Si vous voulez la tuer, il faudra me tuer d'abord

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La bataille ne dura qu’un instant. Les nains se ruèrent sur les elfes, dans une mêlée incohérente. Elenwë ne bougea pas, médusée. Figée, elle observa les premiers idiots et pourtant loyaux à leur souverain tomber face contre terre, raides morts. Elle demeurait impuissante face à ce massacre inutile. 

Thranduil arpentait les rangs perché sur son cerf, taillant les nains comme du blé. Et Gandalf ? L’elfine le chercha des yeux et le découvrit comme elle, planté sur le champ de bataille, tête baissée. Lui aussi devait s’en vouloir. 

Soudain, outre les cris de douleurs et de rage des belligérants, Elenwë sentit la terre trembler sous ses pieds. Elle releva les yeux, craignant de comprendre. Plus loin, Gandalf se raviva aussi, et lui fit signe de s’approcher. 

- Les armées de Dol Guldur, marmonna-t-il. Il faut en avertir Thranduil et Dain. Ils doivent former une alliance ou cette terre ne sera bientôt plus qu’une province asservie. 

Le magicien posa sa main sur l’épaule de l’elleth.

- La Terre du Milieu a besoin de vous Elenwë. Je ne pourrais la sauver seule. 

Elle soupira. Gandalf faisait peser sur ses épaules un poids contraignant. Mais l’image de ses amis nains la motiva. Elle devait faire en sorte qu’ils survivent, ainsi, une fois la bataille finie et Thorin guéri, ils pourraient festoyer en riant de leurs mésaventures.

Elenwë n’avait pas vraiment réfléchi à ce qu’elle ferait une fois la compagnie dissoute, pourtant émettre l’hypothèse de rester auprès de Kili et des autres lui réchauffa le cœur. Et puis, il y avait Legolas. Le prince elfe choisirait peut-être de rester avec Tauriel si cette dernière demeurait avec Kili. Oui, Elenwë devait faire en sorte de gagner cette bataille pour que personne ne meurt. Sinon comment Kili lui pardonnerait-il de lui avoir menti pour l’Arkenstone ?

- Je vais prévenir Thranduil, décréta-t-elle, occupez-vous de Dain. 

Le magicien opina, s’en alla, et elle fit de même de son côté. Le roi elfe sillonait toujours ses troupes, tandis qu’elle se frayait un passage jusqu’à lui en évitant du mieux possible les combats. Elle nota avec désespoir les cadavres déjà froids qui jonchaient le sol.

- Roi Thranduil ! tenta-t-elle à l’attention de l’ellon. Vous devez ordonner à vos troupes de vous replier ! Les armées orques vont vers nous ! 

Le blond s’approcha d’elle, glacial. 

- Vos ruses ne marcheront pas ! Vous et le magicien gris n'êtes que… 

Il se stoppa net. Elenwë n’y preta pas attention, absorbée par les secousses du sol. Dans la montagne surplombant Dale, une bête gigantesque avait éclaté la roche. Ses serres projetèrent des débris dans tous les sens, puis disparurent presque aussitôt. Thranduil fronça les sourcils. Des légions sortaient de l’antre crée. Elenwë frissonna. Le moment était arrivé. La bataille allait commencer.

Elle suivit l’ordre de repli de Thranduil avec les autres elfes, puis tout se passa très vite. Elle crut bien que le roi n’ordonnerait pas la charge, et que les nains auraient été massacrés jusqu’aux derniers. Mais Gandalf avait été là, une fois de plus. 

Elfes et nains se battaient côte à côte, sans différence de race. Mais malgré cela, les orcs ne cessaient de revenir. Dès qu’Elenwë en tuait un, deux autres apparaissaient. C’était un flot continu qui affluait vers eux et brisait tout. Et Thorin qui ne se décide pas à sortir, songea-t-elle en tirant une énième flèche. Heureusement qu’elle avait pensé à remplir son carquois. 

Sans qu’il ne s’en rende compte, elle décimait flèche après flèche les orcs qui s’approchaient de Thranduil. Non pas qu’elle tenait à lui, mais le roi représentait une figure importante de la bataille. S’il venait à mourir, les elfes ne se battraient surement plus. 

Une Part De ChacunWhere stories live. Discover now