Une Part De Chacun

Le bâteau que vous avez là, il ne serait pas à louer par hasard ?

Elenwë claudiquait derrière les nains, tentant de maintenir leur allure. Sa cheville la brûlait au point qu'elle ne sentait plus son pied. Grâce à ses bras, elle parvenait à s'accrocher de branche en branche, et ainsi à avancer.

Mais les nains, plongés dans les remous de la rivière, la devançait. Leur tonneaux bien qu'à moitié remplis d'eau poursuivait leur descente vers le lac.

Gloïn peinait à garder la tête hors de l'eau glacée, tandis que Kili grimaçait en pressant maladroitement sa jambe blessée contre son corps sous les encouragements de son frère. Comme habituellement, Thorin menait la marche, avec ses fidèles acolytes, Dwalin et Balin.

Elenwë, déterminée, les suivait sans se plaindre. Elle ignorait combien de temps cela durait, mais elle savait qu'elle n'abandonnerait pas.

Pour oublier la douleur qui la tiraillait, elle se remémora la bataille.
Elle l'apparentait à un immense bazar, où tout se confondait. Personne ne savait qui affronter, ou à qui prêtait main forte.

L'elleth sentait encore le sang des orcs couler sur sa cape, comme une pluie estivale, douce et chaude. À l'aide de ses dagues, elle en avait tués une dizaine, et lorsqu'elle s'était retournée pour apercevoir les nains, elle avait croisé son regard.

Hypnotisant. C'était le mot qui lui venait pour le décrire. Elle avait plongé son regard dans celui de cet ellon blond, et s'y était perdu un intant à en contempler la couleur étonnante.

Mais lorsqu'elle avait remarqué qu'il l'avait suivi des yeux durant une partie du combat, elle avait songé qu'il l'évaluait, la jugeait. Elle n'avait pas apprécié. Encore un elfe qui se pensait supérieur. Encore un qui penserait pouvoir la contrôler ou la juger. Encore un qui finirait par la rejeter.

Elenwë avait ensuite vite oublié son visage lorsqu'elle avait aperçu la menace qu'un orc portait sur l'elfine rousse.

Sans savoir pourquoi, elle s'était élancée pour l'aider, mais du coin de l'œil elle avait alors discerné un autre monstre la visant elle. Une longue dispute avait alors éclaté dans son cerveau, pour qu'au final, son arc se dirige mécaniquement vers l'orc qui visait l'elfine.

Elenwë soupira. Elle n'aurait jamais dû se jeter au-dessus de cette rivière. C'était stupide.

Son attention se reporta alors sur les nains, qui se dirigeaient vers la rive.

Boitillant toujours, elle accéléra néanmoins sa marche. Elle vit Kili s'affaler par terre, et elle s'approcha de lui.

Le nain n'était pas beau à voir. Son visage était tordu par la douleur, et de profondes cernes le marquaient. Sa tunique était tâchée par une flaque de sang, à moitié dilluée par l'eau.

- Laissez-moi voir votre jambe, souffla l'elfine à voix basse.

Surpris, le nain acquiesça. Lentement, Elenwë s'agenouilla et posa ses mains autour du trou percée par la flèche. Un mince filet de sang avait séché, mais l'elleth fut soulagée en constatant que la blessure avait été parfaitement nettoyée par la longue baignade. En revanche, le fait qu'elle ignore s'il s'agissait d'une pointe empoisonnée l'inquiétait légèrement. Si tel était le cas, les effets ne tarderaient pas à apparaitre, songea-t-elle.

Pour se rassurer, la jeune fille déchira un morceau de la tunique du nain, et l'enroula autour de sa blessure, en espérant arrêter le saignement.

- Vous auriez pu venir nous délivrer plus tôt, avisa Kili, cela nous aurait évité bien des soucis.

Tout d'abord surprise, l'elfe eut ensuite une idée. Elle approcha sa bouche de l'oreille du nain, et lui chuchota de façon à ce que seul lui puisse l'entendre :