Episode 13

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« Je t'aime parce que tout l'Univers a conspiré à me faire arriver jusqu'à toi »

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— Inès te voilà ! dit-il d'une voix vibrante. Content de savoir que tu vas mieux. Mes cousines m'ont dit que ce n'était pas trop grave.
— Non, pas trop grave, au contraire même😊.
Les beaux yeux bleus d'Inès croisaient le regard d'Arthur. Elle avait dans ses yeux quelque chose d'inexplicable ; une sorte de douceur un peu craintive et timide face à l'inconnu.
Chloé avait prévenu son cousin en lui disant « Tu verras comme elle est mystérieuse, on a l'impression qu'elle a un truc caché ».
— Pourquoi « au contraire même » ? demanda Chloé a Inès.
— Parce que si je ne m'étais pas blessé, je ne vous connaitrais pas.
C'était peut-être la toute première fois qu'Inès disait à peu près ce qu'elle ressentait pour autrui : la joie qu'elle pouvait éprouver en la compagnie de ses amies.
— Oh😉, mais nous aussi, ça nous fait super plaisir que tu sois là, avec nous. Et on est heureuse de vous revoir en bonne santé.
— Oui, mais si c'est pour être aussi malheureuse qu'avant, pas la peine😟.
— Pourquoi tu dis ça ?
Au même moment, Enzo arriva pour montrer fièrement à Inès les jouets qu'Arthur lui avait apporté des États-Unis. Ensuite, Lisa et Julie arrivèrent et engagèrent une conversation menée avec passion par Arthur. Inès ne participait pas vraiment à la conversation et répondait quand on lui adressait la parole. Mais elle écoutait tout avec un certain intérêt, qui ajoutait quelque chose de nouveau à son regard.
— Inès, dit soudain Arthur en se tournant vers elle, un voisin m'a dit que ta tante va recevoir un voyageur connu à Paris chez vous. Et qu'il restera deux semaines, c'est vrai ?
— Je sais pas...
— Ta tante ne t'en a pas parlé ?
— Non, elle ne me parle presque pas, tu sais. Deux ou trois jours avant l'arrivée du voyageur, elle me donnera l'ordre de faire la chambre, c'est tout.
On pouvait sentir de la peine dans sa voix. Chloé qui se trouvait à côté d'elle prit sa main dans les siennes.
— On sait bien qu'elle est trop sévère avec toi.
Les lèvres d'Inès se serrèrent alors.
— Mais non, vous ne pouvez pas comprendre, vous vous aimez les unes les autres, vous ne pouvez pas comprendre ma vie... Si on peut appeler ça une vie... Seule. Seule depuis treize ans, toujours toute seule.
Sa voix devenait alors tremblotante et son visage crispé. Sa douleur ne pouvait rester cachée.
— La pauvre😟... dit Chloé en regardant ses sœurs.
Elle serra encore plus fort ses mains. Julie et Lisa la regardaient avec pitié.
— Ta tante n'a pas d'affection pour toi ?
Inès se mit à rire légèrement. Un petit rire nerveux.
— De l'affection ? Je ne sais même pas si elle connait ce mot. Elle est sans pitié avec moi. Je la hais... Je la déteste, c'est tout.
Elle prononça ces derniers mots avec une certaine violence, qui étonna Arthur et ses cousines.
— Mais non, Inès, faut pas dire ça.
— Parce que tu ne sais pas... répliqua Inès. Tu ne sais pas tout ce que j'ai dû endurer. Tu ne peux pas savoir à quel point j'ai souffert. Tu ne sais pas combien de fois j'aurais préféré y passer plutôt que de vivre cette vie😰.
Soudainement, Inès resta silencieuse, puis laissa couler ses larmes, ses blessures secrètes qu'on ne peut pas voir, celles qui vous serrent le cœur, où le rêve est interdit. Personne ne l'avait jamais aimé.
— Non, tout n'est pas perdu, reprit Chloé.
Ses sœurs, elles aussi, penchées vers Inès, essayèrent de la convaincre :
— Rien n'est jamais perdu. Tu as toujours ton cœur, ton âme, ils sont à toi et personne ne peut te les voler. Et puis, dans quelques mois, tu auras 18 ans et tu ne seras plus obligée d'être emprisonnée chez elle. Pas vrai, Arthur ?
— C 'est vrai, à 18 ans, tu seras libre d'aller où bon te semble.
— Si c'était aussi simple... répliqua Inès. Je ne connais pas de métier, aucune formation, je n'ai jamais été à l'école comme les autres, j'ai eu des profs particuliers, mais pas tous les jours. Je n'ai rien pour me débrouiller. Je ne suis bonne qu'à m'occuper d'une maison.
— Non, tu n'as pas le droit de dire ça😌, rétorqua Arthur. Tu n'es pas bonne qu'à ça et tu ne seras jamais bonne qu'à faire une seule chose. Ce n'est pas parce qu'on ta orienter vers une direction que tu es condamnée à la suivre toute ta vie. C'est toi qui as ton destin en main, Inès, ait confiance en toi, tu as ton intelligence à toi. Ni moi ni mes cousines ne sommes plus intelligents que toi. Tu peux devenir tout ce que tu souhaites. Mais avant ça, il faut qu'on t'aide à sortir de la domination de ta tante, qui n'ai pas bonne pour ta santé physique et mentale.
Dans le regard passionné d'Arthur, sa tendre compassion devint plus douce encore.
— C'est impossible, dit Inès. Mon rêve d'enfant était de devenir infirmière, mais je n'ai même pas un baccalauréat, je n'ai rien.
— Et alors ? dit Arthur. Ma cousine est infirmière, elle pourra t'aider à préparer le bac en candidat libre. Tu pourras l'avoir, j'en suis certain. Ensuite, tu prépareras le concours d'infirmière et ce sera fait. Infirmière, tu pourras l'aider🙂?
— Avec plaisir😊 ! répondit-elle en souriant.

