Chapitre 79

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Il n'avait pas été facile de traverser le champ de bataille sans encombre. Sabo et moi restions ensemble, et cela n'empêchait pas les marines de se précipiter vers nous, de plus en plus nombreux et prêts à se battre. Le révolutionnaire les dissuadait avec ses flammes, et moi, trop heureuse d'être enfin libre, j'en profitais pour mettre à profit mes capacités de fruit du Démon et mon Haki. J'avais pu repousser beaucoup de soldats avec de simples cris ou des coups de poings, mais j'avais fait l'erreur de surestimer ce qu'il me restait de forces. Après quelques hurlements, ma faiblesse m'avait peu à peu regagné. Mes blessures, à force de mouvements brusques, s'étaient rouvertes et laissaient à nouveau le sang s'échapper de mon corps, petit à petit. Je me sentis prise de vertiges, mais je tins bon comme je pouvais. Je fis de mon mieux pour me défendre en privilégiant mes pouvoirs de fruit du Démon, qui me demandaient moins de forces qu'un combat au corps à corps, mais plus je les utilisais, plus je sentais ma tête tourner et mes jambes trembler. 

Un bref instant, je secouai la tête. C'était loin d'être le moment de flancher, je devais donner mon maximum jusqu'à ce que mon corps tombe lui-même de fatigue. Avec Sabo à mes côtés, nous combattâmes soldat sur soldat, quelquefois des gradés, tout en évitant de temps en temps une attaque de lumière ou de magma lancée dans notre direction. Les difficultés se rajoutaient les unes sur les autres, nous compliquant de plus en plus la tâche, mais petit à petit, je vis mes nakamas, armés jusqu'aux dents, se jeter sur nos ennemis en les attaquant violemment. Tout en les combattant, certains de mes camarades nous ordonnaient en criant de partir vite et c'est ce que nous fîmes immédiatement. Je ne pouvais m'empêcher de me sentir coupable. J'aurai voulu rester, protester et les aider, mais je n'étais pas assez folle pour me jeter dans la gueule du loup au vu de mon état, d'autant plus qu'en restant, je ne ferai que rajouter du danger à mes alliés. Je devais ravaler ma fierté et mon envie d'agir insolemment, pour eux tous. La seule manière que j'avais de les aider était de réussir à fuir de cette forteresse. 

Nous étions parvenus à nous frayer un chemin parmi les combats et nous avions quitté le champ de bataille et la cour en nous engouffrant dans un couloir annexe. Sabo en tête, nous courrions sans nous arrêter, mais je peinais à suivre le rythme. Le blondinet s'occupait des soldats venant vers nous avec ses flammes, ne me donnant comme simple travail que celui de courir, mais j'avais beau mobiliser toute ma volonté, mon corps ne suivait plus, et mes jambes se dérobèrent sous le poids de mon corps. Je tombai au sol, face contre terre. 

- Izzy !! 

Je relevai la tête. Sabo s'était retourné et me regardai, une mine mi-surprise mi-effrayé sur le visage. Je lui offris un sourire. 

- J'ai trébuché… 

Une quinte de toux me prit soudainement, me coupant dans ma parole. Je portai ma main à ma bouche et essuya rapidement le sang qui commençait à couler au coin de mes lèvres. Tout à coup, je sentis un bras passé sous mes épaules me relever et me soutenir à moitié, alors que Sabo murmura à mon oreille :

- Il faut qu'on aille à un balcon ou une fenêtre et tout sera fini. Tiens encore un peu, je t'en prie. 

Tout en haletant, j'hochai la tête. Je voulus prononcer quelques mots, mais rien ne sortit de ma bouche. Mon corps était trop faible pour me laisser parler et c'était à peine si Sabo ne devait pas totalement me porter pour que je puisse avancer. Ensemble, nous fîmes quelques mètres en plus, mais bientôt, je vis de mes yeux devenus flous des ombres blanches et bleus nous barrer la route. Le bras sous mes épaules me lâcha et sans soutien, je retombai immédiatement au sol. Je poussai un couinement de douleur rauque. J'arrivai à peine à respirer et à bouger. Devant moi, je distinguais une silhouette entourée de lueurs orangées. Sabo. Il s'était tourné un bref instant dans ma direction. Il semblait crier quelque chose… "Fuis", je crois… Ou "Cours"... Mais même si je le voulais, je ne pouvais pas…

Les marines semblaient être de plus en plus nombreux. Sabo essayait de les repousser, mais il était dépassé, il n'utilisait pas ses flammes car il était trop près de moi. Ses traits semblaient se tordre sous le coup de la pression. Je sentis mon corps trembler. Une larme coula sur ma joue. Pardon, Sabo. Je culpabilisai d'avoir un corps aussi faible et de ne pas avoir économisé mes forces depuis que je les avais récupéré. Il m'était insoutenable de ne pas pouvoir l'aider et de le voir aussi acculé par simple peur de me blesser.

Mon cœur rata un battement. Un souffle étranglé m'échappa alors que je mettais toute ma volonté à me redresser ne serait-ce qu'un peu. Le moins que je pouvais faire était de ramper et de me mettre à l'abri pour laisser le champ libre au jeune homme et qu'il puisse totalement se déchaîner. Mais ce fut inutile, je retombai immédiatement au sol.

- IZZY ! 

Ce hurlement, pourtant si proche, me parut lointain. Je vis Sabo, un rictus sur le visage, accélérer son rythme de combat et le rendre plus brutal. Il y avait de plus en plus de soldats et avec le fardeau que je représentais, ses techniques de feu et de Haki étaient limitées. C'était fini. On avait perdu. On allait mourir… Non, j'allais mourir. Le dernier espoir que j'avais étais d'espérer que Sabo et les autres ne seraient pas idiots et s'enfuiraient sans moi, dès que j'aurai été achevée.

Des larmes perlèrent mes joues, alors que je relâchais tous mes muscles. Pardonne-moi, Shanks… On dirait bien qu'au final, ce ne fut qu'un faux-espoir. Je ne rentrerai pas.

Soudainement, alors que je me préparais mentalement à ce qui allait suivre, ma vue fut totalement embrumée. Littéralement, une fumée m'aveuglait et s'insinuait dans mes voies respiratoires, me faisant tousser. Je sentis une main m'agripper fermement l'épaule. 

- Ma dette est payée. Je n'hésiterai plus à t'arrêter. Pour le moment, déguerpis.

Cette voix grave et autoritaire me fit vaguement sursauter. Je connaissais cette voix, elle m'était familière… Mais j'étais trop épuisée et je n'avais pas la force de réfléchir. Un souffle m'échappa. Tout à coup, je me suis sentie soulevée du sol. Une main précautionneuse mais tremblante maintenait ma tête contre une surface douce et recouverte de tissu, tandis qu'une voix, plus douce que la dernière, me chuchota :

- Je me charge du reste. Tu peux te reposer. 

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Petit rappel destiné aux participants de la foire aux dessins : dernier délai demain, je posterai les dessins le 1er février pile !

Une Question de Justice [One Piece]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant