Chapitre 25

178 40 41
                                    

— Coucou Mams ! crie Natacha depuis le canapé où elle est en train de se vernir les ongles de pieds.

Ana la rejoint et s'assoit auprès d'elle. Il n'est même pas dix-huit heures mais elle se sent épuisée. C'était quand même une rude journée.

— Coucou ma chérie, ça s'est bien passé aujourd'hui ? Tu ne t'es pas ennuyée toute seule ?

— Nan, c'était trop bien, répond l'ado en tirant la langue pour le dernier orteil. Je me suis levée à midi et j'ai regardé plein de séries.

— Tu n'as donc pas eu le temps de pendre le linge comme je te l'avais demandé ?

— Ah non, j'ai oublié. Sorry mum.

Ana ne retient pas son long soupir d'exaspération et sa fille rebouche prudemment son flacon.

— Et toi, Mamounette, tu as passé une bonne journée ? t'étais contente de revoir tes collègues ?

— Oh, ça a été compliqué... le nouveau directeur est un jeune plein d'ambition, ça passe moyen.

— Jeune ? Quel âge ? s'enquiert Nat, subitement intéressée.

— Trente-sept.

— Ah, fait la jeune fille, déçue. Il est plus vieux que toi.

— Quatre ans ! Il est jeune pour ce poste. Bref ! Il a beaucoup d'idées, mais certains collègues ont du mal à se bouger, ils n'aiment pas les changements. La réunion cet après-midi a été un peu houleuse.

— Ah, répète Nat. On mange Mac do ce soir ?

— Nat... Non...

— Kebab, alors ? tente-t-elle à nouveau, l'air enjôleur.

— Commence par étendre le linge, ensuite on verra, soupire la maman en se levant.

Dans la cuisine, elle ouvre le frigo, en sort une canette de soda mais la bouteille de Chardonnay lui fait de l'œil. Elle hésite, regarde l'heure sur l'horloge au-dessus du buffet. Puis hausse les épaules, allez, c'est encore un peu les vacances. Elle se sert un verre et rejoint sa fille qui n'a pas bougé.

— T'es déjà au blanc ? demande celle-ci en levant un œil de son portable.

Son ton désapprobateur ne plaît pas à Ana.

— Ça veut dire quoi, ça ? réplique-t-elle, sur la défensive. Contrairement à toi, j'ai travaillé aujourd'hui, c'est vendredi soir et j'ai le droit de me détendre comme je veux sans te rendre de comptes !

— Tranquille, t'excite pas Mams, je disais ça comme ça.

— Garde tes réflexions pour toi et va plutôt faire ce que je t'ai déjà demandé deux fois !

— J'peux pas, j'attends que mon vernis sèche.

— A ce rythme-là, le linge sera sec aussi dans la machine.

— Tant mieux, comme ça y aura pas besoin de l'étendre, raille l'ado.

— Ratatouille ce soir, répond Ana, en se dirigeant vers la terrasse, son verre à la main, pour échapper aux glapissements de sa fille contrariée. Assez de protestations pour aujourd'hui.

Quand elle revient dans le salon une vingtaine de minutes plus tard, Natacha a étendu le linge, et a même vidé le lave-vaisselle, sans qu'on le lui ait demandé. Ana jette un regard autour d'elle, se garde bien de la remercier comme elle le faisait auparavant avec Xavier dès qu'il contribuait un tant soit peu aux tâches ménagères. C'est normal après tout. Elle ne me remercie pas quand je passe l'aspi ou fais les courses.

Colin Maillard et chat perchéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant