quoi? ;)

CONFIANCE » PAVARD ✓Where stories live. Discover now