Episode 32

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— Je vous remercie, ma tante.
Ce fut un remerciement machinal, presque obligatoire. Elle n'exprimait aucune joie dans ses réponses.
Les voix de Julie et Lisa se firent entendre dans le salon. Baptiste leur proposa de monter. En arrivant, les filles serrèrent la main de madame Leroy, puis firent chaleureusement la bise à leur amie encore un peu malade et affaiblie. Dès cet instant, Ines afficha un large sourire sur son visage. Elle n'était plus du tout froide, mais au contraire ouverte et joviale. Madame Leroy s'en alla au moment de l'arrivée des filles de la Mare-Rouge. Elles avaient apporté pour Ines des bonbons tagada. Elle n'en avait jamais mangé avant que les filles lui en apportent, du moins elle n'avait pas le souvenir d'en avoir mangé une fois dans sa vie. Comme tous les après-midi, les filles venaient rendre visite à Ines pour le goûter, durant lequel elles écoutaient de la musique, apportaient leur ordinateur et surfaient sur le net pour regarder des séries, des films drôles, romantiques ou d'horreur. Elles se régalaient. Cela accrut considérablement la culture musicale et cinématographique d'Ines. Les filles lui avaient même promis de l'emmener au théâtre.
Pierre aussi passait souvent le matin dans la chambre d'Ines pour lui rendre visite et surtout la rassurer, car il avait mis en place quelque chose pour arranger sa vie de couple avec Arthur et le plus tôt possible. Il lui parlait parfois des voyages qu'Arthur faisait, lui parlait des États-Unis, de sa vie là-bas et du soleil, bien souvent présent en Californie, des célébrités qu'on pouvait croiser, certaines avec lesquels Arthur entretenait des liens d'amitié. Il parlait de tout cela quand madame Leroy était absente, bien évidemment. Quand elle arrivait au moment où Pierre discutait avec elle, il remarquait bien qu'elle ne se comportait pas de la même manière avec les filles Martin, Pierre et elle. Elle avait une froideur pour elle.
Quand madame Leroy se trouvait seule dans le salon avec Pierre, elle lui disait avec une certaine colère contenue :
— Tu sais, tes amis Martin, là, ils lui font écouter de la musique tout le temps, et des films, et d'autres choses, ils la divertissent, ils ne font que ça !
— Ça lui permet de penser à autre chose.
— Autre chose ? Y a-t-il sur terre quelque chose de plus important que le travail ?
— Le bonheur.
Elle se mit à ricaner très fort.
— Le bonheur !? Parce que tu crois au bonheur toi ? Tu penses qu'il y a un bonheur dans ce monde ?
— S'il n'y en a pas, alors il faut le créer.
— Oh arrête avec ça. Tu sais où cette quête imbécile a mené ma sœur.
Sur ces mots, Pierre ne répondit rien.


Le lendemain, Ines descendit dans la salle à manger pour déjeuner avec les autres pour la première fois depuis son incident.
Quand elle alla s'assoir à sa place habituelle, isolée des autres, madame Leroy lui dit :

La fille maltraité et le milliardaire américainOpowieści tętniące życiem. Odkryj je teraz