Je n'ai jamais été des leurs

478 37 13
                                    

- Alors que faites-vous sur les terres sauvages ?

Beorn servait une tasse de thé à Gandalf, qui se léchait déja les babines. Les nains étaient tous attablés, leurs avant-bras appuyés contre la planche de bois. Il baissait la tête, sous le regard perçant du changeur de peau.

Elenwë restait debout, préferant se tenir droite que voutée. Ses yeux fixaient intensement le brun, et un flot d'admiration bouillonait en elle.

Cet homme avait survécu à la mort de son peuple, puis à la solitude. Et aujourd'hui, il discutait avec des nains barbares et désagréables.

Il est vrai que l'elfine y était beaucoup dans cet accueil presque chaleureux. En effet, Beorn et elle s'échangeait des coups d'œil furtifs, et ils rêvaient tout les deux de pouvoir parler de sujets plus serieux.

- Et vous, que faites-vous dans cette compagnie ?

Elenwë se tourna vers le brun, qui l'avait interrogé.
Elle comprit que Thorin avait raconté la raison de leur venue.

- Je veux les aider. Non pas seulement pour l'erreur de mon peuple, mais aussi car je me suis attachée à eux.

Beorn acquiesça, et ses yeux noisette s'obscurcirent. Ses iris devinrent d'un noir intense, digne des plus grandes ténèbres.

- Je comprends, murmura-t-il. J'aurai moi-même fait de même pour les miens.

Les nains gigotèrent sur leur chaise, mal à l'aise, observant sans discretion les chaines serrant les poignets du changeur de peau. Thorin leva la tête vers leur hôte, et le salua dignement. Gandalf sembla attristé. Son regard habituellement d'un gris si clair se voila, se couvrant d'un ouragan de souvenirs.

L'elleth garda son air placide, ses yeux emeraude plantés dans ceux du brun.

- Donc, il vous faut atteindre la montagne avant les derniers jours de l'automne ? S'enquérit l'hôte.

- Avant le jour de Durin, oui, précisa le magicien.

- Le temps va vous manquer.

- C'est pourquoi il nous faut traverser la Forêt Noire.

Dwalin ouvrit la bouche pour s'offusquer mais Gandalf le stoppa d'un regard.

- Un mal est à l'œuvre dans cette forêt, grogna Beorn. Sous ses arbres se cachent des créatures féroces, je ne m'y risquerai, qu'en cas d'extrême neccessité.

- Nous prendrons la route des elfes, ce chemin est encore sur.

- Les elfes de la Forêt Noire ne sont pas comme leurs semblables. Ils sont moins subtiles, et plus dangereux.

Elenwë soupira doucement, songeant que si les elfes sylvains étaient pires que les autres, alors cela devait être un cas grave.

À côté d'elle, Beorn se tenait droit et fière. Il observait Kili, qui d'une petite tape, chassa une souris blanche de la table.

- Je n'aime pas les nains, poursuivit-t-il. Ils sont cupides, et aveugles. Aveugles à toute vie qu'ils estiment moindre que la leur.

Il s'avança jusqu'au bout de la table, pour se tenir à deux pas de Thorin. Il fixait pourtant l'elfine, qui sentit les regards des nains sur elle.

- Mais les orcs je les hais plus encore.

Elenwë lui sourit, et il répondit. Écu-de-Chêne laissa filer ses iris de l'un à l'autre, mais il parut soulagé.

- Vous trouverez des poneys dans l'écurie derrière, annonça le brun. Prenez ceux dont vous aurez besoin pour le voyage. Mais soyez doux.

Les nains, qui se bousculaient déja, ralentirent, pour marcher calmement. Mais les sourires victorieux qu'affichaient leur facial trahissaient une puissante joie.

Une Part De ChacunWhere stories live. Discover now