Avril - Chapitre 82

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— Vous avez fait quoi ? s'étrangle Léo en avalant de travers sa gorgée de soda.

La semaine s'est bien passée. Rien de changé entre eux, juste la tendresse dans le regard, sous le sourire complice. Une main qui s'attarde sur le bas de son dos quand il lui dit bonjour le matin, des lèvres qui se posent sur sa joue encore plus délicatement quand les autres sont loin, comme s'il allait lui murmurer des mots doux à l'oreille. Un lien de plus qui rassérène Ana, lui donne de la force et du courage, les fameux petits papillons dans le ventre, pour la première fois de sa vie. Elle a connu la tiédeur, le sexe sans amour, et maintenant, la tendresse platonique. Ce n'est pas suffisant, bien sûr, mais elle apprend à s'en contenter et en attendant plus, chacun de ces gestes la ravit.

Tout à l'heure, sur la terrasse, lors de leur traditionnel rendez-vous du vendredi soir, Colin a même pris sa main, y a entrelacé ses doigts, comme sans y penser, tandis qu'il lui parlait de Beverly, de la fête des talents, de la prochaine visite de l'inspectrice. Elle n'a rien dit, s'est contentée de savourer.

— T'as très bien entendu, ne me fais pas répéter !

— Nat n'écoute pas, elle a ses écouteurs dans les oreilles et elle est dans sa chambre. Mais Ana, je croyais que ce n'était pas du tout au programme.

— Ouais, on peut dire ça comme ça... mais de fil en aiguille...

— Vas-y raconte !

— Pas question.

— Rhoo ! Fais pas ta mijaurée ! Pour les autres, je n'ai jamais eu besoin de te supplier.

— Peut-être, mais là je n'ai pas envie.

— Il s'est souvenu comment il faisait après tout ce temps ?

— Oui, fait Ana, les yeux au ciel.

— Ça n'a pas dû durer bien longtemps quand même, ironise Léo en portant le verre à ses lèvres.

— N'importe quoi. C'était parfait.

— N'empêche, je te trouve bien courageuse.

— Il a rendez-vous mercredi après-midi pour l'IRM.

— Non, je ne parlais pas de la tumeur.

— Quoi alors ?

— Ben je ne sais pas... que ça te suffise alors que t'es clairement amoureuse de lui. Il n'est pas gêné quand même...

— C'est juste en attendant Léo, soupire Ana. Le temps qu'il...

— Ouais, c'est ça, la coupe le jeune homme en buvant une gorgée de soda.

— « C'est ça » quoi ? s'agace alors Ana ? C'est quoi le problème ?

Léo pose son verre et dévisage son amie, qui ne semble vraiment pas voir où il veut en venir. Qu'elle est naïve. En même temps, c'est pas comme si elle avait une grande expérience des hommes la pauvre petite, elle doit sans doute prendre celui-ci pour le prince charmant, puisqu'il l'a fait mariner quelques mois avant de la sauter.

— Mais qu'est-ce que tu t'imagines ? Tu t'es littéralement jetée à la tête de ce type !

— C'est-à-dire que j'avais cru que je pourrais... peut-être...

— Remplacer sa femme ? Celle dont il est encore tellement amoureux qu'il fait comme si elle était encore vivante ? Bien sûr Ana, bien sûr !

Ana fixe ses doigts entremêlés, perdue. Léo décide alors d'enfoncer le clou.

Colin Maillard et chat perchéWo Geschichten leben. Entdecke jetzt