Chapitre 90

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Je pensais, sans vraiment me tromper, qu'il s'agissait de la pire soirée de ma vie, mon temps passé derrière les barreaux y compris.

Après ses "charmantes" informations, la conversation avait encore un peu duré, mais nous nous étions rapidement muré dans le silence. Nous avions fini par mettre à profit ce temps de calme pour dissiper la gêne et manger la bête abattue par Every, mais, n'y tenant plus, j'avais posé ma viande, je m'étais levée et j'étais partie sans ajouter un mot de plus. Mon cœur meurtri battait encore à toute allure suite aux récentes révélations, mais je n'avais aucune envie d'y penser maintenant. Je me sentais si troublée qu'une simple pensée rattachée à tout cela aurait pu me faire craquer pour de bon. Je n'avais pas envie de me tordre les neurones, par maintenant, je voulais juste... Profiter. Il s'agissait de mon moment, ma fête de retour avec mon équipage et mes proches... Ma toute première depuis bien trop longtemps... Une soirée où j'étais enfin chez moi, avec des personnes qui comptaient à mes yeux et que j'aimais. Je voulais à nouveau rire, chanter, danser, boire avec eux, sans me soucier de quoi que ce soit. Cette vie sans soucis, cela m'avait tellement manqué... Mais malheureusement pour moi, il était déjà très tard et bien que mes nakamas soient d'intenses fêtards, je pensais qu'ils avaient déjà dû aller se coucher.

En arrivant auprès du Red Force, je m'aperçus que j'avais touché en plein dans le mille. À bord, il n'y avait plus aucun bruit, ni aucune lumière. Ils étaient sûrement tous en train de dormir.
En étant la plus silencieuse possible, je regagnais le pont principal et je m'apprêtais à bifurquer, voulant rejoindre ma chambre, quand une alerte donnée par mon Haki de l'observation me fit stopper net. Je croisai les bras, et presque inconsciemment, un sourire éclaira mon visage. Je m'écriais :

- Tu devrais pas être au lit, toi ?

Un léger rire débordant de joie parvint à mes oreilles, puis des bruits de pas se firent entendre. Sans quitter mon sourire, je me retournai, et je détaillai mon interlocuteur du regard. J'avais l'impression que cela faisait une éternité que je ne l'avais pas vu, il m'avait tellement manqué... J'eus soudainement le sentiment que toute ma nervosité m'avait quitté. Un simple regard sur lui, sur ses cicatrices, sur ses cheveux roux, mais surtout sur son sourire me suffisait pour retrouver ma bonne humeur. Après tout, il ne s'agissait pas de n'importe qui.

- Qu'est ce que tu veux, je suis incorrigible. J'avais besoin d'air frais.
- Dis plutôt que tu m'attendais.
- Tu m'as percé à jour.

Tout en riant, Shanks se rapprocha davantage. Il tenait une bouteille à la main, qu'il me tendit. J'eus alors comme un arrière-goût qui me répugna, et j'hocha négativement la tête, un rictus de dégoût sur le visage.

- Je crois que j'ai eu mon quota de pommes pour toute ma vie.
- Alors tant mieux, car il s'agit de raisins.

Mon capitaine retira le bouchon en liège à l'aide de son pouce, avant de me tendre à nouveau la bouteille. En m'attardant un peu plus sur la bouteille, je remarqua qu'il s'agissait de vin, et je ne pus m'empêcher de regarder le Roux avec surprise. Il savait depuis longtemps que j'adorais tout ce qui était fait à base de pommes, que ce soit des plats, des pâtisseries, des boissons... Et que mon alcool favori était le cidre, mais il avait anticipé qu'après Applenine, je risquais d'avoir une certaine aversion pour les pommes. Décidément, il me connaissait mieux que personne.

Après avoir fait un signe de tête en guise de remerciement, je pris la bouteille en main et bus au goulot avant de la rendre à son propriétaire. Celui-ci, avant de la porter à ses lèvres, me jeta un regard en s'exclamant d'une voix joyeuse :

- Alors, avec ton père ? Et j'ai cru comprendre que le garçon était ton frère ?
- Demi-frère. C'est... Compliqué. Je n'ai pas très envie d'en parler pour le moment.

Je le regardai boire et répondis sans vraiment être surprise d'apprendre qu'il savait pour ma "promenade" nocturne et mes fameux liens familiaux. Tout finissait par se savoir sur ce navire. Et puis Shanks n'était pas n'importe qui.
Je sentis mon sentiment de gêne reprendre emprise sur moi, mais je tentai de le combattre, de le chasser. Je recroisai les bras, en gardant mon attention fixée sur mon capitaine, avant que je ne parte trop dans de mauvaises pensées.
Le Roux, me voyant réagir de la sorte, haussa un sourcil, mais rapidement il retrouva son sourire.

- Lorsque tu auras besoin de parler, je serais prêt à t'écouter.
- ... Merci... Merci de ta patience. Merci d'être toujours là pour moi.

Une Question de Justice [One Piece]Where stories live. Discover now