Chapitre 3

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Ce fût un grand vacarme qui me fit émerger.

- Tu vas voir toi...
- AÏE ! T'ES PAS BIEN ?!
- Vous avez pas honte ?! Allez vous entretuer autre part qu'ici, vous allez finir par la réveiller !

J'entrouvris les yeux. Tout était sombre autour de moi. Seule une faible traînée de lumière me parvenait par la porte, derrière laquelle j'entendais encore des bougonnements et des bruits de pas.
Je me trouvais dans ... Une chambre ? Et j'étais allongée dans... Un lit ? Un long moment, je restai surprise. Puis tout me revint. Les pirates, les douleurs qu'ils m'avaient fait enduré, la mort que j'avais bravé, puis mon sauvetage... Un sourire, mon premier sourire depuis un bon moment, vint se poser sur mes lèvres. Je me redressai sur mes coudes, laissant la couverture qui recouvrait mon corps glisser. Dans ce geste, une vive douleur m'étreignit. Je serrai les dents, des larmes me montaient aux yeux, mais je m'empêchai de crier.
La lumière se répandit soudainement dans la pièce, me brûlant les rétines. Je fermai les yeux avec précipitation , n'étant plus habituée à la lumière, et je détournai la tête vers l'opposé de la source lumineuse : le mur auquel était accollé le lit dans lequel je me trouvais.

- Tu es réveillée ? Bonne nouvelle !

À l'entente de cette voix inconnue à mes oreilles, j'entrouvris les paupières de manière à pouvoir voir.
Je ne le connaissais pas, cet homme ne me disait rien. Et il ne portait pas l'uniforme de la Marine.

- Bah dis donc, t'en fais une tête ! Tu devrais te recoucher.

L'inconnu se rapprocha. Il vint s'asseoir sur le bord du lit et baissa le regard sur mon abdomen.

- Ça a l'air d'aller. Évite quand même les mouvements brusques.

Je penchai la tête et posa les yeux sur ce qu'il regardait. Et ce que je vis ne manqua pas de m'étonner.
Je n'avais aucun vêtement sur le haut de mon corps. Seuls des bandages, recouvrant ma poitrine et en dessous, m'empêchait d'être nue. Mais le plus surprenant fût cette douleur, et cette tache rouge qui constellait le blanc immaculé des bandes. Comment était elle arrivée là ? Les pirates m'avaient-ils frappé aussi violemment pour que j'obtienne une telle blessure ? Un flot de questions envahit mon esprit, puis, tout me revint. On m'avait tiré dessus.
Ignorant au possible ma plaie, je me tournai et m'assis sur le bord du lit, à côté de l'homme. Celui-ci me regardait avec les yeux écarquillés, comme si je l'avais insulté de tous les noms. Il finit par soupirer.

- Vous, les gars de la Marine, vous savez jamais quand vous stopper, hein ?

Comment il avait su ?... De ce que je savais, je n'avais aucune identification sur moi, et je ne l'avais pas dit à haute voix...
Mais oui, que je suis bête. Mon manteau est accroché au mur. Il était bleu nuit, avec l'inscription signifiant "Justice" en blanc dans le dos. Les coutures des épaules étaient défaites, déchirant ainsi à moitié les manches. Je ne pus retenir un sourire, à la fois triste et nostalgique. Ces manches déchirées voulaient tout dire.

- Je ne fais plus partie de la Marine.

Ce fût les seuls mots que je prononçai. Mon interlocuteur me regarda un long moment avec insistance, mais il finit par laisser tomber en voyant que je ne dirai rien de plus. Il resta assis, puis il se leva et quitta la pièce en refermant à moitié la porte.
Je ne savais pas où j'étais, ni qui étaient ces hommes que j'avais entendu et celui qui était venu. Tout ce que je savais, c'est que j'étais en vie, avec quelques bleus et blessures. Était-ce ces hommes qui m'avaient sauvé ? Tout cela était flou, je voulais savoir ce qui c'était passé.
Au moins, on ne pourra pas dire que ma vie fût monotone, surtout ces derniers temps. Qu'est ce qui m'attendait, maintenant ?

Comme pour me répondre, la porte s'ouvrit de nouveau en grand, m'aveuglant de nouveau. Je grimaçai et étendis une main devant mes yeux.

- Oh, excuse-moi, je ne voulais pas te brusquer.

Cette voix, toute aussi inconnue que l'autre, était empreinte du même ton, un ton sympathique. Peut être même nuancée à de la malice. La porte se referma à moitié, je pus rouvrir totalement les yeux et découvrir mon interlocuteur. Celui-ci vint s'asseoir à côté de moi, exactement là où était l'autre auparavant.

- Je suis content de voir que tu vas bien. T'as dormi cinq jours, on avait peur que tu clamses.

Il m'offrit un grand sourire, que je lui rendis presque instinctivement. Avec ses yeux pétillants, je ne pouvais que ressentir de la sympathie à son égard, il respirait la joie de vivre.
Puis, je remarquai ses cicatrices à l'œil. Et sa chevelure rousse. Je perdis le sourire.
Shanks le Roux.

Une Question de Justice [One Piece]Where stories live. Discover now