Je vous attendrais

550 37 15
                                    

Lorsque la compagnie s'approcha de la forêt, les chevaux se firent nerveux. Ils s'ébrouaient sans arrêt, manquant de desarçonner un nain. Même ces derniers s'agitaient. Ils jetaient des regards soupçonneux sur la lisière des arbres.

Elenwë fermait la marche, derrière Bofur, qui avait tout d'abord tenté de faire la conversation à l'elleth. Mais devant son mutisme, il s'était lui aussi enfermé dans un silence pesant.

L'ambiance était lourde. Mais moins que le défi qui animait la jeune femme.

Elle n'était pourtant pas apeurée par cet amas d'arbre, forme noire dans ces prairies vertes. Mais l'idée de rencontrer les elfes sylvains l'animait.

Elle ne voulait pas avoir une nouvelle fois affaire aux siens. Elle avait déja été trop déçue.

Elenwë soupira, s'attirant ainsi les coups d'œil de Bofur et Kili. Les deux nains murmuraient doucement, observant tour à tour la forêt puis l'elfine.

De loin, elle remarqua que Gandalf galopait vers les bois, et elle lança son cheval à sa poursuite.

Le magicien ne se tourna même pas vers elle quand elle passa à côté de lui. Il mit pieds à terre, et s'empressa de s'avancer entre les puissants troncs.

La forêt l'engloutit, le dissimulant entre ses ronces et broussailles. Elenwë lui emboita le pas, et dépassa les deux anciennes statues de femme qui marquaient l'entrée de ces sinistres bois.

Un petit chemin de pavés abimés serpentait parmi les racines, mais l'elfine eut le sentiment que ce n'était là qu'un piège. Pourtant, devant elle, Gandalf avancait, tatonnant de son bâton le sol.

Elenwë observa autour d'elle, le souffle court.

Tout n'était que chaos. Les puissants troncs, qui autrefois devaient être fiers et rugissant, étaient à présent dévoraient par du lierre en panique. Leur sommet paraissaient atteindre la hauteur de trois montagne, et l'épais feuillage laissait filtrer seulement un mince filet de soleil.

La scène semblait abandonner de toute vie accueillante. L'air lui-même étouffait les courageux visiteurs qui osaient s'aventurer dans cet espace cauchemardesque.

Gandalf farfouillait entre les racines d'un hêtre, et il s'arreta net. Intriguée, Elenwë le rejoint à toute vitesse.

Le nez crochu du magicien pointait vers un dessin grossièrement peint en rouge écarlate sur l'écorce brune sombre.

Il representait un œil.

L'elfe frissona. Un tas de souvenirs remontaient à elle, et elle remarqua au vide dans les yeux de son ami que cela en était de même pour lui.

Interrompant le flot de ses pensées, le magicien courut à la rencontre des nains. Elenwë lui emboita le pas, toujours choquée.

Quand elle retrouva l'air pur, elle se rendit compte que sa gorge était bloquée par une boule d'angoisse. Elle déglutit difficilement, avant de retrouver l'usage de la parole.

- Aucun signe des orcs ! S'exclama Dwalin. La chance est de notre côté !

- Pas si vous le dîtes ! L'avertit l'elfe.

Le nain la fusilla du regard, mais elle n'y fit pas attention. Déja, elle s'approchait de Gandalf, qui ordonnait à Nori de ne pas détacher son poney. Il enfourcha sa monture, et serra les rênes dans ses mains.

- Où allez-vous ? S'époumona Elenwë.

- Au Mont Du Rudhaur !

Les nains semblaient surpris. Thorin haussait un sourcil narquois, comme à son habitude. Kili et Fili paraissaient un peu peinés. Ils ne rigolaient plus, se contentant d'observer la scène impuissant.

Une Part De ChacunDonde viven las historias. Descúbrelo ahora