Vous ne devriez pas vous en prendre aux nains

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Après le départ des elfes, Kili avait rejoint la salle du trésor, tandis qu'Elenwë s'était isolée dans un bureau à moitié vide, qu'elle avait déniché en sillonant les couloirs. Elle se laissa glisser contre un mur et s'assit par terre.

Elle ne comprenait pas. Elle ne comprenait pas comment Legolas pouvait en ne serait-ce que quelques mots, juste sa présence, l'avoir délivrée d'un poids important. Ce frisson lorsque sa peau entrait en contact avec la sienne, pâle et tiède, les sprints de son cœur, cette chaleur qui consumait son estomac, Gandalf lui en avait tant parlé dans ses histoires. Il nommait cela "l'amour", et affirmait qu'il s'agissait du fruit de la vie, le but ultime que tout être souhaitait atteindre.

Mais Elenwë n'en savait rien. Elle ignorait tout de l'amour, et se résolut à se concentrer sur la guerre à venir plutôt que de se laisser déconcentrer par des questions puériles. Elle verrait plus tard.

L'Arkenstone. Le prince lui avait conseillé de la garder, et elle suivrait son avis. Mieux vallait ne pas aggraver le cas de Thorin.

Quand au village de Lacville, les morts pesaient sur sa conscience. Bien qu'heureuse de la mort du dragon et de la survie de certains habitants, elle se demanda ce qu'ils feraient. Très certainement viendraient-ils réclamer leur dû.

Comme pour confirmer ses doutes, quelques heures plus tard, elle sentit de l'agitation naitre. Elle s'échappa du bureau, et grâce à son flair, parvint à retrouver la salle du trône où siégeait Thorin.

- Ces saletés d'elfes, grommela-t-il à mi-voix.

- Que se passe-t-il ? L'interrogea l'elfine en ignorant ses insultes.

- Les survivants de Lacville se sont regroupés dans Dale, expliqua Dwalin à la place de son chef. Ils viennent réclamer une partie du trésor. Et les elfes se sont alliés à eux.

- En êtes-vous sûres ?

Elle voyait mal Thranduil, si orgueilleux qu'il puisse être, s'allier avec des hommes qu'il considérait comme simplets.

- Je viens de m'entretenir avec ce Bard ! S'énerva Thorin, faisant claquer sa cape contre le sol. Il veut me voler, moi et les miens !

Ces cris injustifiés, ce regard débordant de haine, ce n'était pas Thorin, mais le pantin de sa folie. Elenwë fronça les sourcils et croisa le regard de Dwalin. Le vieux nain doutait. Elle le remarquait à son front plissé et son regard fuyant. Mais était-ce le cas des autres ? Kili avait l'air assez remonté contre son oncle, et Fili devait être du même avis. Balin était le plus sage d'entre eux, et, peut-être en vain, Elenwë nourrissait l'espoir qu'il ne soit pas en accord avec Ecu-de-Chêne. Quant aux autres, chercher un joyau à longueur de journée ne devait pas aider leur loyauté.

- Thorin, vous leur aviez promis de l'or en échange de leur aide, murmura l'elfe.

Elle parlait si bas, comme une nourrice parlerait à un enfant pour le bercer. Elle ne voulait surtout pas brusquer le nain et réveiller sa colère, car tout espoir de le guérir serait alors perdu.

- Ils nous ont aidé, ils ont accompli leur part du marché. Et maintenant, ils se retrouvent sans logis par notre faute. Nous leur devons bien ça.

Dwalin acquiesça discrètement, mais sous l'œil furieux de son chef, cessa tout de suite.

- Notre faute ? Répéta Thorin doucement. Notre faute ? N'est-ce pas vous qui avez réveillé le dragon ?

- Thorin...

Elenwë soupira longuement. Oui, il n'était plus lui-même.

- J'avais beaucoup de respect pour vous, mademoiselle Elenwë. Mais peut-être devriez-vous vous reposez et reprendre vos esprits.

Une Part De ChacunWhere stories live. Discover now