Episode 12

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                          "Il faut toujours être amoureux de quelqu'un quelque part"

— Oui, il travaille sur les nouvelles technologies. Il a monté sa boite à 21 ans, juste après sa Licence et maintenant, quatre ans après, il est déjà à la tête d'une grosse entreprise. Bientôt, son entreprise va même entrer en bourse. Mais je m'y connais pas trop, je peux pas t'en dire plus.

— Il est chef d'entreprise à 25 ans😮 ?
— Oui, c'est étonnant. Mais ce qu'il préfère, c'est l'humanitaire. Il dit que plus tard, il voudra quitter l'entreprise pour se consacrer aux autres, ça le passionne.
Inès, songeuse, tenait une fleur entre ses deux doigts, qu'elle faisait tourner. Elle demanda :
— Lisa, tu travailles dans la musique ?
— Oui, je suis DJ. Tu aimes quoi, toi, comme musique 🙂?
— Ben, en fait... J'écoute pas de musique. Je n'ai jamais écouter de musique😔.
— Jamais 😲?! s'esclaffa Lisa.
— Enfin... si, j'en ai déjà entendu, mais dans les hypermarchés, comme à Auchan ou dans les autres magasins. Mais j'y vais rarement.
Les filles se regardèrent alors d'un air gêné😐. Elles n'osaient pas trop parler de sa tante. Leur père leur avait conseillé d'éviter le sujet.
— Ma mère était dans la musique. Elle chantait...
— Ah bon ? dirent les filles.
— Tu peux nous en parler ? demanda Lisa.
Inés se redressa, enthousiaste à l'idée que quelqu'un s'intéresse à sa mère.
— Bien sûr😊 ! Ma mère était chanteuse de musique populaire. Elle était en train de réussir. Elle venait même de signer avec une maison de disque, mais n'avait pas eu le temps de sortir un album. Elle s'est éteinte avant...
— Je sais que ta mère te manque. Aussi ça ne te manque pas trop de ne pas écouter de musique depuis tes cinq ans ? demanda Chloé.
— C'est difficile à dire, mais je n'ai pas beaucoup de souvenirs de cette époque. Ma mère ne m'emmenait pas avec elle en studio, mais je l'entendais parfois chanter. Elle y a consacré toute son adolescence.
— C'est une belle histoire.
— Vous ne devez pas vous ennuyer, vous...
— Non, c'est vrai on ne s'ennuie pas, on a beaucoup d'occupations, mais toi aussi tu as beaucoup de travail.
— Ah ça oui ! Je n'ai que ça. Je n'ai rien. Vous... vous avez votre père, vos sœurs et votre petit frère aussi. Moi je n'ai rien😔.
— Vous avez vos tantes... répondit Julie.
Inès se tourna vers Julie, les yeux légèrement humides :
— Moi, je n'ai rien😢.
Julie n'insista pas.

Julie toucha à quelque chose de délicat chez Inès. Derrière ce visage qui devenait de plus en plus clair se cachait un cœur serré, mais qui ne demandait qu'à vivre.
Avec le temps, ils parviendront sans doute à soigner ce cœur, car aucun être humain n'est destiné au malheur.
La conversation devint ensuite de plus en plus joyeuse. Julie et Lisa racontaient les farces qu'elles se faisaient entre elles étant enfants.
En ramenant Inès dans sa maison à Sainte-Adresse, sur la route, les filles en profitèrent pour faire écouter à la jeune fille des titres de Taylor Swift à un volume élevé. Sa chanson préférée était « shake it off ». Inès souriait... Les filles dansaient en levant les bras dans la voiture.
Inès était joyeuse... C'était presque le bonheur.
En rentrant chez elles, les sœurs racontèrent à leur père la journée passée avec Inès. Le médecin déclara :
— Vous voyez, si elle peut sourire avec vous et que son visage est moins triste maintenant, c'est que quelque chose n'allait pas dans son âme. Il faut nourrir son âme d'énergies positives. C'est à vous mes chéries de faire en sorte qu'elle aille mieux. Moi, je ne peux plus faire grand-chose. Je vous donne le relais. Je compte sur vous😉.

