Episode 15

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« Mets ton front sur mon front et ta main dans ma main,
Et fais-moi des serments que tu rompras demain,
Et pleurons jusqu'au jour, ô petite fougueuse ! »
Paul Verlaine
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— Ça va, je me disais que je n'allais pas vous embêter avec ma vie, je crois bien que c'est fini et puis je devrais retournée...
— Nous embêter🤨 ? Tu ne nous embêtes pas du tout. On serait tellement contentes de te voir retrouver une vie normale.
Assise à côté de Chloé, elle lui demanda en baissant la tête :
— Des fois, je me demande pourquoi des gens peuvent s'intéresser à moi🙄. J'ai l'impression de ne pas avoir de cœur.
— Mais non, ne dis pas ça. Si on est comme ça avec toi, c'est juste parce qu'on t'aime, ici, c'est tout😉.
Inès ne put s'empêcher de retenir une larme, qui coula le long de sa joue. Chloé la prit avec tendresse dans ses bras.
— Ne dis plus de choses horribles comme ça, ma chérie. On est avec toi, maintenant. On est tes amies. Et puis t'es pas sans cœur, il faut voir tes émotions quand tu parles de ce qui te fait souffrir pour comprendre que tu es très sensible.
— J'avais l'impression d'être joyeuse quand j'étais petite. J'ai quelques souvenirs du temps où j'étais avec ma mère...
— Tu verras, tout peut revenir. Cette joie reviendra. Tu étais plus joyeuse quand on était en ballade la dernière fois en voiture et à la plage, pas vrai ?
— Peut-être que ça reviendra, on verra...
— Oui. Mes sœurs sont à la plage, elles vont pas tarder, elles vont chercher de la viande, parce qu'il en manque un peu et puis... Il y a un ami de la famille, Antoine, qui viendra. Il vivait en Angleterre et il est avocat comme mon grand frère... comment il est trop beau, Inès☺️☺️☺️ ! Trop ! Trop ! Trop !
— Tu avais parlé de lui la dernière fois à la plage, si je me souviens bien ?
— Oui ! En plus, ça fait trop longtemps qu'on l'a pas vu. Mais ça va, des fois on se parle par Skype, Facebook ou par téléphone. Tout le monde l'aime bien à la maison. C'est aussi un bon ami d'Arthur. Ils se connaissent depuis tout petit.
— Arthur, il n'est pas là ?
— Si, il est sorti, mais je sais pas où il est. Et puis, on fera une petite balade après ! Ça te redonnera un peu de joie🤗, dit-elle en lui pinçant la joue.
Elles rient un long moment.
— Il faut que j'aille me changer, attends-moi là, j'arrive, dit-elle en s'en allant vers sa chambre. Arthur ne devrait pas tarder.
Elle se changea assez rapidement dans sa chambre, car elle avait déjà fait sa toilette. 15 heures.
En redescendant les longs escaliers qui séparaient sa chambre du Salon, Chloé vit Arthur sur le fauteuil, en train de parler avec Inès. Il lui parlait de tout ce qu'il connaissait en Côte d'Azur, comme les meilleurs coins, les meilleurs restaurants, la plage et les activités qui vont avec. Il lui proposait même de faire du ski nautique avec elle ; ce qu'elle accepta avec joie.
— On y va, les gars 😀?! proposa Chloé.
— Allez, on y va ! lança Arthur.

