Chapitre 17

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Notre naufrage en mer s'était soldé par un sauvetage in extremis. Mais nous avions atterrit sur une mauvaise île. Une île de la Marine.

Pour ne pas nous faire repérer, nous nous étions enfoncé dans la forêt et caché dans le tronc creux d'un grand arbre jonchant le sol. Pas très confortable mais cela faisait l'affaire. Un silence de mort régnait entre nous deux, et nous faisions le moins de gestes possible. Avec la Marine, il valait mieux trop que pas assez.

La pluie avait cessé, révélant un ciel nocturne étoilé. Il devait être assez tard car à présent, mon compagnon dormait à poings fermés. Je ne savais pas comment il faisait pour être aussi détendu dans une telle situation, on pouvait se faire repérer à tout moment. Je le laissai sommeiller, mais croisai les doigts pour qu'il ne ronfle pas.

Je finis pas sortir discrètement du tronc. N'arrivant pas, comme mon nakama, à trouver le sommeil, l'idée de faire un tour de garde m'avait prise. La lune éclairait assez bien le bois pour que je puisse inspecter le matériel naturel. Il nous faudra du bon bois et des feuilles pour construire un radeau un minimum solide qui pourra nous mener jusqu'à notre équipage. En gardant une oreille attentive, je déambulai parmi les arbres, m'appuyant contre les troncs et pliant quelques branches, mais jusque là, aucun ne semblait assez résistant... À ce rythme là, nous allions peut être devoir voler un cuirassé. Je soupirai. S'attaquer à la Marine ne faisait pas partie de notre emploi du temps actuel.

Une ombre passa devant mes yeux. J'eus le temps de sursauter mais pas de réagir avant de ressentir une vive douleur au ventre. Je poussai un gémissement. VLAN ! Mon corps fût envoyé contre un arbre, je tombai au sol.
Les coups avaient été brutaux, mais pas pour autant violents. Je me relevai sans encombre et cherchai du regard mon agresseur. Mais je ne vis rien, il y avait trop d'obscurité. Je fermai brièvement les yeux, me concentrant sur mon Haki de l'observation.

À droite. J'attrapai mes saï et les croisai à la droite de ma tête, empêchant ainsi à une main de m'atteindre. Je fronçai les sourcils. Cette main était étrange, on aurait dit une serre de dragon. Du coin de l'œil, je vis la silhouette qui me servait d'adversaire esquisser un mouvement. Retenant la "serre" d'un de mes saï, je me servis de l'autre pour bloquer... Un tuyau ? Pourquoi pas, c'était une arme comme une autre. Je décidai de ne pas laisser mon agresseur respirer. D'un coup de pied, je le poussai vers l'arrière. Il tituba, la lumière nocturne l'éclaira et je pus enfin voir son visage. Je restai un moment statique, avant de faire quelques pas en arrière en me mettant en garde. Je m'attendais à un soldat de la Marine, pas au numéro 2 de l'armée révolutionnaire.

Qu'est ce que Sabo le révolutionnaire venait faire ici ? Sa réputation était grande et d'après les dires il était très puissant, en plus d'être le subordonné de l'homme le plus recherché au monde. Raison de plus pour faire extrêmement attention.
Le jeune homme se redressa. Il remit son chapeau correctement en poussant un "ouf" presque joyeux, et reprit son tuyau.

- Tu es plutôt forte, pour une marine du G-5.

Il avait un léger sourire. Bien loin de m'irriter, ces paroles m'avaient fait comprendre pour qui il me prenait et contre qui il voulait se battre. Lentement, je vins ranger mes armes à ma ceinture, et levai à demi les mains en l'air.

- Tu te trompes, je ne suis pas avec eux.
- Dans ce cas, pourquoi tu portes l'un de leurs manteaux ?
- Et toi, pourquoi tu te bats avec un tuyau ?

Je restai stoïque. Si il voulait s'en prendre à la Marine, il se trompait d'adversaire en m'attaquant. Un duel ne nous apporterait rien. Je tentai de lui sourire pour le mettre en confiance, bien que sincèrement, je doute qu'il baisse sa garde. Un déclic se fit alors entendre. Il ne venait ni de moi, ni de Sabo. C'était Beckmann. En se réveillant, il avait dû remarqué mon absence et était parti à ma recherche. Il avançait lentement, en tenant en joue le révolutionnaire. Celui-ci eût un léger ricanement, sûr de lui.

- Le second de l'équipage du Roux... Bock, c'est ça ? Baisse cette arme.
- Beckmann. Et toi, éloignes-toi d'elle si tu ne veux pas manger les pissenlits par la racine.

Un Beckmann encore plus sérieux que d'habitude, c'était impressionnant. Cependant, le pistolet et ce sérieux menaçant étaient inutiles, je ne voulais aucun éclat de voix ni aucune effusion de sang, nous n'avions aucune raison de nous entretuer. De la main, je fis signe à mon mentor de baisser son arme. Il semblait surpris.

- T'en fais pas, ce n'est pas un ennemi !

Je lui offris un vague sourire avant de me tourner vers un Sabo qui semblait totalement perdu. Quelque part, je le comprenais, il y avait de quoi être confus de rencontrer un pirate de grande envergure défendant une personne qu'on croyait de la Marine. En me voyant approcher, Sabo concentra son attention sur moi, mais je voyais par son visage fermé qu'il était prêt à attaquer si cela se gâtait.

- Je m'appelle Isiris. Comme Beckmann, je suis de l'équipage du Roux. Tu vois ? Je ne suis pas une marine.

Sabo parut sceptique et jeta un regard à Beckmann, avant d'hocher finalement la tête. Il se fit plus détendu et souriait.

- Donc, c'est toi la capitaine qui a trahi la Marine.
- "Trahi"... Oui, c'est ça. Comment tu sais tout ça ?
- L'armée révolutionnaire à ses informateurs.

Il eût un léger et bref éclat de rire avant de ranger son tuyau dans son dos. Beckmann abaissa son pistolet, il le rangea et s'avança en croisant les bras.

- Qu'est ce que Dragon t'envoie faire ici ?
- Et toi, tu es venu pour quoi, Beckaff ?
- Beckmann.

Je ris sous cape, l'insouciance du jeune homme face au nom de mon mentor m'amusait bien. Mais c'est vrai que moi aussi, j'étais curieuse. Sabo était le second plus grand atout de l'armée révolutionnaire, cela devait alors être important si il était ici. Le blondinet haussa les épaules à la réponse du plus vieux, et après l'avoir toisé d'un regard sérieux, il se tourna vers moi en souriant.

- Pardon pour tout à l'heure. Ravi de te rencontrer.
- T'en fais pas, il en faut plus pour me battre. Ravie aussi.
- Plus, t'es sûre ?
- On remet ça quand tu veux et je te montre.

Nous échangeâmes un regard provocateur, mais nos sourires trahissaient notre amusement. Je sentais que nous allions bien nous entendre, le révolutionnaire et moi.

Une Question de Justice [One Piece]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant