Chapitre 102

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De nombreux chuchotements retentirent. De temps en temps, un pleurs ou un cri de joie se faisait entendre, mais les villageois restaient chez eux, à nous observer derrière leurs fenêtres. Certains parents cachaient les yeux de leurs enfants et d'autres, après nous avoir jeté un regard méfiant, se mettaient à parler à l'oreille de l'autre. J'échangeai un coup d'œil surpris avec Noah, qui, aussi étonné que moi, se mit à parler d'une voix forte, encourageant chaleureusement la population à sortir, les rassurant en leur déclarant que tout danger était écarté. Mais ce n'était pas ce que semblaient penser ses concitoyens. Je voyais bien que leur peur et leur rage convergeaient en une seule émotion dans ma direction. Néanmoins, je restai stoïque, sans me soucier d'eux. En tant que pirate, je reprenais petit à petit l'habitude d'être rabaissée au rang de parasite. Le bon vieux temps. 

- Isiris… Je suis désolé de leur comportement, ils ne devraient pas réagir comme ça. 

Après un léger temps de silence, je finis par me retourner vers Noah. Je lui offris un sourire apaisant, puis fis volte-face et commençai à revenir sur mes pas. 

- Allons rejoindre Sorën. 

J'entendis la Girouette rapidement balbutier, puis il se tut et ses bruits de pas se firent entendre. Sans ajouter un mot de plus, nous marchâmes côte à côte, jusqu'à remonter vers la place du village. 

En arrivant, un torrent de voix déchaînées nous accueillit. Plusieurs villageois, entendant le vacarme causé par le départ précipité des pirates, étaient sortis de chez eux, au contraire de leurs voisins un peu plus éloignés du centre du village. 

La foule était dense. La place avait été totalement envahie, au point que je n'arrivais pas à trouver Sorën. En donnant des coups de coude par-ci par-là, je réussis à me frayer un chemin parmi les villageois. J'essayai de rejoindre le centre de la place où, je le pensais, se trouvait mon ami. Cependant, en me voyant passer, les habitants devant lesquels je passais se turent. Progressivement, le silence gagna la foule. En relevant la tête, je remarquai que tous me regardaient avec horreur, comme si j'étais une créature de malheur. Je me stoppai dans ma marche. Un villageois, le corps tremblant, leva le bras et me désigna du doigt en s'écriant :

- À mort ! 

J'écarquillai les yeux de surprise, mais avant que je puisse réagir, plusieurs habitants s'étaient jeté sur moi et s'évertuaient à me maîtriser. Deux me tenaient les bras et l'un me ceinturait, mais je ne me défendis pas. J'étais trop occupée à les regarder avec surprise, ne comprenant pas pourquoi leur réaction envers moi était encore plus virulente que celle de leurs voisins. Au loin, j'entendis vaguement la voix de Noah s'élever et essayer de protester, mais personne ne semblait l'entendre. Ils étaient trop occupés par moi. À ceux qui me maintenaient, je tentai de leur demander pourquoi autant d'agressivité, mais ils ne prirent pas la peine de me répondre et au contraire resserrèrent leurs prises. J'eus un soupir. Je ne voulais pas leur faire du mal, alors je fis au maximum pour me dégager avec des mouvements rapides et fermes. Par mes simples mouvements, mes assaillants furent envoyés au sol. Ils poussèrent des cris de surprise et de douleur et se tinrent une jambe ou un bras en grimaçant. Je fronçai les sourcils. Leurs simulations avaient ramené le calme auprès de leurs concitoyens, un calme horrifié. D'autres, armés d'un bâton et de plusieurs couteaux, s'approchèrent à leur tour, une mine menaçante sur le visage. Je recula en esquissant un mouvement pour prendre mes saï, mais je me stoppai net avant d'avoir dégainé. Je n'avais pas envie de me battre, du moins contre eux. Ils n'étaient que des victimes, encore emplis de haine et en tant que pirate, j'étais le parfait bouc émissaire sur lequel ils pouvaient se venger. 

