Une Part De Chacun

Nous nous en sortirons tous ensemble

Elenwë sentait la pression chaude de la main de Legolas sur la sienne. Ils avançaient ainsi, à l’abri des yeux de tous. Elle soupira.

Cette soudaine proximité avec le prince lui donnait des papillons dans le ventre. Cela lui semblait étrange. Peut-être devrait-elle consulter Gandalf après la bataille ? Nan, le vieux magicien se contenterait d’un vieux sourire narguant, et de quelques paroles vides de sens. 

Malgré la douce sensation de chaleur qui enveloppait son estomac, sa peur montait de plus en plus. Chaque minute, chaque seconde pouvait être décisive pour Thorin, Dwalin, Kili et Fili. Ils ne pouvaient pas mourir. Pas maintenant, alors que leur dernière entrevue s’était aussi mal déroulée. J'ai peur, constata l’elleth. Pour la première fois, ses tripes se tordaient pour d’autres personnes qu’elle. Elle n’avait jamais eu à s’inquiéter pour quiconque puisque personne ne l’avait jamais aimé hormis Gandalf.

Legolas du sentir ses tourments puisqu’il raffermit sa prise sur sa main. Ses doigts entrelaçèrent ceux de l’elleth, et il pencha la tête. 

- Ce sont d’excellents guerriers. Vous n’avez pas à vous en faire. 

Le prince espérait vraiment que ses paroles se révéleraient justes. Il commençait à comprendre la force du lien qui unissait Elenwë et les nains. Cette dernière releva les yeux.

Elle avait changé, fut la première chose qu’il remarqua. Enfin, évolué, comme s’amusait-il à préciser. Après tout, personne ne change complètement, on évolue, c’est tout. Elle, elle n’était plus l’elfine dure et froide comme un glacier qui avait combattu à la rivière. Elle retrouvait peu à peu des émotions, et force était de constater que les nains n’y étaient pas pour rien. Elle était plus… normale. Plus fragile aussi peut-être, mais peu importait, il serait là pour elle. 

Dans ses yeux nénuphars, il notait un tourbillon d’émotions, passant de la peur, à la peine. Il crut lire une pointe de gratitude qui lui réchauffa le cœur. Depuis qu’il l’avait rencontré, ses pensées n’étaient qu’elle. Ses combats, ses paroles, les moindres de ses gestes, ils avaient envahis son esprit. Et il avait vite compris pourquoi.

- Puissiez-vous dire vrai, marmonna-t-elle.

La voir aussi affectée le peinait. Il aurait aimé la voir sourire, rien qu’une fois. 

Leurs pieds engloutissaient les kilomètres qui les séparaient du promontoire. L’air s’était rafraîchi. Quand enfin les premières tours de la forteresse apparurent, Elenwë lâcha sa main, et s’élança vers la cour principale. Elle crapahuta comme elle le pouvait dans les rochers, si bien qu’elle rapa ses mains, et qu’un pan de sa cape qui s’était retrouvé prisonnier de deux rocs se déchira.

Elle n’entendait rien. Pas un bruit d’épée, pas un cri. Rien. Sa panique se transforma vite en épouvante. Et s’ils étaient morts ? Et s' ils étaient arrivés trop tard ? Ses yeux s’embuèrent à la vue de leur cadavre,en pensant qu’elle serait responsable de leur mort. 

- Calmez-vous, la rassura Legolas qui avait réussi à grimper lui aussi. 

Tous les deux étaient désormais visibles, à l’entrée de la forteresse qui semblait déserte. Où était Thorin ? Et Kili et Fili ? Et Tauriel aussi, ou était-elle passée ? 

Elenwë s’avança d’un pas prudent, craignant de découvrir ce qu’elle ne voulait pas découvrir. Legolas la suivait, lui craignant qu’elle ne s’effondre sous le coup des émotions. 

L’elfine se figea instantanément. A quelques mètres d’elle, une forme était allongée sur le sol. 

- Non…