Au pavillon de Sainte-Adresse, pendant le dîner, madame Leroy demanda à Inès :
— Vous avez fait une promenade avec les filles du docteur ?
— Oui, ma tante.
— Sont-elles bien élevées, au moins 🤨?
— Oui. Très bien élevées, dit Inès sans regarder sa tante.
— De quoi avez-vous discuté ?
Inès avala sa salive :
— Je ne sais pas.
— Comment ça, vous ne savez pas😠 ?
— Je ne sais pas, ma tante, je ne les écoutais pas vraiment, elles parlaient surtout entre elles.

Inès répondait aux questions de sa tante avec réserve et une certaine crainte. Elle se souvenait que quand elle ne satisfaisait pas les souhaits de sa tante, celle-ci lui tirait les oreilles en lui faisant des remontrances.
La plupart du temps, madame Leroy ne la regardait pas non plus lorsqu'elle lui parlait. Elle préférait passer par l'intermédiaire de sa secrétaire pour lui donner des ordres. Mais à ce moment du dîner, elle demanda de manière très sèche :
— Pourquoi baissez-vous les yeux ?
Inès leva alors son visage avec peur, en levant les épaules, ne sachant quoi répondre.
Madame Leroy continua donc de dîner sans parler ni regarder sa nièce.

Quelques jours après ce dîner, Inès décida de rendre visite à ses amies de la Mare-Rouge. Sur le chemin, elle croisa Monsieur Bourrin, un ancien bucheron, propriétaire d'une petite ferme. En la croisant, le fermier la salua en lui faisant un signe de la main, tout en la dévisageant et en regardant son popotin.
Elle ne savait pas vraiment pourquoi, mais elle n'avait pas du tout envie de connaitre ce gars, pour qui elle éprouvait de l'antipathie. Ce grand costaud qu'elle avait déjà vu parler avec sa tante lorsqu'il était avec sa mère, était très ami avec madame Leroy.
Inès se rendait presque chaque jour chez le médecin. On pouvait voir que son état de santé s'améliorait, son visage devenait de moins en moins terne, de plus en plus éclatant et ses cernes tendaient à s'estomper.
Malgré ces améliorations externes, Inès gardait secret le jardin de sa souffrance intérieure. Elle ne se confiait pas à ses premières et merveilleuses amies. Elle suivait sagement l'ordre que lui avait donné sa tante. Insensible la plupart du temps, elle n'exprimait pas ses sentiments, comme d'habitude. Sauf quand Lisa lui faisait écouter de bonnes musiques et qu'elles s'ambiançaient toutes ensemble dessus.

Quand les filles du docteur ne l'emmenaient pas en promenade, à pied, à cheval ou en voiture, Inès était alors contrainte de rester chez elle à Sainte-Adresse pour travailler de l'aube jusqu'au crépuscule.
Cette après-midi-là, Inès pénétra dans le grand jardin des Martin, où Enzo la guettait en sautillant près de la porte d'entrée. Quand il la vit s'approcher, il se mit à courir vers elle :
— Inès , Inès 😀😀😀! Content de te revoir !
Inès lui fit la bise.
— Arthur est revenu ! dit Enzo.
— Ah !... dit Inès.
Elle avait souvent entendu parler d'Arthur, surtout par ses cousines, qui ne parlaient de lui qu'en bien. Inès savait qu'Arthur était orphelin depuis tout petit et que son oncle, le docteur Martin, avait accepté de le prendre en charge comme son propre fils.
— Viens voir les jouets qu'il m'a offerts ! dit-il en la prenant par la main pour la diriger derrière la maison, vers les transats posés sur le gazon près des tables en bois.
En voyant Inès, Arthur, allongé sur l'un des transats et discutant avec Chloé, se leva avec enthousiasme.
— Inès te voilà 😁! dit-il d'une voix vibrante

La fille maltraité et le milliardaire américainWhere stories live. Discover now