Il nous aidera... ou il nous tuera

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La compagnie dévala la colline, comme une bande d'enfants voulant gouter.

Une fois en bas de la pente, ils reprirent leur serieux, reformant le groupe.

- Etes-vous fous ? Les rabroua Gandalf. Les wargs courent toujours !

Les nains soupirèrent, et l'ignorèrent. Ils s'en allèrent d'un pas hatifs, plantant là le magicien abasourdi. Elenwë lui addressa un haussement d'épaules, et imita les petits êtres.

Ils continuèrent leur progression toute la journée, ne s'arretant que rarement pour reprendre leur souffle.
Bien evidemment, les problèmes arrivèrent.

Au crépuscule, les rugissements des loups se firent de nouveau entendre, tout proche.

- Cachez-vous ! Intima Thorin, en désignant des rochers un peu plus loin.

La compagnie s'y precipita, tentant d'être le plus discret possible. Quand ils furent à l'abri des regards, ils regardèrent tous leur chef, guettant une solution, ou même une supposition.

- Je ne sais pas, répondit le nain à la question muette. Nous ne pouvons même pas les observer.

Kili et Fili sortirent alors leurs armes, prets à en découdre. Dwalin gratta son crâne chauve, à l'affut de la moindre idée. Tous semblaient désespérés.

Un raclement de gorge les interrompit dans leurs pensées, et Gandalf croisa les bras sur sa poitrine, consterné :

- Il nous faudrait quelqu'un capable d'espionner l'ennemi sans être vu.

Cherchant encore, les descendants de Durin se creusèrent les méninges. Thorin les surveillait d'un œil critique, lui aussi exaspéré.

- Oh ! Je sais ! S'écria Bofur. Gandalf pourrait communiquer avec les fourmis !

Elenwë haussa un sourcil, amusée, tandis que Thorin se frappait la tête de sa main.

- Nan, enfaite je pourrais y aller, proposa l'elleth.

- Ohhhhhhhhh ! Souffla Dori. Mais oui ! C'est une idée intelligente !

La jeune fille et le magicien pouffèrent silencieusement, sous les regards déconcertés des nains.

- Il n'y a pas de temps à perdre ! Rala Dwalin. Qu'elle disparaisse et qu'on en finisse.

- Avec un "s'il vous plait", et ce sera parfait, fit innocement l'elfine.

Le nain lui offrit un regard méprisant, et constatant qu'elle ne semblait pas blaguer, ajouta à contrecœur :

- S'il vous plait.

- Pourriez-vous répéter, je crains de ne pas avoir bien entendu ?

Tous semblait se prendre au jeu, sauf Dwalin qui s'énerva rapidement :

- Ne jouez pas à ce jeu avec moi ! Vous avez entendu et je le sais !

- Bien, bien, si cela contrarie monsieur, le charria Elenwë.

Et sans attendre de réponse, elle disparut, se fondant dans les ombres. Les nains tentèrent de suivre son passage, mais rien ne trahissait l'elfine. Leur regard brillait d'admiration, même celui de Dwalin qui continuait de ruminer dans sa barbe.

Thorin s'approcha du magicien, penchant sa tête pour que seul lui l'entende.

- Qui est-elle ? Chuchota-t-il.

- C'est une excellente question. Auquelle je n'ai pas la réponse.

Le nain sembla étonné, et laissa échapper un rire nerveux. Gandalf, lui, continuait de fixer l'endroit où Elenwë avait disparu.

- Et d'où vient-elle ? Reprit Écu-de-Chêne.

- De Lorien. C'est Dame Galadriel, en personne, qui l'a élevée. Mais rassurez-vous, ajouta le mage lorsque le nain releva la tête, elle n'y est pas restée longtemps.

- Je ne saurai l'expliquer, grommela ce dernier, mais je lui fait confiance.

Un grand sourire victorieux illumina le visage de l'homme, seule source de chaleur en ce petit groupe.
Le silence se brisa, quand Elenwë refit son apparition. Elle s'avança agilement entre les nains, pour se planter devant Thorin et Gandalf.

