Vous êtes mon seul espoir

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La nuit était calme ce soir là. Un vent chaud soufflait sur les arbres, faisant onduler les branches sous son poids.
Les étoiles brillaient de mille feux et la lumière de la lune éclairait d'une lueur pâle la forêt qui s'étendait à ses pieds.

Un vieil homme marchait seul, dans la nuit profonde, sans un bruit. Étrangement vêtu d'une robe grise, sa barbe de la même couleur s'agitait à chacun de ses pas. Il semblait faible, à s'appuyer sur un bâton de chêne, pourtant, l'air revêche peint sur son visage et l'épée qui pendait à ses côtés dissuadaient tout voleur, qu'il soit homme, nain crasseux, elfe noble, hobbit joufflu ou encore taupe grise.

Il avançait d'un pas sûr, malgré l'obscurité, zigzaguant habilement parmi les arbres.
À son passage, les oiseaux chantaient, et venaient se poser sur le chapeau pointu du vieillard.

Il marmonait seul dans sa barbe, radotant surement des faits tant aimés par les vieux hommes.

Bientôt, il arriva devant une petite chaumière, au centre d'une clairière cachée par les arbres.
La maison s'élevait sur deux niveaux et semblait avoir été taillée dans la flore.
De minuscules fleurs perçaient les murs, qui étaient faits de rideaux de feuilles vertes.
Des balcons constitués de branches d'érable longeaient la demeure et une douce lumière s'échappait des fenêtres de cristal.

Malgré la beauté de la maison, l'homme n'y jeta qu'un seul regard amusé et la contourna par la gauche.

Il avait l'air de savoir ce qu'il cherchait, et en effet, il le trouva lorsqu'il aperçut derrière la maison, une écurie formée par des troncs de bouleau.
Un portail de bois permettait de fermer l'accès, devant lequel, un peu plus loin, se trouvait un arbre creux.

Arbre creux sur lequel une jeune fille était assise.
Non, pas une jeune fille. Une elfe, comme le prouvaient ses longues oreilles pointues. Ces dernières n'étaient pas entièrement recouvertes par ses cheveux blonds parsemés de mèches turquoise.

L'elleth pansait un cheval noir comme les ombres, et majestueux comme aurait pu l'être celui d'un Vala. Ses yeux noirs brillant d'intelligence fixèrent le magicien, intrigués.

- Gandalf, dit alors l'elfine sans quitter des yeux la robe de l'étalon.

L'homme s'avança alors vers elle, un sourire aux lèvres.

- Elenwë, répondit-il simplement.

Et un silence s'installa, pendant lequel le vieillard observait la jeune fille, qui elle, continuait de brosser son cheval.

Plusieurs minutes passèrent ainsi, où seul la lune qui descendait dans le ciel bougeait.

Enfin, après avoir minutieusement inspecté son travail, la dénommée Elenwë déposa la brosse dans un seau.
Elle se leva gracieusement et posa ses yeux turquoise dans ceux gris du magicien.

- Que me voulez-vous ? Demanda-t-elle de sa voix douce.

À ses mots, Gandalf rit, et l'observa d'un air moqueur.

- Je vois que malgré toutes les années qui se sont écoulées, vous n'avez pas changée, répondit le magicien. Comment allez-vous ? Ajouta-t-il plus serieusement.

L'elleth mit quelques secondes avant de répondre, cherchant ses mots.

- Bien, annonça-t-elle. Je reviens d'un long voyage, mais j'imagine que vous le saviez. Après tout, vous semblez savoir toujours tout.

- J'essaye, en effet, d'être informé de tout les faits et gestes de tout les habitants de la Terre du Milieu. Mais, malgré cela, votre compliment me touche, surtout venant de vous, qui êtes si... intriguante.

L'elfe étira ses lèvres en un mince sourire, ses cheveux lâchés dans son dos dansant au rythme de sa respiration.

- Comment évoluent vos pouvoirs ? Reprit le vieil homme.

- Ils sont toujours très aléatoires, grimaça-t-elle. Néanmoins, j'arrive à être moins fatiguée lorsque j'utilise ceux qui sont permanents. Encore une fois, vous aviez raison.

Un instant de calme suivit cette déclaration, coupé net par un claquement de sabot impatient de l'étalon.

- Je vois que tu es toujours en forme, Menel, rit Gandalf.

Le magicien passa sa main droite près des naseaux du cheval, et de la gauche flatta son encolure.

- Pour en revenir à votre première question, ajouta-t-il à l'intention de l'elfine, j'ai besoin de votre aide.

- De mon aide ? Répéta Elenwë.

- Eh bien ! oui, acquieça l'homme. Encore une fois.

- Qu'attendez-vous de moi ? Interrogea l'elleth, remarquant que le magicien était peu enclin à parler.

- Connaissez- vous le Mont Érebor, aujourd'hui appelé le Mont-Solitaire ?

- Bien sur ! J'ai entendu tellement d'histoires ! Dame Gal...

Tout deux sachant ce qu'avait failli laisser échapper la jeune fille, se crispèrent à la mention du passé de l'elfine.

- Peu importe, reprit cette dernière.

- Eh bien ! Il n'y a guère longtemps, je me suis mis en quête d'une personne capable de reprendre cette montagne. Il fallait quelqu'un qui ait l'autorité suffisante et les valeurs d'un guerrier. Un descendant de Durin.

- L'avez-vous trouvé ?

- Oh ! Oui ! Il a même accepté la reconquête de son royaume. Il a promis de rassembler les plus valeureux des siens pour cette mission. Seulement ... vous savez n'est-ce pas que Smaug, le dragon, dort au Mont ? Un nain, aussi léger soit-il, déclencherait le réveil de ce dragon. Il me fallait donc trouver une autre personne pour la compagnie. Une personne qui pourrait aisément cambrioler la montagne sans être ni entendue ni vue. Mon esprit a travaillé pendant des jours et des jours, et enfin, alors que le désespoir me guettait, une lumière s'est rappelée d'une personne qui serait capable d'accomplir cette tâche.

Elenwë, qui jusqu'alors n'avait pas bronché, arqua un sourcil, se demandant qui serait capable d'un tel exploit.

- Vous, acheva Gandalf.

Tout de suite, l'elfe suffoqua, et ses yeux s'arrondirent.

- Moi ? Mais enfin Gandalf ... Je ... Je ... Je n'en suis pas capable ! Bafouilla-t-elle sous la surprise.

- Bien sur que si ! Vos pouvoirs vous le permettront sans aucun mal ! Et vous avez le pas léger d'un elfe. Vous y arriverez.

L'elleth resta béate plusieurs minutes, semblant peser le pour et le contre.

- Je serais là pour vous aider, reprit le magicien. Vous êtes la seule qui puisse accomplir un tel exploit. Je crois en vous !

La jeune fille leva ses yeux embués vers son ami, et tiqua sur la note de désespoir qui perçait dans sa voix.

- Vous êtes mon seul espoir, termina l'homme à la barbe grise.

Elenwë se maudit d'être aussi faible devant tant de détresse.

- Je ne sais guère si votre idée folle marchera, articula-t-elle lentement. Mais j'accepte.

Le soulagement sur le visage de Gandalf tira un sourire triste à l'elleth et elle s'en voulut lorsqu'elle ajouta :

- Mais il faudra convaincre les nains.

Une Part De ChacunWhere stories live. Discover now