Tandis qu'ils approchaient, je jetai un bref coup d'œil autour de moi. La foule m'entourait, il m'était donc impossible de m'enfuir sans combattre et les blesser. Je serrai les poings. Si je devais un peu les bousculer pour m'en aller, ce ne sera pas avec ces saï conçus pour le meurtre. Autant leur faire le moins de mal possible. 

Alors que les villageois armés étaient à portée d'attaque, leurs couteaux fendirent l'air dans ma direction. J'ancrai mes pieds au sol et gardai mon corps sous tension, le gardant prêt à éviter dès que mon Haki de l'observation sera entré en action, mais alors que je me préparai à esquiver les futurs coups, j'entendis une voix forte s'exclamer :

- Arrêtez ! 

Surprise, je délaissai les villageois pour chercher l'origine de la voix. Plus loin, un peu plus élevé que les autres, se tenait un jeune homme aux cheveux bleus. J'eus un sourire. Sorën semblait bien se porter, après le court combat qu'on venait de mener. Je voulus faire quelques pas dans sa direction, mais les rangs des villageois se densifièrent, m'empêchant de faire un pas de plus. 

Je vis le visage de mon ami se renfermer et se durcir. Les sourcils froncés et une voix sèche dans la gorge, il s'écria :

- Vous tous. Je vous défends de faire le moindre mal à notre sauveuse, est ce que c'est bien clair ? 

Des chuchotements se firent entendre. Les villageois s'étaient tournés vers Sorën et le regardaient avec surprise, mais le jeune homme ne leur laissa pas le temps d'ouvrir la bouche. Il tendit la main dans ma direction tout en déclarant :

- Viens me rejoindre. 

Je restai un moment immobile, ne sachant que faire. Sorën, qui jusque-là semblait me détester fermement, me souriait. Je ne savais qu'en penser. Devant moi, la foule avait commencé à me tracer un chemin jusqu'au centre, presque à contrecœur. Je leur jetai un rapide regard. Leurs yeux traduisaient une grande méfiance, mais ils avaient assez confiance en leur chef pour lui obéir. En restant sur mes gardes, au cas où l'une de ces personnes ne me sautent à la gorge, j'avançais jusqu'à atteindre mon ami. Il m'invita à monter sur les caisses improvisées en estrade, et ce fut à ce moment là que la population commença à se révolter, à pousser des cris et des hurlements en colère. Certains demandaient ma mort. D'autres criaient à Sorën de ne pas se fier à moi, mais le jeune homme les fit taire d'un simple regard. 

- Akoya D. Isiris. 600 millions de berrys. Pirate du Roux mais également notre sauveuse. Je lui fais entièrement confiance. Que celui qui a quelque chose à ajouter s'avance et ose me confronter ! 

Les sourcils froncés, il détailla ses concitoyens avec provocation, mais aucun ne s'avança. Ils restèrent tous immobiles, le regard fixé sur leur chef ou dirigé dans ma direction. Je restai silencieuse, attendant leurs réactions, et m'étonnant intérieurement du nom et de la somme qu'avaient évoqués mon ami. La Marine devait avoir mis à jour mon avis de recherche, et ils ne devaient pas s'être gênés pour augmenter ma prime et dévoiler mon nom complet à tous… Contre mon avis, évidemment, ce ne serait pas si hilarant autrement. 

- Oi, Isis ! 

Je relevai brusquement la tête. La foule s'était retournée, suivant mon regard vers le petit groupe armé qui se situait à l'écart des autres. À leur tête, un roux, un blond avec un chapeau haut-de-forme et un autre aux cheveux gris. J'eus un sourire. Donc ils étaient finalement venus… Mon capitaine fronça les sourcils tout en regardant les villageois, avant de lever les yeux dans ma direction. 

- Tout va bien ? 

J'échangeai un bref regard avec Sorën, qui hocha la tête. J'eus alors un sourire, tout en répondant au Yonko. 

- Vous arrivez à temps pour boire un verre. 

Une Question de Justice [One Piece]Where stories live. Discover now