Episode 41

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La réponse fut tranchante. Dans les yeux de son amie, Pierre voyait ses mauvais jours.

— Mais pourquoi ? S'il se plaisent, tu ne peux pas les en empêcher...

— Ils ne se plaisent pas.

— Si, ils se plaisent... Arthur surtout... Je suppose qu'Ines aussi.

— Et ils-t-on demandé de me faire une proposition ?

— Oui, ils veulent vivre ensemble, tu peux me croire, ça ferait le bonheur d'Ines.

Madame Leroy détourna son regard de Pierre.

— Oh, je ne sais pas Pierre, avec ces histoires, on ne sait jamais, de toute façon. Mais pour le moment, je ne veux pas en entendre parler.

— Mais pourquoi ?

Elle ne dit plus un seul mot pendant quelques secondes, puis déclara, le visage tendu :

— Ines est trop jeune, je m'en rends compte maintenant, elle est trop jeune. On doit prendre soin de sa santé, aussi...

— Le bonheur est le meilleur des remèdes.

— Oh, toi et ton le bonheur !... Le bonheur ! Le bonheur ! Mais qu'en sais-tu du bonheur ?

La voix avec laquelle elle jeta ces mots fût contenue à cause des autres invités présents dans le salon, mais on pouvait sentir l'irritation dans le timbre de sa voix.

— ... Sa mère aussi y croyait à ce bonheur, en épousant son mari qui s'est enfui comme un voleur. Si on ne mettait pas l'idée du bonheur dans la cervelle des gens, ils n'y penseraient même pas et ne seraient pas malheureux, voilà ce que je pense.

— Mais tu ne vas pas comparer le père d'Ines avec Arthur, enfin ! Ils n'ont rien à voir, tu peux demander à tous ceux qui le connaissent. Réfléchis à ce que je te dis, on en reparlera plus tard.

Les yeux de madame Leroy dévoilaient sa rage.

— Ines sait-elle déjà qu'il veut vivre une histoire avec elle ?

— Oui, il lui a proposé quand il l'a sauvé. Il l'a aimé dès le premier jour. Quand il l'a vu par la fenêtre de sa chambre quand il était à cheval, ça a été le coup de foudre pour lui... Pour elle aussi, sans doute. L'amour l'a retiré le désespoir qui était en elle ses dernières années et qui l'a conduisait à la mort.

Pierre vit les mains de la tante d'Ines se serrer et son visage se tendre de plus en plus. Il redouta une réplique cinglante. Mais elle se contenta de lui demander :

— C'est elle qui vous l'a dit ?

— Elle ne me l'a pas dit à moi mais à ses amis, les Martin et Arthur. Ils l'on sauvé... Et c'est une fille très sensible, malgré tous les efforts que tu as faits pour enfouir cette sensibilité. Il ne faut plus la faire souffrir, elle est charmante.

Madame Leroy, après cette discussion, observa le petit Enzo qui avait l'air de chercher quelqu'un du regard, puis s'élança vers Ines, lorsqu'elle arriva avec Arthur dans le salon. 

La fille maltraité et le milliardaire américainWhere stories live. Discover now