- Les orcs ne sont pas loin, déclara-t-elle. Mais il y a quelque chose d'autre.

En disant cette dernière phrase, elle fixa de ses yeux verts le mage. Il sembla soudain comprendre quelque chose.

- Un ours ? L'interrogea-t-il.

- Immense.

L'elfine remarquait bien que cette bête n'etait pas inconnue à son ami. Elle esperait juste qu'il s'agissait d'une bonne surprise.

- Il y a une maison pas loin, révéla Gandalf.

Les nains l'observèrent, les yeux emplis d'espoir. Kili et Fili s'extasièrent, se tenant par la main et tournant en rond.
Seul Thorin semblait soucieux. Lui aussi devait avoir remarqué la pointe de doute, dans la voix de l'homme.

- La maison de qui ? S'écria Ecu-de-Chêne. D'un ami ou d'un ennemi ?

- Ni l'un, ni l'autre, avoua Gandalf. Il nous aidera... ou il nous tuera.

Derrière lui, la compagnie commençait à paniquer. Certains seeraient leurs armes contre eux, d'autres, comme Dori, récitaient des prières en langues naines.

- Nous n'avons pas d'autre choix, trancha l'elleth.

Tous se tournèrent vers elle, qui ne paraissait pas apeurée. Seulement determinée, et même intriguée.

- Non aucun, répéta le mage.

Les nains se tournèrent vers leur chef, qui après un rapide coup d'œil aux deux amis, conclut :

- Montrez-nous le chemin.

Le magicien sourit, et se remit à courrir vers l'Est. La compagnie le suivait à travers bois, trimbalant, tant bien que mal, leurs nombreuses affaires. Le sol boueux les ralentissait tous, sauf Elenwë, qui donnait l'impression de planer au-dessus du sol. La peur rendait leur mouvements maladroits, comme les grognements de l'ours retentissaient dans leur dos.

Il débouchèrent d'entre les arbres, s'avançant sur une clairière de terre sèche. Au loin, l'elfe apercevait une grande maison, protégée par une palissade de bois.
La compagnie était à mi-chemin, lorsque l'ours surgit à son tour de la forêt, semant la mort parmi les petits arbustes.

Sa peau recouverte de poils drus et marron, semblait en réalité être une véritable armure. Des crocs aussi longs que l'avant-bras d'Elenwë pointaient de sa gueule. Et de petits yeux noirs brillant de méchanceté les suivaient du regard.

Sentant le danger, les nains accélérèrent. Gandalf fut le premier à atteindre le portail, il s'arreta, afin d'attendre les autres.
Les descendants de Durin s'engouffrèrent dans le jardinet les uns après les autres, et se ruèrent vers la porte.

Ils se frappèrent tous la tête sur le bois, tentant de la casser. Agacé, Thorin se faufila entre les siens, et souleva le verrou. Aussitôt, le plan tourna et une ouverture se dessina. Les nains pénetrèrent à l'interieur, suivi de l'elfe et de l'homme.

Dès que tout le monde fut à l'intérieur, ils s'empressèrent de refermer la porte, mais la tête menaçante de l'ours la bloqua. Elle força le passage, mais les nains ne fléchirent pas.
Avec difficulté, ils finirent par clore le passage. Essouflés, ils s'éloignèrent de la porte de bois, contre laquelle résonnaient les grattements des griffes de la bête.

Ori, qui fut le premier à se remettre de sa frayeur, s'exclama :

- Qu'est-ce que c'est que ça ?

- Ça c'est notre hôte, éluda Gandalf.

Cette réponse ne parut pas apaiser les nains, qui s'agitèrent.

- Tentez de dormir, leur conseilla-t-il. Nous sommes en sécurité ici.

Et seule l'ouïe fine de l'elleth detecta les derniers mots du magicien :

- Ou du moins je l'espere.

Une Part De ChacunOù les histoires vivent. Découvrez maintenant