Episode 21

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« Aimes moi un juste un instant: le temps d'une vie »

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Robert entra dans la pièce d'un coup sans frapper.
— Salut tout le monde ! Je vous apporte de la bonne nourriture ! (le chien galeux de sa tante avait léché les cerises) prévint-il, fier de lui ! Il salue rapidement Pierre et chaudement Ines et sa tante. Puis il se mit à parler de sa cueillette qu'il avait faite avec sa mère et parla de politique en critiquant vigoureusement le maire de la ville.

Pierre, assez âgé, ne pensait pas sage de juger les gens sans vraiment les connaitre alors il se dit « il n'est pas méchant, mais c'est vrai qu'il aime bien se vanter et est quand même vulgaire dans ses paroles, il faut bien l'avouer ».
Comme d'habitude, Ines restait silencieuse pendant que Robert parlait. Pas un mot. Mais Pierre, lui, peu bavard, avait bien remarqué à ce moment-là que monsieur Bourrin ne faisait que regarder la jeune fille.
D'ailleurs, au moment de s'en aller, il se leva et se permit de lui dire :
— Mademoiselle, ma mère sera contente de vous voir bientôt, elle a hâte de vous revoir.
« Bah pas moi » se dit Ines.
— Elle sera ravie elle aussi, répondit la tante à la place de sa nièce. Elle m'accompagnera demain chez elle, on devra vous parler de quelque chose de très important.
« Merde ! » se dit Pierre dans son cœur. « Elle veut lui annoncer, c'est terrible ». Il se dit qu'il fallait qu'il lui parle quand Robert s'en irait mais, soudain, il se souvint qu'avec Arthur ils avaient mis en place un plan pour contrer le projet de la tante.
Dans ses yeux, on pouvait voir que Robert était super content, comme un enfant devant un paquet de bonbons.
— À très bientôt, alors ! dit Bourrin.
En s'en allant, Ines commençait à s'en aller vers sa chambre. Mais la voix sévère de sa tante l'arrêta.
— Vous n'irez pas à la Mare-Rouge aujourd'hui, travaillez dans votre chambre ou dans le jardin.
Ines, le dos tourné, se retourna avec surprise vers sa tante.
— J'avais dit à mes amis que je les accompagnerais en ville.
— Nous n'avons pas leur numéro, mais Pauline ira les prévenir de votre absence.
Pierre crut à ce moment que la jeune fille allait se rebeller et comprit qu'elle se retenait en se forçant et que cela n'allait sans doute pas durer.
Elle regarda encore sa tante pendant trois longues secondes puis quitta la salle rapidement.
Madame Leroy la suivait des yeux comme par défi, comme si elle remarquait que quelque chose était en train de changer chez sa nièce.
— Allons faire un tour, proposa-t-elle à Pierre.
Il la suivit. Tous deux sortirent dehors. Ils s'arrêtèrent juste en face de la maison, puis se posèrent sur un banc.
— Pourquoi tu empêches ta nièce de faire cette balade ?
— Parce que ses relations avec les Martin ne me plaisent pas du tout, je te l'ai déjà dit. Elle sera fiancée demain et Robert n'aime pas les Martin, j'en suis certaine. Il n'aime pas les riches.
— Mais Bernadette, dit Pierre d'un rire gêné, vous n'allez pas donner cette petite à ce monsieur-là, non ?
— Pourquoi pas ?
Elle le regarda elle aussi à ce moment-là avec un regard de défiance.
— Parce qu'ils ne sont pas du tout faits l'un pour l'autre. C'est évident.
— Qu'est-ce que tu en sais, Pierre ? Robert est parfait pour Ines. Je sais très bien ce qu'il lui faut. Et puis c'est un homme sérieux.
— Et bien, ce n'est pas ce que j'ai entendu dire.
— Ah oui ? Et par qui ? Je me demande comment tu t'es renseigné sur lui. Tu n'habites même pas là... C'est les autres ? Les Martin ? Ils sont là depuis moins longtemps que moi, pas fiables...
Madame Leroy se mit presque à rire.
— Peut-être, ajouta-t-elle qu'ils veulent faire marier ma nièce à l'autre petit riche... Comment il s'appelle, déjà ?
— Arthur ?
— Oui.
— C'est déjà mieux que ton Robert Bourrin.
— Pour toi, oui. Mais pas pour moi.

La fille maltraité et le milliardaire américainOnde histórias criam vida. Descubra agora