Une Part De Chacun

Voleur Dans Les Ombres

Elenwë le fixa, paralysée. La peur faisait gonfler ses poumons bien plus vite qu'habituellement, imités par son cœur.

Smaug le Dragon se tenait debout devant elle, le regard pointé sur elle malgré son camouflage. Sa peau était recouverte par d'épaisses écaillles irisées dans les teintes violettes. Il ouvrit grand la gueule, et l'elfe fut parcourue d'un frisson en apercevant des crocs de la taille de son bras :

- Qui est là ?

La bête renifla bruyamment. Elenwë fut tentée de répondre "personne", mais sa voix refusa de lui obéïr. Elle déglutit tant bien que mal, le corps envenimé par la frayeur.

- Eh bien, voleur ! Je sens ton souffle. Où es-tu ?

Une alarme résonna dans la tête de l'elfine afin de réveille son cerveau. Elle se mit aussitôt à réfléchir au moyen de se sortir de cette situation, et une évidence lui vint à l'esprit. Puisqu'il pouvait la localiser à son odeur, utiliser son camouflage était inutile. Elle le désactiva donc, et fit face au dragon.

- Te voilà, voleur dans les ombres.

- Je ne suis pas venue vous voler.

Ce fut la seule réplique que sut prononcer l'elfine, mais certes pas la meilleure. Mais elle devait trouver une ruse, un moyen, pour se débarrasser de Smaug.

Une image des habitants de Lacville s'afficha dans ses pensées, et un frisson lui longea la colonne vertébrale quand elle se remémora les paroles de Bard. Elle refusait d'être leur bourreau.

- Je suis simplement venue vous contempler, Smaug. De nombreux récits font gré de votre grandeur, seulement je ne m'arrête pas à des fables enfantines. Je voulais savoir, Smaug, si ce n'étaient que des affabulations.

Croisant les doigts pour que sa ruse fonctionne, elle devrait improviser par la suite. Le dragon s'éleva de tout son long, renversant d'immenses pilliers, et déclenchant ainsi des tremblements dans le sol.

- Et maintenant ? Rugit-il.

- En réalité, ces récits ne font de vous qu'un dragon de pacotille. Vous êtes bien plus impressionant et incroyable qu'on ne le raconte. Quand je serai de nouveau à la surface, je m'assurerai que ces mensonges cessent.

- Et tes compagnons nains, ils te servent de décor ?

Le sang de l'elfine se glaça. Le rythme de son cœur accéléra encore, si vite que sa respiration se fit hachurée. Elle serra les poings pour reprendre ses esprits, et s'encouragea mentalement en stoppant le flot de ses pensées. Soudain, son regard fut attiré par une pierre plus blanche que du cristal, mais au cœur aussi rougeoyant que les braises d'un feu d'été. Elle détourna les yeux presque aussitôt, de peur que Smaug ne comprenne son intention.

Bien que le dragon qui la fixait l'air menaçant lui donnait envie de s'enfoncer sous ces tas d'or, elle s'avança vers lui, passant une main sous sa cape.

Smaug plissa les yeux, méfiant. Il la regarda approcher jusqu'à ce qu'elle ne soit plus qu'à quelques centimètres de son museau, redoutant une ruse, qui arriva presque aussitôt.

En effet, Elenwë avait déniché le parfum que lui avait offert Béorn, et en aspergea directement dans les naseaux de la bête.

Smaug rugit tellement fort que les murs en tremblèrent.

- Saleté d'elfe !

Sans attendre sa réaction, Elenwë se saisit de l'Arkenstone, et se laissa glisser jusqu'au bas de la butte. Dans son dos, elle entendait le dragon gesticuler de douleur en renversant des piliers. Les joyaux volaient dans de part et d'autre de la salle, manquant de l'assomer. Pour s'abriter, l'elleth se cacha derrière une structure en béton, et tenta de reprendre son souffle.