Ensemble, ils marchèrent près de la plage en papotant, ils goutèrent ensemble dans un restaurant de la plage et mangèrent de grandes glaces offertes par Arthur. Le temps passa très vite. À 18 heures, ils retournèrent à la Mare-Rouge. Inès ne devait pas rentrer trop tard. En revenant, dans la cour de la maison, il y avait une autre voiture garée dans le grand parking. Il y avait Lisa, Julie et un grand blond qu'Inès n'avait jamais vu auparavant. Il portait un pantalon en jeans bleu en une chemise en jeans de même couleur avec une coupe de cheveux très soignée.
— Oh ! dit Arthur en le voyant, voilà notre Antoine.
— Tu vas voir, il est super sympa😀, dit Chloé.
— Oui, il est super ! dit Arthur.
« C'est vrai qu'il a l'air sympa » se dit Inès en descendant de la voiture. Il avait un large sourire et l'air très à l'aise.
Chloé lui fit vigoureusement une accolade, tout comme Arthur qui présenta Inès à Antoine :
— C'est notre nouvelle amie, elle habite à Sainte-Adresse, juste à côté.
— Content de te connaitre🙂, lui dit Antoine.
— Moi aussi, lui dit Inès en lui faisant la bise.
Puis Inès dû naturellement rentrer chez elle. En arrivant au seuil de la porte de sa maison, elle trouva sa tante :
— Vous rentrez tard😠.
— Oui, on a fait une longue promenade.
— C'est ce qui vous a donné bonne mine, dit-elle en constatant que son visage s'était embelli et que ses yeux pétillaient. Elle avait l'air en pleine forme.
— Peut-être, dit Inès.
— Vous étiez où🤨 ?
— Pas très loin de la plage. L'une des filles du docteur a dû faire quelques courses, ensuite, nous avons mangé des glaces.
D'accord, répondit-elle de manière très sèche. Demain, de bonne heure, vous allez préparer la chambre du rez-de-chaussée, nous allons recevoir la visite d'un vieil ami. Aussi, dites à Joséphine ou autre de faire des courses et de contacter le poissonnier.
« Ça doit être l'ami d'Arthur. Il m'a dit qu'il viendra surement pendant les vacances » se dit-elle.
Le lendemain, Arthur confirma que c'était bien Pierre qui viendra ce jour-là, puisque ce dernier avers reçut un message le prévenant de son arrivée.
— Vous avez vu ! Vous voyez bien, pour elle, je suis pas importante, moins importante que les servants Mathilde et Baptiste, qui sont au courant du nom de la personne qui viendra. Alors que moi, je suis sa nièce, je ne sais même pas qui viendra nous rendre visite. Elle ne me dit rien. Je suis rien pour elle.
Julie posa une main sur son épaule.
— C'est dur pour toi mais les choses iront de mieux en mieux avec le temps. Et surtout il faut pas que tu aies de la rancune envers ta tante. Un jour, tu apprendras à lui pardonner.
— Lui pardonner ?
Inès, assise tout près de Julie eu un tressaillement et se redressa.
— Julie, jamais je ne pourrais lui pardonner ! Jamais je ne lui pardonnerai tout le mal qu'elle m'a fait, tout ce qu'elle m'a fait subir toutes ces années. Il y a des choses qu'elle m'a fait subir dont je ne pourrais jamais parler et... et qui😓...
Soudain, ses yeux se remplirent de larmes. Elle n'avait pas l'habitude de se confier et pour elle, ces sentiments qui émergeaient en elle étaient déstabilisants.
Julie posa sa main sur son bras pour la secouer très légèrement avec tendresse:
— Tu verras, un jour, tu apprendras à pardonner, à panser tes plaies. Et puis, une femme qui se comporte comme elle ne peut être que malheureuse.
— Malheureuse, elle ? Non, son ego lui suffit. Elle n'aime personne. Elle ne ressent rien. Tout ce qu'elle a, c'est une absence de sentiment, et ce qu'elle veut, c'est me transmettre ce manque.
— Qui sait ? répliqua Julie, je veux pas la déculpabiliser, mais l'amour est un sentiment. Parfois, les gens ne savent pas comment exprimer leur amour, alors la raison, la peur prend le dessus sur tout et empêche l'amour de s'exprimer. La haine est un amour frustré, et le malheur est un bonheur frustré. Alors, qui sait ? Peut-être qu'elle est juste malheureuse et que tu lui pardonneras un jour, qui sait ?
En écoutant ses mots, Inès ne répliqua pas. Elle avait entendu de la part des sœurs, surtout de la plus grande, qu'elle avait des dons pour comprendre ce que ressentaient les autres. Une sorte d'empathie surdéveloppée.
L'après-midi, tout le monde resta à la maison. Antoine avait inventé des jeux pour divertir le petit Enzo et Charlotte, pendant qu'il racontait des anecdotes, plaisantait et amusait tout le monde. Même Inès se mit à rire, avec une sorte d'étonnement, de timidité, comme quelqu'un qui n'était pas habitué à rire et s'amuser.
Arthur aida Julie à choisir les titres de musique à faire tourner pour ambiancer la maison, pendant que Chloé apportait des gâteaux qu'elle avait préparés.
Julie portait une superbe robe rose en harmonie avec son joli corps de petite brune. Elle paraissait plus gaie que d'habitude et taquinait Antoine. Au même moment, le docteur arriva et la conversation prit une tournure beaucoup plus sérieuse. Il interrogea Antoine sur ses voyages dans le monde et le réseau qu'il avait établi. Antoine raconta alors ses aventures avec son enthousiasme si particulier.
Avant le crépuscule, Julie, Antoine, et Arthur quittèrent la Mare-Rouge en accompagnant Inès chez elle, puis la déposèrent devant la maison. La voiture se redirigea vers la Mare-Rouge et Antoine fit cette remarque :
— Elle est très jolie, cette Inès. Avant mon arrivée, vous disiez qu'elle avait mauvaise mine et qu'elle était terriblement malheureuse.
— Oui, dit Julie. Elle l'était. Si tu avais vu comment elle était il y a juste un mois...
Arthur regardait au loin par la fenêtre en contemplant le ciel. Le crépuscule se montrait presque et il se dit au fond de lui en souriant :
— Elle change, notre Inès, elle change🙂...

Le lendemain, juste après le déjeuner, tante Leroy regarda sa fille avec un certain dédain pour lui donner cet ordre :
— Habillez-vous dans une meilleure tenue, nous irons rendre visite à madame Bourrin, la mère de monsieur Bourrin.
Inès, qui à son habitude ne protestait jamais un ordre de sa tante, et ne montrait aucune émotion particulière, ne put s'empêcher de froncer les sourcils, en acceptant tout de même sans aucun enthousiasme.
Elle trouvait maintenant cela très bizarre. Cette visite l'ennuyait terriblement. Bizarre, car sa tante ne l'avait jamais emmenée voir qui que ce soit dans ses contacts, comme si elle avait honte de sa nièce, et cela l'ennuyait car elle n'avait pas envie d'entendre parler de monsieur Bourrin.

Quand sa tante se décida à aller rendre visite à son amie, ils prirent la voiture conduite par Baptiste, qui conduisait assez lentement. Pendant tout le trajet, Inès et sa tante n'échangèrent pas un seul mot, comme d'habitude. En arrivant devant la maison de madame Bourrin, Baptiste les salua lorsqu'elles descendirent de la voiture, puis retourna à Sainte-Adresse. Inès et sa tante se retrouvèrent devant une barrière où était posté un chien de chasse qui avait l'air très sale et qui, attaché à sa laisse, salua gentiment les nouveaux arrivants en leur aboyant violemment dessus.
— Ta gueule, Cannabis 😤😤😤! cria par la fenêtre la voix cassée de la mère de monsieur Bourrin.

La fille maltraité et le milliardaire américainOù les histoires vivent. Découvrez maintenant