Chapitre 2

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Une violente douleur à la joue me fit émerger brusquement. Ma bouche s'ouvrit, et laissa passer un son entre le soupir et le couinement.

- Quoi, c'est déjà l'heure de manger ?

Cette remarque me valut un coup de poing dans le ventre. La douleur fût telle que je me penchai vers l'avant, seules les chaînes à mes poignets me retenaient de tomber. La tête tournée vers le sol, j'essayai de reprendre mon souffle. Malgré le manque de lumière, je parvenais à distinguer mes saï, brisés, à quelques mètres de moi. Un liquide chaud coulait de ma bouche.
Je relevai la tête, mes yeux se posèrent sur la silhouette, sur ce pirate qui m'avait administré la gifle et le coup de poing. J'avais fini par m'habituer à l'obscurité, et c'est sans problème que je voyais deux de ses larbins présents derrière lui. Mes yeux se reportèrent sur le capitaine, et son sourire cruel.

- On sait qui tu es.
- Wao. Bravo, tu veux un bonbon ?

CLAC ! Nouvelle douleur au visage, je ne sentais plus ma joue. Je baissai la tête, mais une main m'agrippant les cheveux me força à la relever vers le visage bouffi du criminel.

- À ton avis, comment réagira ce cher Aokiji quand on lui rapportera ta jolie petite tête ?

Je serrai les dents. En ce moment, je ne craignais pas pour moi, mais pour ma seule famille. Dire que je lui avais donné rendez-vous à l'Archipel des Sabaody, il devait être totalement inquiet, maintenant. Je ne sais pas depuis combien de temps j'ai été capturée, mais facilement depuis une semaine. Connaissant mon père, il était capable d'envoyer tous ses subordonnés à ma recherche. C'était d'ailleurs l'une des nombreuses choses que lui reprochait Akainu, le fait qu'il soit trop attaché à moi.

- Je pense que même un abruti dénué de cerveau pourrait trouver la réponse seul.

Nouveau coup. À la mâchoire, cette fois-ci. À force d'être battue, je manquais de m'effondrer. Ma force m'avait quitté, seule ma volonté restait, et c'est elle qui me permettait de répondre le plus insolemment possible. Je ne pouvais plus me battre, et qu'un vaisseau de la Marine vienne me secourir était un espoir vain. Si je dois mourir ici, autant partir en brûlant mes geôliers avec mes paroles.
Il me lâcha les cheveux. Ma tête retomba vers l'avant. Je n'avais même plus la force d'ouvrir les yeux. Je restai ainsi, tombant à moitié, les yeux fermés, du sang coulant au coin de ma bouche. J'entendis un déclic, et le canon froid d'un pistolet se posa sur le sommet de ma tête.

- Promis, on dira adieu à ton papa chéri pour toi.

Il rit aux éclats. Je n'avais pas la force de répliquer, j'étais résignée. J'allais mourir, et de la façon la moins glorieuse du monde.
Mais le coup destiné à mettre fin à ma vie ne vint pas. La surprise me gagnait, je me forçai à entrouvrir les yeux et à les lever vers mon bourreau. Son visage, bien que m'arrivant flou, était saisi de douleur. Quelque chose d'étincelant le pourfendait.
Tout alla ensuite très vite.
J'entendis des cris, des coups de feu, des fracassements de lames. On courait dans tous les sens, on frappait partout. Des corps tombaient au sol. Un tir retentit, je sentis une puissante douleur m'atteindre. Je ne pouvais plus hurler. C'était fini, j'allais mourir, en fin de compte.
On me retira mes fers. Mon corps, libéré, faillit s'écraser au sol. On me rattrapa à temps. Quelque chose vint se poser sur la douleur lancinante que j'avais à l'abdomen, la relançant. On me porta. On m'emmena.
La dernière pensée que j'eus avant l'évanouissement fût une pensée de soulagement. La Marine était arrivée, elle m'avait sauvé, c'est fini, je suis en vie.

Une Question de Justice [One Piece]Where stories live. Discover now