— Si c'était possible avec ma tante...
— Tout est possible ! répondit Arthur. En plus, mon ami le voyageur sera là dans trois jours. Comme c'est l'un des amis d'enfance de votre tante, je vais le convaincre qu'il faut qu'il m'aide à faire en sorte de vous libérer. On trouvera un moyen. Tu ne peux pas rester comme ça, ça va te tuer...
Les yeux d'Inès s'éclairaient et ses pupilles se dilataient. Ces mots lui donnèrent plein d'espoir. Elle trouvait Arthur si beau, mais ne comprenait pas vraiment ses nouveaux sentiments qu'elle éprouve pour cet homme.
— Nous aussi, on sera là pour toi, tu n'es plus seule maintenant, lui dit Chloé en la prenant dans ses bras.
— Merci pour tout, dit Inès sur l'épaule de Chloé.
Ils étaient tous autour de la table. Inès avait le regard légèrement penché, la paume de la main sur le menton et regardait Arthur pendant qu'il plaisantait.
Après un silence, Lisa s'adressa à Inès :
— Ma chérie, tout n'est pas mauvais, rassure-toi. On va te le prouver.
— Vous me l'avez déjà prouvé.
La voix d'Inès devenait toute douce. Enzo vint se rapprocher d'elle.
— Tu n'es plus triste maintenant, Inès.
Elle lui sourit.
— Oui, je vais mieux, mon petit loulou😊.
On pouvait tout de même ressentir une certaine mélancolie en l'observant bien. Elles avaient un doute sur son avenir.
Lisa reprit la conversation sur un autre sujet, plus joyeux, avec Chloé. Julie quitta le jardin pour aller chercher le goûter. En revenant, elle apporta des gâteaux et boissons sur la table.
— Ça va nous donner la pêche😀 ! dit-elle avec joie.
Inès jeta un coup d'œil discret à sa montre en plastique.
— Je vais bientôt y aller, ma tante reçoit un voisin ce soir et je dois aider la cuisinière de la maison à préparer le plat.

La fille maltraité et le milliardaire américainWhere stories live. Discover now