Bienvenu, Thorin Écu-de-Chêne

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Thorin fut séparé du reste de la compagnie, lorsque les soldats les emportèrent dans les profondeurs des cachots. Trop occupé à ruminer sa colère, il ne pretait pas attention aux merveilleuses galeries qui s'offraient à lui.

Toutes les colonnes semblaient scultées dans la roche, dévorées par un lierre vert pâle. De petits lampions orangés illuminaient les couloirs, comme de minuscules soleils. Au dessus des ponts qui servaient de chemin, les clapotis d'une rivière azur retentissaient.

Mais Thorin fronçait les sourcils, mécontent de la présence des elfes. Il leur jetait des regards noirs, auxquels ils ne répondaient pas. Le nain se débattait férocement, mais la poigne ferme des soldats sur son épaule l'empechait de fuir.

Une colère sombre brulait dans son poitrail. Il rêvait tant d'envoyer son poing dans le visage charmant de son geolier.

Lorsqu'il arriva enfin devant le trône, il était trop occupé à imaginer la façon dont il allait faire mourrir ces idiots de soldats pour le remarquer.

Ce fut une voix grave mais claire qui le ramena à la réalité.

- Laissez-nous, ordonna la voix.

Thorin releva la tête, sentant les elfes se retirer.

Son regard s'accrocha au siège royal, et une pointe de jalousie l'assaillit. Le dossier était constitué de branches d'olivier, et la hauteur à laquelle il se trouvait, l'obligeait à tendre le cou.

Au sommet des marches, un elfe le fixait intensement. Ses longs cheveux blonds, presque blancs, tombant parfaitement sur sa cape pourpre, et sa tunique sertie de pierreries le faisaient briller. Sa couronne ressemblait aux bois d'un cerf.

Outre son apparence, il dégageait une prestance étourdissante. Thorin ne s'étonna pas qu'il s'agisse du roi.

L'elfe planta ses iris aussi grises qu'un ciel nuageux, et lui offrit un sourire narquois.

- Bienvenu, Thorin Écu-de-Chêne.

Le nain fronça les sourcils devant cette marque de politesse forcée. Il était évident que le roi cachait une idée dans sa tête si... elfique.

- Il y a longtemps que nous n'avons pas eu de contacts avec les nains, rajouta-t-il.

Thorin soupira bruyamment, afin de faire comprendre à Thranduil son agacement.

- Avez-vous répété ce texte dans votre chambre ? Cracha le petit être. Le roi des elfes sylvains a-t-il tant de temps à perdre ?

Thranduil haussa un sourcil, provoquant une profonde rage dans la gorge du nain.

- Et vous, avez-vous si peu de tenue ? Retorqua l'elfe. Un roi saurait quelles convenances il doit avoir. Et puis, vos vêtements empestent le chevreuil.

Le chef de la compagnie voulut étrangler cet imbécile, mais la présence des gardes le retint.

- Je ne suis peut-être pas vêtu d'une robe minable, mais j'ose sortir de mon royaume. Ce que d'autres ne savent pas.

Thorin observa la machoire du roi se crisper avec une grande satisfaction. Ce dernier gardait son visage, si parfait, impassible, et jaugeait de toute sa hauteur le minuscule nain qui lui tenait tête.

- Je connais le but de cette compagnie, déclara-t-il calmement.

- Voulez-vous un applaudissement ? Fulmina Thorin.

Mais l'elfe l'ignora, augmentant encore sa colère.

- D'aucun imaginerait qu'il s'agit d'une noble quête. Une quête pour reconquérir un royaume,et tuer un dragon. Quand à moi, je soupçonne une raison plus prosaïque. Une tentative de cambriolage. Ou quelque chose de ce genre.

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