Bienvenue dans la compagnie

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- Une elfe ! Vous nous avez emmené chez une elfe ! Hurla Thorin.

Malgré les hurlements des nains, la jeune fille ne tréssaillit pas. Elle fixa un à un les petits êtres, sans aucune émotion particulière.
Alors que Kili et Fili se ruaient vers elle, le magicien les retint.

- Non ! Lança-t-il. Elle seule peut vous aider. C'est notre passe-partout pour entrer dans la montagne.

En entendant l'homme, les descendants de Durin baissèrent leurs armes improvisées, mais gardèrent leur regard brûlant de haine sur l'elleth.

- Je refuse qu'une elfe nous accompagne, cracha leur chef.

- Il le faudra pourtant, répondit le vieillard, si vous voulez reconquérir votre royaume.

Alors Elenwë s'approcha de Thorin, ce qui déclencha le déplacement des nains voulant protéger leur souverain.
Pas le moins du monde inquiète, l'elfine sourit.

- Je ne suis pas comme mes semblables, avoua-t-elle. Les miens ont commis une erreur, laissez-moi la réparer.

- Pourquoi feriez-vous ça ? Cria Écu-de-Chêne.

- J'ai moi aussi perdu un foyer. Je sais ce que cela fait. À défaut de retrouver le mien, laissez-moi vous aider à reprendre le vôtre.

Un long silence suivit son discours, pendant lequel la jeune fille et Thorin ne se lâchèrent pas des yeux.

- Avec quelle arme vous battez-vous ? Demanda enfin le nain. La hache ou l'épée ?

Sa question lui attira les regards stupéfaits de Gloïn et Kili.

- Mes poignards, répondit Elenwë simplement.

- Elle a plus l'air d'une dame de la cour que d'une guerrière ! Se moqua Dwalin.

L'elfe se tourna vers lui, afin de lui lancer un regard dans lequel on pouvait lire sa détermination.
Elle toisa le nain de haut en bas, en haussant un sourcil.

- J'ai affronté plus de dangers dans ma longue vie, que vous tous réunis, fit-elle.

Les deux interlocuteurs se lancèrent des regards noirs, jusqu'à ce que Gandalf intervienne.

- Cela suffit, coupa-t-il. Vous m'avez demandé de trouver le quatorzième de cette compagnie, et j'ai choisi Elenwë. Elle a plus de ressources que ne suggère les apparences.

Tous, y compris l'elfe et le magicien, se tournèrent vers Thorin qui n'avait pas cessé de jauger la jeune fille.

- S'il doit en être ainsi, accepta Écu-de-Chêne.

Quelques nains émirent des cris de protestation, vite stoppés par leur chef.

- Assez ! Mon choix est fait ! Il nous faut reprendre Érebor !

Comme pour clore la discussion, il s'assit sur un tabouret, aussitôt suivi par ses compères et leur grommellements.

- Dain ne viendra pas, lacha-t-il. Il dit que cette quête est la nôtre, et seulement la nôtre.

Dépités par cette nouvelle, les petits êtres ne virent pas Gandalf se penchait sur la carte.

- Loin à l'Est, au delà des monts et des rivières, des terres boisées, terres désolées, se dresse un pic solitaire, renchérit le magicien.

- Le mont Solitaire, fit Elenwë.

Ranimés par sa voix douce, les nains se tournèrent vers elle.

- On y a interprété les présages, et les présages disent que l'heure est venue, continua Gloïn.

- Les corbeaux ont été vus s'en retournant vers la montagne, comme cela avait été prédit, poursuivit Oïn.

- Quand on verra les oiseaux d'Antan à Erebor s'en retournant, le règne de la bête prendra fin, acheva l'elfine blonde.

Elle avait appris l'existence de la prophétie durant un de ses nombreux voyages, mais elle ne l'expliqua pas à ses nouveaux camarades.

- Nous ne sommes pas les meilleurs nains, intervint Balin, ni même les plus intelligents. Et nous ne sommes que treize.

- Nous sommes peut-être peu nombreux, répondit Fili, mais nous sommes des guerriers.

- Et vous oubliez que nous avons un magicien dans la compagnie, enchérit son frère. Gandalf a du tuer des centaines de dragons dans sa vie.

À ces accusations, l'homme s'étouffa avec sa pipe, géné, mais Thorin le sauva.

- Si nous avons vu ces signes, ne croyez vous pas que d'autres les auront vus ? Intervint-t-il. Des rumeurs ont commencé à se répandre, le dragon Smaug n'a pas été vu depuis 60 ans, certains tournent leur regard vers la montagne, évaluant, s'interrogeant, mesurant les risques, les immenses richesse de notre peuple sont peut-être sans protection désormais. Restons nous en retrait ? Pendant que d'autres s'emparent de ce qui nous appartient ? Ou saisissons nous cette chance de reprendre Erebor ?

Les nains se mirent à hurler des cris de guerre, enchantés par les paroles de leur chef.

- Vous oubliez que la grande porte est scélée, coupa Balin, on ne peut pénétrer dans la montagne.

Découragés, les petits êtres se calmèrent instantanément.

- Cela, mon cher Balin, dit Gandalf, n'est pas tout à fait vrai.

Le magicien sortit de sa poche une clé de métal lourd, grossièrement taillée. Il la tendit au roi légitime d'Érebor.

- Comment avez-vous eu cela ? Souffla-t-il.

- Elle m'a été confiée par votre père, répondit l'homme au chapeau pointu, Thrain.

- S'il y a une clé, se réjouit Fili, c'est qu'il y a une porte.

- Ces runes parlent d'un passage dérobé, répondit l'homme, vers les salles inferieures.

- Il y a une autre entrée, s'exclama Kili le sourire aux lèvres.

- Encore faut-il la trouver, coupa l'elleth. Les portes des nains sont invisibles lorsqu'elles sont closes.

- La réponse est cachée quelque part sur cette carte, dit Gandalf. Je ne suis pas en mesure de la trouver, mais, dans la terre du Milieu, d'autres le peuvent.

Avec envie, treize paires d'yeux se tournèrent vers la jeune fille.

- Je suis capable de beaucoup de choses, articula-t-elle, mais cela m'est impossible.

Refroidis, les nains ralèrent dans leur barbes.

- Nous y réfléchirons plus tard, intervint Thorin. Allons nous coucher.
Mais avant...

Le nain se tourna vers celle qui allait les accompagner pendant leur voyage.

- Bienvenue, miss Elenwë, dans la compagnie de Thorin Écu-de-Chêne, l'accueillit-il.

Touchée, l'elfe sourit au nain.

Quelques minutes plus tard, les petits êtres s'étaient réunis dans un petit salon.

- Où va-t-elle ? Demanda Thorin à Gandalf en apercevant la silhouette de l'elleth s'enfuir dans la nuit.

- Elenwë n'aime guère la compagnie, soupira le mage. Elle accepte seulement celle des étoiles.

En effet, la jeune fille s'était assise sur le toit de sa demeure et observait les étoiles en écoutant le chant des nains :

Au delà des montagnes embrumées,

Non loin des sombres cavernes du passé,

Dans l'aube bleutée, il faut aller,

En quête de l'or, pâle et enchanté.

Les pins rugissent, hauts et fiers,

Les vents gémissent, dans la nuit d'hiver,

Rouge le feu, sur mille lieues,

Flambés les arbres, torches de lumière.

Demain, la jeune elfe partirait pour un voyage avec les ennemis de sa race.
Un voyage long et difficile.
Un voyage dont elle ne reviendrait peut-être pas.

Une Part De ChacunWhere stories live. Discover now