Une Part De Chacun

Grimpez aux arbres !

La compagnie courrait toujours. Les grognements des wargs dans leur dos se faisaient moins distants, plus proches. Les tapements de leurs pattes contre le sol sec remuaient la terre.

Elenwë suivait l'allure des nains, un peu trop lente pour elle. Dori et Oïn trainaient à l'arrière, et l'elleth les encouragea d'un signe de tête. Thorin ouvrait la marche, aussitôt suivi par Gandalf et ses neveux.

Elle remarqua que le sol descendait en pente légère, et que seulement quelques pins couvraient le sol.

Soudain, elle vit les silhouettes devant elle s'arrêter brusquement. N'en comprenant pas la raison, elle se faufila habilement parmi ses compagnons jusqu'en tête de file.

À quelques mètres de l'elleth, un immense vide s'étendait. L'autre rive se trouvait à plusieurs dizaines de mètres, et la troupe n'avait pas de quoi franchir cette abysse.
Elenwë jeta un coup d'œil à la paroi sous ses pieds et fut vite déçue.

Même elle n'aurait pas osé se risquer à escalader une surface aussi lisse. Aucun défaut ne troublait la roche, et si la jeune fille ratait une prise, elle ne pensait pas en réchapper, puisque, malgré sa vision elfique, elle n'apercevait pas le fond.

Elenwë se redressa, et fouilla les lieux du regard. Rien d'utilisable, hormis ces immenses pins, qui semblaient s'élever jusqu'au ciel.

- Grimpez aux arbres ! Ordonna-t-elle.

Thorin lui lança un regard méprisant, puis à contrecœur, lui obéït. Il se tira facilement sur une branche, et les siens choisirent chacun un arbre.

Elenwë grimpa à son tour, et Fili s'assit à sa droite.

Ils attendirent quelques minutes, pendant lesquelles chacun écoutaient les hurlements se rapprochaient. La tension montait rapidement, et le suspens fut tué, quand une troupe d'êtres immondes perça les buissons.

Un groupe d'orcs hideux, armés jusqu'aux dents, et montés sur des wargs. À leur tête, un orc à la peau très pâle, et dont l'avant-bras gauche avait été remplacé par une fourche. De profondes cicatrices roses marquaient son visage, passant juste au dessus de son œil azur gauche.

Azog, le profanateur.

Son nom sonna comme une évidence dans l'esprit de l'elfine, qui pourtant ne l'avait jamais rencontré. Comme certains diraient, sa réputation l'avait précédé.

Elenwë observa Thorin se crisper, une lueur de haine dans ses yeux, une main sur le pommeau de son épée.

Azog s'avança, d'un coup de talon sur les flancs de sa monture blanche. Il plissa les yeux, observant tour à tour les membres de la compagnie. Il sembla à Elenwë que ses yeux s'attardèrent sur elle, mais songea que ce ne devait être qu'une impression.

L'orc parla en langue noire, avec un signe de main vers ses ennemis, et l'elfe comprit bien avant que son armée de wargs ne se ruent vers eux, que les ennuis commençaient.

Les affreuses bêtes se précipitèrent sur les larges troncs, les faisant ainsi trembler. Elles rugissaient à en faire frémir les plus courageux.

Elenwë s'accrocha fort à sa branche, jusqu'à en faire palir ses articulations.
Fili dut se rattraper à la cape de l'elfine, qui l'attrapa par le col, afin de le hisser en face d'elle.

Soudain, un craquement résonna. Le premier arbre, au front de l'armée, céda. Il s'effondra sur le côté, emmêlant ses branches avec celles de son voisin.
Ce dernier, sous le poids de son compatriote, s'écroula aussi sur un autre pin, et ainsi de suite.

Les nains sautaient d'arbre en arbre, s'applatissant contre les malheureuses branches, cherchant à atteidre les quelques troncs encore valides.

Comme au ralenti, Elenwë vit Kili s'effondrer dans les airs. Son cœur accélérant, la peur monta en elle. Mais sans laisser la panique dicter ses gestes, elle s'empressa d'agir.
Elle coinça sa branche sous ses genoux, et suspendit son corps dans le vide. Elle attrapa les mains du nain au vol, et ses abdos se contractèrent.