Chapitre 80

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Tic, tac. Tic, tac. Tic, tac. Ce furent les premiers sons qui me parvinrent. Les tintement des aiguilles d'une horloge.
Mon corps était allongé sur une surface douillette... Sûrement un lit. Ma nuque était calée dans quelque chose de moelleux, et j'étais recouverte d'une matière légère. Je me sentais bien, ainsi. J'étais paisible. L'envie me prit de toujours rester ainsi, dans cet agréable état de léthargie, mais une chose clochait. Tout à coup, je me sentis affreusement lourde et fatiguée. Mon corps me faisait mal, comme si les bouts pointus de plusieurs couteaux s'amusaient à entrer et sortir de ma peau. Mais c'était étrange... Cette douleur me semblait banale. Elle n'était qu'infime, comparée à celle que j'avais éprouvé jusque là.

Mes yeux s'ouvrirent d'un coup sec et je fus soudainement éblouie par la lumière du jour. Je refermai les yeux. L'une de mes mains se dressant devant mes yeux pour les protéger, je poussai un couinement de protestation, ne m'attendant pas à être ainsi aveuglée. Dans les secondes qui suivirent, j'entendis un grincement, et la lumière s'amenuisa. Je rouvris les yeux. Le noir occupa bientôt tout l'espace, et dans cette obscurité, une nouvelle lumière apparût. Une lampe... Non, ce n'était pas une lampe. Je plissai les yeux. Une lampe ne se mouvait pas doucement dans un rythme hypnotique, et elle n'était pas bleue et jaune.

Je tournai complètement la tête vers la source de cette lumière que j'identifiai comme étant une flamme. Elle éclairait d'une lumière douce, loin d'être agressive pour les pupilles. Elle sortait du doigt d'un homme portant des lunettes devant les yeux, tatoué d'un symbole sur le torse et arborant de curieuses mèches au sommet du crâne. L'homme, en voyant qu'il avait attiré mon regard, me sourit avec gentillesse et bienveillance.

- Yo, la marmotte.

La voix de Marco était empreinte d'une grande délicatesse. Il ne voulait pas me brusquer, en bon médecin qu'il était. En l'entendant, un sourire naquit sur mes lèvres. J'étais encore un peu léthargique et d'un état physique loin d'être satisfaisant, mais il m'était impossible de ne pas réagir en voyant un ami qui m'était si cher. Je voulus me redresser et parler, mais Marco, anticipant, avait posé une main ferme sur mon épaule.

- Doucement. Tu as dormi plusieurs jours et tu es loin d'être guérie. Prends le temps qu'il faudra et ne te précipite pas. 

Je le regardai avec surprise. Ça y est, tout me revint... Applenine, Gyn, Every... Puis New Marineford, Akainu, mon exécution... Mes amis, mes nakamas, mon père... Sabo. 

Sans prêter attention à sa main posée sur mon épaule ni sans laisser le temps à mon interlocuteur de réagir, je me redressai et lui lançai un regard inquiet.

- Est-ce qu'ils vont tous bien ? Ils ne sont pas blessés ? Dis-moi qu'il n'y a pas eu de mort !

Il leva une main en signe d'apaisement, me coupant dans ma parole.

- Ils vont tous bien. Tous. Et si tu veux les voir, tu vas devoir prendre ton mal en patience et te reposer encore un peu.

Je savais qu'en tant qu'ami et docteur, il disait cela pour mon bien. Mais comment tenir en place après ce raid inattendu de leur part, alors que j'avais finalement accepté l'idée que j'allais mourir ? Je croyais d'ailleurs qu'Akainu n'avait parlé à aucune personne étrangère à la Marine de ma capture et de ma mise à mort... Comment se faisait-il que tous mes alliés aient été mis au courant ? Et comment avaient-ils fait pour s'en sortir face à l'Amiral-en-chef, deux Amiraux, et le reste des forces militaires présentes ce jour-là à New Marineford sans aucun dommage ? Je sentis mon coeur pulser brutalement dans ma poitrine, et j'eus l'intuition que je ne pourrai pas me calmer avant de les avoir tous vu et de m'être assurée qu'ils étaient sains et saufs. Mais je connaissais Marco. Il ne me laisserait pas me lever s'il jugeait que je n'étais pas assez rétablie, ce qui était le cas, et cela ne servait à rien de protester. Je poussai un soupir presque en chuchotant.

- Explique-moi au moins comment ça s'est terminé.

- Sabo t'a porté jusqu'à une fenêtre. Le commandant révolutionnaire corbeau vous y attendait. Il vous a aidé à vous enfuir par les airs, et une fois arrivés sur le Red Force, Sabo t'a administré les premiers soins. Son camarade a alors contacté les révolutionnaires présents avec nous dans la cour et une fois le signal donné, nous avons battu en retraite.

Je restai silencieuse. Je n'avais aucun souvenir de tout cela, mais au moment d'écouter les explications de Marco, le souvenir d'une voix m'était revenu en tête. Une voix grave, qui disait avoir payé sa dette. Je n'étais pas vraiment au meilleur de ma forme lorsque je l'avais entendue et je n'arrivais pas à identifier à qui elle appartenait. Ça me travaillait. Quelqu'un nous avait aidé, à ce moment-là, mais qui...

Marco vint s'asseoir sur le bord de mon lit, me sortant de mes pensées. C'est vrai que, maintenant que j'étais bien réveillée, j'arrivai à reconnaître ma chambre à la lueur des flammes... Nous étions donc bien à bord du Red Force. Je tournai la tête vers mon ami. Il me fixait avec attention. Ses yeux étaient soudainement devenus pétillants et un sourire tirait le coin de ses lèvres.

- D'ailleurs, magnifique, ce baiser !

Baiser ? Il voulait parler de... ce baiser ? Je me sentis rougir, et heureusement que les flammes de l'ex-commandant n'étaient pas assez fortes pour éclairer mon visage écarlate. Ce n'était qu'après un vrai recul que j'avais pris conscience de mes actes. Sabo et moi... Nous nous étions embrassés au pied de l'échafaud, devant nos amis et nos ennemis... Mon coeur s'était mis à battre la chamade en repensant à ce moment, et le sourire que me lançait Marco n'arrangeait en rien les choses, mais avant que je puisse prononcer la moindre parole, une voix provenant de derrière la porte s'était écriée d'une voix hurlante, me sauvant de l'embarras par la même occasion :

- Elle est réveillée !! Elle est enfin réveillée ! 

Une Question de Justice [One Piece]Where stories live. Discover now