Episode 4

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— Mais, dans la vie il faut avancer, il faut être positif, sans jamais oublier ceux que l'on a perdus, car ils sont toujours là avec nos souvenirs,  dans notre cœur.

Elle fit un geste de la main pour indiquer que ce qu'elle venait d'entendre  n'étaient que des absurdités.

— Le cœur ? répondit-elle. Ne m'en parle pas, c'est pas la peine, je n'en ai plus et je n'en veux pas de toute façon ! Enfin bref,  parlons d'autre chose : tes voyages à travers le monde ne te fatiguent pas ?

— Je sens le poids de mes soixante-trois ans, mais je vais bientôt m'installer dans ma maison en Côte d'Azur.

— Ah, je suis bien heureuse, nous nous verrons souvent là-bas... d'ailleurs, j'ai prévu d'y aller avec ma petite Inès. Je t'invite à venir avec nous. Nous partons la semaine prochaine. Qu'en dis-tu ?

— Avec plaisir ! Je reverrai le pavillon Leonard avec joie. Tu te souviens, quand on était jeune, on s'amusait bien là-bas, en boite ou à la plage. On faisait du jet ski et d'autres jeux bien amusants. Tu avais déjà ton caractère à cette époque... cela me rappellera de bons souvenirs... Je me souviens aussi des punitions de votre père quand nous faisions des bêtises. L'alcool coulait à flots... et les filles... C'était la fête en permanence...

Après ces souvenirs pénibles pour Bernadette évoqués par Pierre, il y eut un long silence. Tous deux considéraient leur situation... Mais où était passée la Bernadette d'autrefois ? Si vive, si généreuse, si gentille, toujours prête à aider les autres, faire la fête, rire et pleine de vie ?

 Il ne reste maintenant qu'une femme fatiguée par tout et pour tout, n'ayant qu'un seul but : mener la vie dure à sa nièce pour ne plus refaire ce qu'elle considère comme une faute de sa part. Parce qu'elle croit avoir provoqué la mort de sa sœur, elle empêchera, sans le savoir, sa petite nièce de vivre. En Côte d'Azur, elle compte lui faire subir des épreuves terribles et des désillusions à en avoir la chair de poule.

Madame Leroy se leva. Elle se mit à ranger des papiers sur la table. Une ride bien profonde se forma entre ses deux yeux. Elle fut gênée et légèrement en colère. Baptiste le remarqua et décida de changer de sujet :

— Tu as toujours tes domestiques ? demanda-t-il en souriant. Ils arrivent toujours à tenir le coup ?

— Oui, ils sont là et travaillent convenablement. Ils sont bien aidés.

— Ah ! Oui, j'ai vu une jolie blonde passer dans la salle à manger. C'est peut-être une nouvelle domestique, une secrétaire ?

Le visage crispé, madame Leroy répondit  :

— Non, c'est ma nièce !

La réponse fut sèche et rude.

— Aaah ! Oui, ta nièce... je me souviens maintenant, la pauvre petite Inès, elle a grandi depuis le temps. Je ne l'avais pas reconnu... C'est toi qui l'as élevé alors ?

Elle répondit de façon brève :

— Oui c'est moi... Écoute Pierre, puisque nous allons nous voir au pavillon en Côte d'Azur, il faut que je mette les choses au clair

La fille maltraité et le milliardaire américainWhere stories live. Discover now