Chapitre 109

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- Tch.

Avant que je n’ai pu faire le moindre geste, ma sœur de lait avait saisi une sorte de balle en tissu accroché à sa ceinture et l’avait jeté au sol. Alors qu’un nuage de fumée commençait à emplir la pièce, je me sentis tirée vers l’arrière, et je suivis Abigail alors qu’elle me tirait par le bras. À toute jambe, nous nous dirigeâmes vers l’une des nombreuses pièces de la maison, plus particulièrement une salle de bain, située à un étage de différence avec la pièce où nous étions auparavant, et nous nous enfermâmes dedans.

Après qu’elle eût vérifié que le loquet soit bien verrouillé, la jeune femme se laissa tomber contre le mur en poussant un soupir de lassitude. Je m’adossais à la porte et lui jetai un regard curieux, avant de détourner la tête. Mes interrogations pouvaient encore attendre, nous avions plus important à faire. Après être restée un bref instant silencieuse, à écouter pour être sûre qu’aucun ennemi n'approchait, je me suis retournée vers ma camarade et lui ai chuchoté :

- Tu penses pouvoir produire une nouvelle bulle de silence ? 
- Ils nous repéreraient immédiatement. Ils savent que c'est ma signature. 

J'haussai les épaules, l'air de dire que ce n'était rien. À l'heure qu'il était, Rob Lucci devait sûrement avoir déjà donné l'alerte et les membres du CP0 devaient commencer à affluer et fouiller l'endroit. Il nous fallait faire vite avant qu'ils ne nous trouvent et que nous soyons engagées dans un combat qui nous serait très difficile à gagner, actuellement. 

- D'accord. Je propose qu'on sorte d'ici et qu'on s'en aille le plus discrètement possible.
- Isiris… 
- Il y aura sûrement des agents qui surveilleront dehors… 
- Isiris. 
- Mais on pourra plus facilement les avoir sur un terrain ouvert. 
- Oi !! Isiris !! 
- Mais quoi ?! 

Je dévisageai ma sœur de lait et elle soutint mon regard, un air renfermé sur le visage. Le silence eut le temps de s'ancrer, avant que ses yeux ne se baissent vers le sol. 

- Il faut que tu saches. C'est trop tard. 
- Comment ça ? 
- Tu as rencontré Sorën et Noah, non ? Et tu as beau être invivable lorsque tu as une idée en tête, tu serais jamais venue ici sans une bonne raison. 
- Tu veux dire que… 
- Je suis ici pour la même chose que toi. Et c'est… 

Avant la fin de sa phrase, sa voix s'était perdue dans sa gorge. De rage, ses dents s'étaient serrées. Je ne l'avais jamais vu aussi sérieuse, ni aussi en colère,et je ne pu que deviner ce qu'elle voulait dire. Je sentis la fureur affluer en moi. Je ne voulais pas y croire… En venant ici, je savais qu'il y avait très peu de chance que je les retrouve en vie, mais j'avais gardé espoir. Quelle futilité… 

Je déglutis avec difficulté et tentais de rester lucide. Ce n'était pas le moment de laisser l'envie de vengeance prendre le dessus et d'agir de manière irréfléchie comme pourrait agir… eh bien, un Shanks totalement saoûl. J'avais perdu deux de mes amis, mais j'avais retrouvé ma sœur de lait, et si on n'arrivait pas à sortir d'ici, je la perdrais elle aussi. 

Je fermai brièvement les yeux, prenant sur moi, avant de me retourner vers Abigail, tout en tentant de rester calme. 

- On va sortir de là. 

Elle hocha la tête, le visage renfrogné sous la réflexion. Après quelques instants, elle finit par se lever et s'approcher, les bras croisés. 

- Ils ont sûrement déjà envahi tout le bâtiment. Si on se fait prendre, c'est l'exécution assurée. 
- Crois-moi, tant que ta tête n'a pas été séparée de ton corps ou que ton cœur n'a pas été transpercé, une exécution n'est jamais assurée. 

Malgré moi, j'eus un bref sourire, me rappelant de tous les moyens qu'avaient employés tous mes nakamas, tous mes amis, tous mes alliés, pour sauver ma vie. Je savais que je pouvais compter sur eux jusqu'au bout, même si la contrepartie était d'affronter les plus grandes forces militaires du Gouvernement Mondial, mais si cette fois je pouvais le leur éviter, ce ne serait pas plus mal. Je n'avais pas hâte de refaire la connaissance des cellules de New Marineford. 

- Tu penses pouvoir englober toute la maison dans une bulle sans son ? 
- Si je pouvais, ce serait déjà fait. 
- Dans ce cas, sortir discrètement va être difficile. 
-Tu penses pas que tu les surestimes un peu pour dire ça ? 
-Mieux vaut surestimer que sous-estimer. 

Je jetai un regard dans sa direction, alors qu'elle s'appuyait elle aussi contre la porte pour écouter le moindre bruit. Elle semblait sous tension, j'imaginais que c'était la première fois qu'elle se retrouvait dans une telle situation...contre le Gouvernement du moins, à en juger par son uniforme. 

- Hm… Il ne reste que deux solutions. 
- Lesquelles ? 
- Soit on fonce dans le tas, soit on crée une diversion. 
- Ils ne sont pas assez stupides pour se laisser prendre dans une diversion. 
- À moins que la diversion en vaille la peine.

Je redressai la tête et fixai ma sœur de lait. Son regard, ne comprenant pas, se plissa légèrement, avant de s'ouvrir complètement. Elle fronça les sourcils. 

- Non.
- Tu as vu la façon dont Lucci s'est détourné de toi pour s'occuper de moi, tout à l'heure. Je suis un plus gros gibier pour lui. 
- Oui, et justement ! 
- T'en fais pas, j'ai survécu à pire. Je m'en sortirai. 
- Avec tout le CP0 à tes trousses ? Qu'est ce qu'ils t'ont appris, dans cette foutue piraterie ?! À être folle ?! 
- Et à soigner une gueule de bois. 

Je lui offris un sourire taquin auquel elle répondit par un soupir irrité. 

- Tu es toujours aussi immature. 
- Merci. 
- Mais je ne t'abandonnerai pas. Pas question de faire diversion, on va foncer dans le tas. 

Une Question de Justice [One Piece]Where stories live. Discover now