Episode 33

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— Non, asseyez-vous ici, à côté de Pierre.

Pendant le repas, elle conservait cet air fermé qui la caractérisait en présence de sa tante. Mais quand Pierre commença à lui parler, son visage se détendit. Elle devenait instantanément plus apaisée.

Elle avait parfois ce sourire qu'Arthur aimait tant.

Pierre observa de temps en temps le visage de son amie Bernadette. Elle avait un peu maigri. Parfois, elle regardait dans le vide, elle avait l'air pensive. Peut-être pensait-elle au temps d'autrefois où elle était joyeuse, lorsqu'elle était la première à faire la fête, à boire et à danser.

Regrettait-elle vraiment d'avoir tirer un trait sur cette vie ? Pierre se posait parfois cette question. Un jour, il lui avait même dit « c'est impossible que tu sois devenue cette femme froide qui ne croit ni au bonheur ni à l'amour ». Mais elle ne répondait pas lorsqu'il disait des choses pareilles. Alors, il était convaincu qu'elle regrettait la vie qu'elle menait et qu'au fond, peut-être qu'elle était juste effrayée.

Peut-être qu'elle avait tellement pris de coups dans sa vie, qu'elle aussi se laissait aller. Indifférente à tout ou presque. Peut-être que la mort de sa sœur la hantait et qu'elle voulait retirer tout ce qui la menait à ce souvenir atroce. Même si ce tout était une petite fille. Mais elle était bien trop orgueilleuse pour avouer qu'elle avait des regrets.

Cette absence de vie contrastait avec le nouveau visage d'Ines et sa tante, comme Pierre, le remarquait très bien. Pierre savait que c'est la promesse d'Arthur qui la mettait dans cet état. Madame Leroy l'ignorait pour le moment mais elle ne tarderait pas à l'apprendre. Ce qu'elle se disait, c'est simplement que sa jeune nièce ressemblait de plus en plus à sa mère, « peut-être à cause de la musique qu'elle écoutait » pensait-elle.

La fille maltraité et le milliardaire américainWhere stories live. Discover now